La planète des singes : l’affrontement, de Matt Reeves
Le premier film « reboot » de la célèbre franchise, « La planète des singes : les origines », sorti en 2011, avait fait son petit effet auprès des amateurs en replaçant cette célèbre saga dans un contexte plus actuel tout en revenant aux sources même de son histoire : le basculement entre la civilisation des hommes et celle des grands singes. Il faut dire qu’il avait su apporter une vision intimiste de la genèse de la saga, tout en y plaçant les bases de ce qui allait par la suite mener au désastre pour l’humanité.
Ce deuxième film est la suite directe du premier, dix ans après. Une introduction efficace replace le contexte pour ceux qui n’auraient pas vu le film précédent, à base d’extraits de reportages et autres interventions de personnalités politiques. Puis vient ce regard. Un regard terrible. Humain. Singe. Un regard qui marque, un regard qui transperce. Un regard qui juge. Car même si les singes, après s’être échappés et installés dans le parc de Muir Woods à côté de San Francisco (de l’autre côté du Golden Gate), sont restés loin de tout contact humain, César (le leader de la communauté des singes) sait que tout cela ne pourra pas durer. Et c’est bien ce qui se produit, le contact finit par être renoué, et entre les besoins simples des singes et ceux, plus matérialistes des humains à la recherche de leur bien-être perdu, c’est un nouveau choc des civilisations.
Alors certes le film ne surprendra personne, et c’est sans doute bien dommage : les personnages sont stéréotypés, les méchants sont visibles à des kilomètres, le scénario n’offre guère de surprises. Pour autant le film se permet quelques audaces qui habituellement n’ont pas vraiment cours dans le monde sclérosé des blockbusters. Les singes utilisent le langage des signes, et il faut bien attendre une vingtaine de minutes avant de voir arriver les premiers dialogues. Voir vingt minutes de sous-titrages en introduction d’un blockbuster, ça n’arrive pas tous les jours ! De même, l’accent est réellement mis sur nos cousins, les hommes n’étant finalement qu’assez peu de choses dans le scénario, quand bien même ils ont bien sûr un rôle important dans le conflit à naître. Mais les personnages sont creux et ne sont là que pour mettre les singes en valeur, César en tête.
Car César en impose. À la fois singe et en quelque sorte humain en devenir, voir César et ses semblables parler le langage des signes au coin d’un feu, c’est un peu revoir « La guerre du feu », le langage en plus. C’est se rendre compte qu’à l’évidence, alors que la civilisation humaine tente de restaurer sa gloire passée mais qu’elle n’est plus que l’ombre d’elle-même (le San-Francisco apocalyptique est d’ailleurs plutôt joliment retranscrit à l’écran), c’est une nouvelle civilisation « humaine » qui se crée devant nous : les jeunes sont pris en charge par les aînés, un début d’architecture, première peintures de guerre, langage, etc… César est réellement charismatique, avec ce fameux regard, et cette démarche qui n’est pas vraiment humaine, mais n’est plus vraiment singe non plus (et il faut une fois de plus saluer la performance d’acteur d’Andy Serkis qui prête son corps et sa « motion capture » pour faire vivre César à l’écran). Les singes sont donc les réelles vedettes du film, de par la grâce des effets spéciaux, absolument stupéfiants de réalisme. Mais ils le sont aussi de par le scénario qui les met en avant, même si les scènes axées sur l’émotion n’ont pas su, pour moi, retrouver l’impact du premier film.
Côté humain en revanche, c’est malheureusement assez plat. Même Gary Oldman a bien du mal à surnager, même s’il bénéficie d’un personnage qui aurait pu devenir intéressant si le film s’était un peu plus intéressé à lui. Pas de manichéisme ici finalement, le leader de la communauté humaine souhaitant le meilleur pour les siens, mais en faisant fi des dommages collatéraux. On évite donc heureusement le conflit « méchants humains contre gentils singes », d’autant qu’il y a du bon et du mauvais dans les deux camps.
Alors que retenir de ce film ? Qu’il confirme que la nouvelle saga de « La planète des singes » tient la route, même si ce film n’atteint pas tout à fait les qualités de son prédécesseur. Qu’il ne peut qu’y avoir une suite, vu la fin de celui-ci. Et que vous n’oublierez pas de sitôt ce regard. Ce regard qui transperce. Ce regard qui juge. Ce regard qui ouvre et qui clôture le film, alors qu’entretemps tout a changé et que rien ne sera plus comme avant, pour les singes comme pour les hommes.
Merci pour cette critique détaillée qui rejoint tout à fait ce que j’ai pensé du film 🙂 Espérons que le troisième opus sera un peu plus captivant au niveau du scénario…
Ce serait bien, parce que je n’ai pas envie de voir cette saga qui avait fort bien commencé se perdre dans les limbes de l’exploitation commerciale…
J’ai eu la chance de voir les deux films à la suite au cinéma (héhé) mais j’ai quand même préféré le deuxième qui est visuellement époustouflant malgré une bonne dose de pathos. Heureusement, et comme tu le soulignes, on ne tombe pas dans l’extrême des méchants hommes vs gentils singes. En fin de compte, le singe est tout autant capable que l’homme de s’autodétruire…
Absolument.
Quant à moi, je reste plus attaché au premier épisode qui proposait quelque chose de plus touchant, plus intimiste. Dans le deuxième, l’émotion a nettement laissé sa place à l’action. Mais César est tellement charismatique !
J’ai trouvé ce film honnête et très soigné dans sa représentation de la communauté des singes, mais il est malheureusement exactement ce qu’on pouvait redouter de lui à partir de la bande annonce. Après le film des origines et tout ce côté drame scientifique qui donnait tout son intérêt à ce « nouveau départ », la suite logique du programme est bien moins intéressante: on est sur les rails de l’inévitable, et même s’il y a de bonnes articulations dans le récit, on est resté globalement dans le manichéisme. Il ne suffit pas de dire qu’on n’est pas dans une guerre de méchants humains contre gentils singes pour en être épargné. Comme la plupart des films que j’ai vu dernièrement, malgré leur longueur, la portion des dialogues n’est dévolue qu’à l’émotion (fort bien rendue), aux one-liners et autres genres de phrases qu’on retrouve dans les trailers. Bref, il y a des quasi-gentils contre des quasi-méchants, même si ce n’est pas une affaire d’espèces. Le film précédent n’était d’ailleurs en aucun cas épargné par des persos tranchés et obtus histoire de gonfler les enjeux dramatiques…
L’Affrontement fait sans doute ce qu’il peut et défend une vision pessimiste au fond difficile à contester, sachant qu’en plus humains et singes ont de bonnes raisons de se craindre, mais pour moi on devrait être dans du film d’anticipation où on ménage quelques discussions clés. Le show don’t tell ne peut pas tout faire, et il y a un manque de développement de persos (surtout chez les humains) qui m’a empêché de m’impliquer vraiment dans le film. Il est impardonnable que les humains ne soient pas renseignés au moins vaguement sur le degré d’intelligence des singes: les petits passages de négationnisme de Gary Oldman sur le sujet font peine et rien ne sera développé durant les 2h20. On a un héros humain et César pour être ouverts, intelligents, et s’impliquer de façon positive dans le film. Ca ne m’a pas suffi.
J’ai quelques reproches de mises en scène, comme l’absence de son dans quelques séquences d’actions, qui déréalisent l’image et m’ont donné une impression de jeu vidéo, soit l’inverse de la visée émouvante du procédé. La musique a également un petit côté bébête (causé par du xylophone ou un instrument équivalent je crois) qui disparait par la suite.
Vu qu’il y aura une suite, mes reproches sont remis à plus tard.
Il est vrai que la bande-annonce révèle en avance toute la trame du film. Ça devient une mauvaise habitude, et je regarde moins en moins les bande-annonces (avec aussi le risque d’aller voir un film que j’aurais directement éliminé dès la bande-annonce).
J’ai eu du mal avec l’émotion porté par le film, c’est bien rendu « physiquement » (chez les singes) mais ça ne m’a pas touché, donc toute cette partie tombe un peu à l’eau, là où ça avait très bien fonctionné dans le premier film. D’autant qu’effectivement la caractérisation des personnages humains est pour le moins rudimentaire (le personnage de Gary Oldman avait pourtant du potentiel, mais le scénario l’a sacrifié : une petite scène pour qu’on voit qu’il a des sentiments devant une photo de sa famille, une ligne de dialogue pour montrer qu’il ne souhaite pas la guerre…).
La musique ne m’a pas du tout marqué. Preuve sans doute de son manque de personnalité…
Malgré tout ça, je ne peux m’empêcher d’avoir de la sympathie pour ce film (ça ne s’explique sans doute pas…^^), et surtout je l’ai regarder sans déplaisir, ce qui reste finalement le principal. 😉
J’avais beaucoup aimé le premier, mais j’ai peur d’être déçu par cette suite… Ton article confirme mes craintes !
Mois bien que le premier oui, mais sympathique quand même. 😉
Holàlà !! Hâte !!
En espérant que ça te plaise !
Bonjour,
On aurait pu croire que Matt REEVES, à défaut d’être un bon scénariste, aurait pu nous en mettre plein la vue sur le plan technique . Mais non ! Tous les effets sont déjà vus, revus et « rerevus » …
Aucun suspens ; tout ce qui arrive est téléphoné .
En bref, on s’y emmerde !
Mais pour tous ceux qui préfèrent manger un Mac Do plutôt qu’une bonne tomate « coeur de boeuf » et adore le copier-coller de peur de faire des fautes d’orthographe, ce film devrait leur correspondre parfaitement .
Il en faut pour tous les goûts .
En revanche si vous n’avez pas d’argent à perdre ainsi que plus de deux heures pour rien, il existe de très bons films en ce moment .
Bien cordialement . J.M. MARTIN
Je suis toujours admiratif des personnes qui viennent déverser leur fiel sur certaines oeuvres sans aucun respect pour les personnes ayant pu les apprécier, sans avoir posté ailleurs sur ce blog aucun autre commentaire…
Vous avez le droit de ne pas aimer le film, vous avez aussi le droit de le dire, y compris ici même si ça vous chante, mais merci de faire preuve de respect, car ce n’est pas avec ce genre de commentaires que votre avis sera pris en considération.
À bon entendeur…
[…] Par Lorhkan : ICI. […]