Comics express, épisode 1
Les films de super-héros sont revenus sur le devant de la scène ces dernières semaines/mois, avec plus ou moins de réussite. C’est sans doute avec un certain opportunisme que Hachette a décidé de lancer une collection en kiosque basée, comme la plupart des autres collections du même type, sur le principe de l’abonnement. Le thème : les comics Marvel.
Cela faisait un certain temps, et même un temps certain, que je souhaitais me lancer dans la lecture des comics, sans savoir par où commencer, effrayé par la complexité de séries existant depuis de longues années, avec une continuité souvent délicate à appréhender. Malgré les nombreux conseils de mes collègues blogueurs du forum du Planète-SF, et quelques articles permettant de se lancer (comme ICI et LÀ par l’ami Elessar), j’avais toujours repoussé mon lancement à plus tard.
Et donc, la collection Hachette est arrivée, avec l’objectif de remettre en avant les récits emblématiques des comics Marvel. Aux dires des spécialistes, les séries qui seront proposées au cours des prochains mois (60 numéros prévus, au rythme de deux par mois, ça nous emmène sur au moins deux ans de publications…) font effectivement figures de grands classiques. Le moyen idéal pour le débutant que je suis de se lancer enfin ! Et donc, je me suis rapidement abonné !
Avant de revenir sur les albums en particulier, un mot sur le contenant : couverture rigide, vernis sélectif, papier glacé, le moins que l’on puisse dire, c’est que la qualité est présente.
Voici donc un petit bilan de mes premières lectures.
The Amazing Spider-Man : Vocation, de J. Michael Straczynski et John Romita Jr.
Pour le premier volume de la collection, quoi de plus normal que de s’intéresser au plus célèbre des super-héros ? Place donc au Tisseur de toiles, dans cet arc datant de 2001 écrit par Joseph Michael Straczynski, un homme qui aura ma gratitude éternelle pour avoir été le créateur d’une des meilleures séries de SF ever, j’ai nommé « Babylon 5 ».
Peter Parker est adulte, devient enseignant, et continue d’œuvrer pour la justice sous le costume de Spider-Man. Ce premier numéro est très accessible pour les débutants. Même si ce ne sont pas les premières aventures du héros qui sont présentées ici, Straczynski revient sur ses origines, avec un point de vue original et plutôt bien trouvé. Drôle, bien rythmée, avec un ennemi redoutable (qui paraît même totalement supérieur à l’homme araignée, à tel point qu’on en vient à trembler pour le héros) et un allié inattendu, il y a tout pour faire une bonne histoire. Les dessins ne sont pas en reste, et parachèvent la qualité de cet album.
Avec un peu de contenu rédactionnel permettant de resituer cet arc dans l’histoire globale de Spider-Man, ainsi que d’autres bonus comme les couvertures, la présentation de certains ennemis bien dans le thème de cet album où une biographie succincte des auteurs, c’est une bonne entrée en matière pour cette collection, qui se penche sur les origines du personnage de belle manière. Cette histoire se verra prolongée un peu plus tard avec un autre album (intitulé « Confession »), qu’il me tarde déjà de lire, vu le cliffhanger de fin !
Uncanny X-Men : Le Phénix Noir, de John Byrne et Christopher Claremont
Retour dans un passé un peu plus lointain. 1980 fut une année charnière dans le monde des X-Men puisque cette année a vu apparaître la saga du Phénix Noir, qui est depuis considérée comme l’une des sagas les plus emblématiques et les plus célèbres des X-Men.
Jean Grey est investie du pouvoir du Phénix, pouvoir qu’elle semble avoir du mal à gérer. Les X-Men vont devoir prendre de difficiles décisions, tandis que la saga prendra un virage cosmique à mesure que les pouvoirs dévastateurs du Phénix Noir referont surface…
Bien évidemment les dessins sont d’époque, couleurs flashy sont au programme, et même la narration a un petit côté désuet (voire lourde, osons le dire !), où tout est très décrit, les moindres actes et pensées des personnages sont clairement explicités. J’avoue avoir été un peu surpris, comme si j’étais pris par la main alors que je considérais ne pas vraiment en avoir besoin, mais ce sentiment a fini par passer, question d’habitude sans doute, mais ce n’est clairement pas le meilleur côté de cet album, sans parler de la traduction voire carrément de la langue approximative (pratiquement aucun adverbe de négation : « je prends pas » au lieu de « je ne prends pas », mais quelle horreur quand c’est systématique !)…
Au final, l’impact de cette saga ne peut bien sûr pas être passé sous silence, ce n’est pas tous les jours qu’on voit un événement d’une telle ampleur dans le petit monde des comics. Pour autant, aussi bon que soit ce numéro, il permet aussi de toucher du doigt l’un des problèmes d’une telle collection. Puisqu’elle ne reprend que les récits les plus importants, si le lecteur souhaite aller plus loin (comme ici : connaître la suite pour constater les répercussions d’un tel événement), il va devoir aller par lui-même chercher les informations nécessaires pour se procurer ce qui suit, chez un autre éditeur. Mais je suis un peu mauvaise langue dans ce cas précis, puisque la suite directe, « Uncanny X-Men : Futur Antérieur » (la saga ayant inspirée le film « X-Men : Days of Future Past » au cinéma), est au programme de la collection…
Avec toujours cette partie rédactionnelle courte mais claire et bien pratique pour situer le contexte (ainsi que quelques petits bonus annexes : présentation de quelques personnages, présentation des auteurs), c’est un nouveau numéro qui fait mouche, malgré quelques défauts.
Iron-Man : Extremis, de Warren Ellis et Adi Granov
Un arc qui a beaucoup inspiré la mise en image du héros-boîte-de-conserve au cinéma. En effet, on y retrouve les origines du personnage, revisitées pour coller d’un peu plus près à notre époque (Afghanistan, etc…), et reprise dans le premier « Iron-Man » sur grand écran. Puis on arrive sur l’intrigue basée sur l’Extremis, ce sérum s’apparentant à ce qui a permis à Captain America de devenir ce qu’il est aujourd’hui : un super-soldat. L’Extremis sera volé, et utilisé dans des buts pas très louables. Là, c’est « Iron-Man 3 » qu’on retrouve.
Un album sympathique, sur une intrigue plutôt classique, qui ne brille sûrement pas par son méchant totalement inintéressant, désincarné et sans aucun intérêt. Par contre, le personnage de Tony Stark en lui-même est plus intéressant, pour ce qu’il devra faire pour arrêter le terroriste, et pour ce qu’on apprend sur son passé et sa façon de s’en souvenir pour repartir sur d’autres bases. Tony Stark est un personnage assez complexe, cet album le montre bien avec ces dialogues nombreux et intéressants (le long échange avec le journaliste est vraiment passionnant).
L’autre point marquant de « Extremis », ce sont bien évidemment ses dessins. Signés Adi Granov, difficile de ne pas être frappé par leur qualité. Sur une base très réaliste (les visages sont très réussis notamment), s’adaptant particulièrement bien à Iron-Man (Granov sait vraiment mettre en valeur le personnage en armure), au départ on est bluffé. Et puis on finit par s’apercevoir qu’ils sont aussi très vides : pas ou peu d’arrière-plan par exemple. C’est un parti pris qui peut ne pas plaire. Mais j’avoue que rien que pour le personnage d’Iron-Man dessiné à la perfection, ça vaut vraiment le coup d’œil !
Relativement peu de bonus dans cet album, puisque faisant office de relaunch, il n’y a pas vraiment de prérequis à avoir avant d’attaquer la lecture. Reste les classiques présentations des auteurs, et quelques illustrations des différentes armures d’Iron-Man.
Une histoire intéressante, un peu gâchée par un adversaire totalement inconsistant, mais des dessins sortant clairement de l’ordinaire, parfois superbes, parfois trop vides, cela fait de cet album un album singulier, beau mais pas totalement convainquant, un peu comme un diamant pas totalement pur. Mais le plaisir prédomine. Et c’est un point d’entrée idéal dans l’univers d’Iron-Man.
Seulement trois albums pour le moment (le reste suivra au fur et à mesure bien sûr), c’est un peu court pour en tirer une quelconque conclusion, mais si ça n’est pas la collection idéale pour débuter dans les comics, ça y ressemble quand même fortement ! Je ne regrette pas de m’être abonné, tant que la collection garde ce niveau.
Curieux qu’un scénariste iconoclaste comme Warren Ellis n’ait pas laissé une plus grande « marque » sur le personnage de Iron Man. En même temps, j’ai l’impression qu’il entretient une relation houleuse avec Marvel, à juger en tous cas par le monstrueux Nextwave.
Je ne connais pas suffisamment le personnage en version comics pour pouvoir juger de ‘impact du scénariste… Et d’ailleurs, je ne connais pas non plus ce que tu sous-entends avec le comics « Nextwave »… Tu peux détailler ? 😉
Nextwave: Agents of HATE est un délire de Warren Ellis, illustré par Suart Immonen. Ça part sur une équipe de cinq superhéros existant dans l’univers Marvel, mais soit oubliés, soit de deuxième ou troisième ligue, et ça en fait une équipe de sociopathes qui découvrent soudainement que la grande organisation à laquelle ils appartiennent a été privatisée, vendue à une agence criminelle, qui s’en sert pour tester des armes de destruction massive sur la population américaine.
C’est très, très parodique, outrancier et iconoclaste. Très typique des autres œuvres de Warren Ellis (genre Transmetropolitan). Et je suppose que Marvel n’a pas vraiment apprécié le délire à sa juste valeur…
Ah oui, effectivement, le sous-texte de ce que tu décris peut être plutôt mal interprété par Marvel, je comprends mieux !
Merci pour ces précisions ! 😉
Je ne suis pas un grand fan d’Ellis en général mais j’avais plutôt apprécié Extremis.
Par contre j’ai l’impression qu’il a tendance à faire du service minimum dès qu’il bosse sur du comics mainstream.
Un scénariste qui a besoin du mainstream pour vivre et être connu mais préfère se plonger dans des projets plus personnels ? 😉
Je vais piocher dans les volumes de la collection, puisque j’ai déjà certains histoires sous d’autres formats, mais pour le moment je trouve que la qualité d’édition est au rendez-vous. J’espère que le succès sera au rendez-vous !
La qualité de l’édition est en effet bien présente : ça présente bien, les volumes sont très jolis, il y a suffisamment de rédactionnel pour y trouver ses marques, etc…
Côté ventes, je ne sais pas bien sûr, mais j’espère juste que Hachette ira au bout de l’ambition de départ : 60 numéros.
Je pensais me mettre aux comics de super héros un jour. Mais j’ai renoncé. D’une part parce que y a trop et j’ai pas le temps. D’autre part car je trouve que c’est trop orienté vers les hommes. Les voir au cinoche me saoule de plus en plus alors je ne pense pas m’investir dans les bd’s. Je pourrais éventuellement faire une exception sur x-men, qui survole légèrement au-dessus du reste et si jamais un comic qui présente un ou des super-héros féminins qui ne vivent pas dans l’ombre des hommes existent, je veux bien les titres.
Je ne suis pas spécialiste, loin de là, donc j’aurais bien du mal à te conseiller. Je suis d’accord avec toi, c’est sans doute un univers tourné vers un public masculin. Les super-héroïnes sont plutôt rares même si elles existent, et une partie d’entre elles n’est que la transposition d’un super-héros connu en version féminine (Bat Girl, Bat Woman, Spider Woman, Miss Hulk, Supergirl, etc…). Ce qui n’empêche pas que certaines de leurs aventures valent vraiment le coup d’oeil (j’ai entendu pas mal de bien de Bat Woman dernièrement par exemple), et lorsqu’elles ne sont pas dans un groupe, ont tout le potentiel pour s’affirmer en femme forte. Et même dans un groupe, on a aussi de belles choses (Jean Grey chez les X-Men par exemple).
Disons qu’il faut vraiment savoir ce que tu cherches dans les comics avant de te lancer.
Pour les lire régulièrement, je te conseille Batwoman (à commencer par le tome 0) et Wonder WOman (dès le tome 1), les deux sont chez DC Comics, sont de forts caractères et ont un style graphique singulier, que personnellement j’adore. A toi de voir 😉 (liens vers mes avis bloguesques sur demande^^)
Ah bah voilà, donc Bat Woman semble donc bel et bien être un bon conseil, je ne suis pas si mauvais en fait ! 😀
Pas toujours 😉
Très belle sélection !
Je partage ton respect pour l’auteur de Babylon 5, cette série a marqué au fer rouge l’adolescent-jeune adulte que j’étais… C’est bien simple, on avait jamais vu ça à la télévision avant.
Carrément culte, oui !