X-Men : Days of Future Past, de Bryan Singer
La franchise X-Men est une des franchises de super-héros que j’apprécie le plus. Parce qu’il y a un fond, un message, et des personnages plus complexes qu’il n’y paraît. Toutefois non dénuée de défauts (notamment avec un assez pauvre « X-Men Origins : Wolverine »), elle avait néanmoins montré qu’elle avait encore des choses à dire avec le très bon « X-Men : Le Commencement ». Un des problèmes apparu au fil des ans et des nouveaux opus (réalisés par différentes personnes, avec parfois une vision différente des autres) est que la saga cinématographique est devenue un sacré bazar ! Problèmes de cohérences, de continuité, tout cela laissait parfois à désirer… Alors quand Bryan Singer (réalisateur des deux premiers films X-Men) décide de revenir aux manettes pour mettre un peu d’ordre dans tout ça, on peut espérer le meilleur.
Le film commence dans une atmosphère qui surprend : on ne sait pas où on est, à quelle époque… Déstabilisant ! Et puis les choses se mettent en place : le futur est sombre, en 2023 les mutants sont internés dans des camps. L’allusion est forte, et fait forcément résonance avec ce qu’a vécu Magnéto durant la deuxième guerre mondiale (souvenez-vous, la très forte scène d’intro de « X-Men 1 », reprise dans « X-Men : Le Commencement »). Les Sentinelles, ces robots capables de changer de forme et d’adapter leurs capacités en fonction de leurs adversaires, sont redoutables d’efficacité et pourchassent à mort les mutants qui continuent à fuir ce qui ressemble bien à une nouvelle « solution finale ». Une seule possibilité semble s’imposer : faire revenir quelqu’un dans le passé, grâce aux pouvoirs de Kitty Pryde (elle a ce pouvoir, Kitty Pryde ? C’est nouveau ? Mais peu importe après tout !) pour tenter de faire changer les événements qui ont abouti à cette situation. C’est Logan/Wolverine qui s’y colle, son pouvoir de guérison devant lui permettre de supporter le voyage.
Ce film offre donc la possibilité de réunir les castings des deux époques portées à l’écran. Tous les personnages ne sont pas doublés (passé/futur), en fait seuls Xavier et Magnéto le sont (les autres sont absents du futur, pour X raisons, haha !), Patrick Stewart/James McAvoy pour le premier, Ian McKellen/Michael Fassbender pour le second. Mais le futur nous permet tout de même de voir, en plus des deux cités au-dessus, Tornade, Colossus, Iceberg, Bishop (Omar Sy !), ou encore Blink (personnage très intéressant qui offre de jolies perspectives, les joueurs du jeu vidéo « Portal » comprendront tout de suite) entre autres. Un futur sombre, on l’a dit, et qui n’épargne vraiment pas les personnages, parfois de manière très violente. Pas de sang bien sûr, pour garder un classement « tout public », pour autant démembrements et crânes défoncés, X-Men ou pas, ça marque…
Mais l’essentiel du film se passe dans le passé. En 1973 très exactement. Là, Wolverine rencontrera un Professeur Xavier qui n’est plus que l’ombre du lui-même (incarné par un James McAvoy qui livre ici une excellente prestation) suite aux événements de « X-Men : Le Commencement », tandis que Magnéto (Michael Fassbender charismatique dans la peau de ce personnage complexe et fascinant) semble être inaccessible, pour des raisons que je n’expliquerai pas ici. Mystique (gracieuse Jennifer Lawrence) sera le personnage central, celui sur lequel tout se joue, alors que Wolverine restera finalement assez spectateur de l’action, sorte d’avatar du spectateur tout compte fait. La galerie de mutants tient là plus du fan-service qu’autre chose tant les apparitions de certains sont courtes (Havok, le Crapaud, Ink), mais pourtant rien n’est gratuit et tout s’intègre dans une globalité qui ne laisse rien au hasard. Car le scénario a clairement été pensé en ayant les six films précédents de la franchise en tête (et pour profiter pleinement du spectacle, le spectateur devrait en faire autant !). Nombreuses références et autres clins d’oeil (le film peut tout aussi bien être vu par un novice, rassurez-vous !) mais surtout cette intention de tout remettre à plat. Et là, j’entre de plein pied dans les spoilers… 😉
Mais tout ceci n’est pas la seule force du scénario, qui brasse également les thèmes habituelles de cette saga : l’acceptation, la différence, le racisme, etc… Des thèmes forts, s’appuyant sur notre propre histoire. Mais aussi des thèmes qui sentent un peu la redite tant ils semblent être toujours les mêmes d’un film à l’autre. Les scènes entre Xavier et Magnéto ont vraiment un fond intéressant, magnifié par le jeu de McAvoy et Fassbender, les deux gros atouts du film côté acteurs. Mystique apporte également son lot de réflexions, et les actions des uns et des autres questionnera forcément le spectateur. Qui a raison ? Qui a tort ? Par quels moyens arriver à ses fins ? Et si la vérité se situait dans un entre-deux, cette zone de gris entre l’optimisme de Xavier et l’extrémisme de Magnéto, personnages dont les buts ne sont finalement pas si éloignés ? Les fait que ses deux héros se connaissent par coeur et soit à la fois amis et ennemis ne fait que compliquer l’équation, et finalement les points de vue des différents protagonistes peuvent finir par tous sembler acceptables…
Au chapitre de la réalisation, Bryan Singer oblige, il n’y a pas grand chose à reprocher, et le fait que les combats et les destructions ne soient pas prédominants me réjouit au plus haut point. Il y en a bien sûr (faut pas déconner quand même !^^), et la démonstration technique impose le respect, mais l’essentiel ne se situe pas là. Encore une fois, « X-Men » c’est plus que ça, l’antithèse d’ « Avengers » (qu’on regarde sourire aux lèvres, mais en laissant son cerveau à l’entrée du cinéma, l’action phagocytant la réflexion) en somme. Entre effets de style, pause dans l’action, instants de silence, le réalisateur impose sa patte, ne cédant jamais à l’esbroufe pour l’esbroufe. Et puis comment ne pas parler d’UNE scène, sans doute la plus marquante du film, à la fois techniquement bluffante et très drôle, un moment de bravoure que le réalisateur accorde à un personnage finalement secondaire dans l’intrigue : Vif-Argent, ce sprinteur de l’extrême. Ralenti, bullet-time, etc… Renversant !
Bref, deux heures de bonheur, que j’ai à peine vu passer (à peine, car il y a bien un petit problème de rythme à un moment, comme un instant de flottement dans l’intrigue). « X-Men : Days of Future Past » est la démonstration qu’avec Bryan Singer aux commandes, la franchise X-Men est entre de bonnes mains et qu’elle est (en tout cas pour moi) ce qui se fait de mieux dans le genre super-héroïque. L’attente pour « X-Men Apocalypse » (prévu pour mi-2016, toujours avec Bryan Singer à sa tête) n’en est que plus longue !
Chouette chronique ! Je partage tout à fait ton avis sur ce film qui m’a fait passer un excellent moment, et ce en dépit de ma méconnaissance de cet univers. D’ailleurs, je vais peut-être me fendre d’un petit article de néophyte sur le sujet dans la journée. Seul l’aveuglement quasi total de Mystique (qui a ses raisons, j’entends bien) m’a un peu chiffonné.
Tout n’est pas parfait, mais ça fait du bien de voir qu’on peut faire un film de super-héros spectaculaire mais ne reposant pas uniquement sur ça.
Donc je suis joie ! 🙂
Tu as bien résumé tout le bien que je pense de ce film ^^
Je trouve qu’il a vachement bien géré vu le bordel qu’est la franchise (et encore j’ai jamais vu les films Wolverine, j’ai moins d’incohérences du coup xD) pour arriver à réunir tous les fils (et films). Bon y’a bien quelques problèmes avec ces acteurs qui ne semblent jamais vieillir mais c’est la magie du cinéma 😀
Pour Kitty Pryde ils lui ont donné ce pouvoir parce que dans le comic d’origine c’est elle qui remonte dans le temps en fait, mais là elle aurait eu du mal vu qu’elle n’était pas née à l’époque (et puis Wolverine est plus vendeur ^^)
Pour Kitty Pryde, je me pose la question, mais je ne suis pas un fan intégriste, donc ça ne me choque absolument pas. Ce qui me choque un peu plus, c’est la prestation assez… euuuuh… pas top de Ellen Page. Mais il faut dire que son personnage n’est pas particulièrement gâté par le script, donc on lui pardonne.
C’est sûr que Wolverine est bien installé dans l’esprit des spectateurs (et d’ailleurs plus Hugh Jackman vieillit, plus son rôle lui va comme un gant je trouve !), mais tout le film ne tourne pas autour de lui, et ça aussi c’est bien !
Bien d’accord avec moi ! C’est le juste milieu entre action et cérébralité et humour. Fassbender est au top et même Jennifer Lawrence est pas mal ! Perso la fin m’a serré la gorge (spoilers : voir J. de dos à la toute fin, voir S. se faire dégommer par une sentinelle, entendre M. dire certaines choses à X.). En revanche, j’avais quand même été plus marquée par First Class. Mais peut-être que le fait de découvrir Fassbender était un choc qu’on n’a qu’une fois. 🙂
On en arrive au fait que ce film fait partie des meilleurs dans la mouvance super-héroïque.
Il y a en effet de belles choses à la fin, de quoi faire plaisir aux amateurs de la série. Avec Bryan Singer à sa tête, il me semble qu’on peut avoir bon espoir pour la qualité de la suite. 🙂
« pour X raisons, haha » Ca m’a bien fait rire aussi ! 😀
Je vois que tu as vraiment accroché ! J’ai bien aimé pour ma part, même si je suis un peu restée sur mes gardes… Déjà, j’étais WTF quand j’ai vu que professeur Xavier était en vie, et ça m’a un peu perturbée, même si c’était très très chouette ! Je pense que je gagnerai à le revoir bientôt, histoire de remettre les choses à plat (et de me faire le cycle complet des X-Men avant, héhé).
Tout de même, il n’y a rien à dire sur le jeu de James McAvoy qui crève l’écran dans cet opus et éclipse à mes yeux les autres acteurs (bon quand même, on ne crache pas sur Michael Fassbender, non mais). Et j’ai adoré la fin aussi, je n’en dirai pas plus pour ceux qui ne l’ont pas vu, mais aaaaaah, tellement de choses possibles ! Bref, vivement la suite.
Pour Xavier, il faut avoir les scènes post-générique de X-Men 3 et Wolverine 2 en tête, ça permet de ne pas être surpris (ou gêné car sans ces scènes, on peut en effet ne pas trop comprendre comment cela est possible).
MacAvoy est sans doute l’acteur qui livre la plus belle prestation du film, mais Fassbender reste lui aussi terriblement magnétique^^ (et j’aime le personnage de Magnéto, complexe, aux motivations qui peuvent paraître recevables).
Vivement la suite, oh que oui !
La scène avec Vif Argent est terrible ! Très d’accord avec ta chronique par ailleurs.
Ah oui, cette scène est vraiment très réussie. Je me demande si elle n’a pas phagocyté une bonne partie du budget du film a elle toute seule d’ailleurs, mais c’est un plaisir à regarder !
[…] Tenez, le casting par exemple s’avère excellent. J’ai beaucoup apprécié la performance de Ian McKellen et Michael Fassbender qui campent respectivement les versions 70s de Charles Xavier et de Magnéto. Les deux bonshommes sont impériaux et donnent une vraie substance et même une vraie profondeur à leur relation. Celle-ci s’avère d’ailleurs assez complexe, sa représentation permettant Days of Future Past de se hisser un cran au dessus des autres films de super héros, comme le souligne avec talent le bon Lorhkan. […]
[…] critiques : Lorkhan (Lorkhan et les mauvais genres) et Kameyoko […]