Un feu sur l’abîme, de Vernor Vinge
Quatrième de couverture :
L’expédition straumlienne est tombée sur un trésor aux confins de la Galaxie : une mine de programmes inconnus dans les Archives d’une civilisation disparue. Mais, en l’explorant, elle éveille une Perversion, une Intelligence Artificielle qui ne songe qu’à soumettre et à détruire. Toutes les civilisations. Toutes les formes de vie. Deux enfants parviennent à s’échapper. Ils emportent avec eux le seul remède possible. Mais ils sont incapables de diriger leur navire…
Vernor Vinge nous donne ici le plus fabuleux space opera de ces dernières années, qui a obtenu le très convoité prix Hugo.
Plus c’est long, plus c’est bon ?
C’est bien la question qu’on peut se poser (et espérer une réponse positive !) lorsqu’on prend en main ce joli pavé de près de 800 pages. Et le début du roman n’a pas manqué de m’inquiéter : la mise en place est un peu longuette, et pas toujours exposée de manière très claire. Les choses s’améliorent heureusement par la suite, mais les défauts sont des choses très mesquines, et lorsqu’ils sont chassés, c’est pour mieux réapparaître ailleurs…
Car le roman peut se diviser en deux parties narratives bien distinctes. La première, très space opera (mais loin de faire dans le spectaculaire), s’avère tout à fait satisfaisante. On y découvre une chose ancienne et redoutable, la Perversion, qui fait planer une menace sur la galaxie entière, et on découvre également de quelle manière Vernor Vinge a imaginé cette galaxie et sa « théorie de l’évolution ». Celle-ci s’appuie sur une base technologique toute simple : plus on s’éloigne du centre de la galaxie, plus la technologie peut se développer. Ainsi, les civilisations proches du centre n’ont pas la possibilité d’explorer l’univers (ou très peu, à vitesse subluminique), tandis que celles situées sur les bords (parfois issues de civilisations plus proches du centre mais qui ont réussi au fil des générations à s’éloigner) sont très avancées, avec notamment la possibilité de voyager à des vitesses proches de la vitesse de la lumière. Une idée simple mais assez géniale, qui permet de donner une teinte originale à cet univers.
La deuxième partie, elle, voit deux enfants, fuyant cette Perversion avec leurs parents, s’échouer sur une planète inconnue. Inconnue mais pas inhabitée. Et dans cette partie, dites adieu à la SF (ou presque), bonjour à la fantasy (ou presque). En effet, plus proche du centre galactique, la civilisation de cette planète reste proche de l’époque médiévale technologiquement parlant. Ce qui n’empêche toutefois pas Vinge de développer de nouvelles idées encore géniales : les habitants de cette planète, les Dards, ressemblent à des chiens au long cou, mais ont surtout la faculté de décupler leur intelligence lorsqu’ils forment une meute de plusieurs créatures. Avec cela, Vinge imagine toutes sortes de possibilité : contrôle des naissances pour obtenir un être parfait, faire et défaire des meutes pour changer la personnalité de l’être résultant, etc… En plus de cela, cette planète est le théâtre d’une lutte d’influence entre deux groupes qui, avec l’arrivée des deux enfants et leur technologie, va tourner à la guerre ouverte.
Je n’en dis pas plus, mais l’auteur a plein d’idées qu’il n’hésite pas à intégrer à son récit. Sauf que… Je n’ai pas réussi à m’attacher à cette partie là. Autant la partie space opera ne m’a pas posé de problèmes, et j’ai aimé découvrir cette course contre la montre, les événements expliqués par le biais d’un réseau de communication qui fait furieusement penser à un mélange de newsgroups, de forums et de réseaux mobiles d’aujourd’hui. Pas mal pour un roman datant de 1992. Mais cette partie sur le monde des Dards m’a quand même pas mal ennuyé, et je me suis retrouvé englué dans ce roman qui m’a finalement pris un temps fou à terminer… Pas d’attachement pour les enfants, pas d’empathie pour les Dards, peut-être trop étranges pour moi (à moins que ce ne soit la faute de l’auteur qui n’est pas parvenu à les rendre attachants).
Je ne remets absolument pas en cause l’imagination de Vernor Vinge, qui semble vraiment être un écrivain d’idées, mais je suis plus réservé sur ses qualités de conteur. Ce roman a eu deux suites, « Aux tréfonds du ciel » qui se déroule plusieurs milliers d’années avant « Un feu sur l’abîme », et « Les enfants du ciel », suite directe de ce dernier. Je ne m’interdis aucunement de les lire, notamment « Aux tréfonds du ciel » (je suis plus méfiant sur l’autre qui semble se passer essentiellement sur le monde des Dards), mais je pense plutôt m’intéresser à « Rainbows End » pour découvrir une tout autre facette du romancier, loin du space opera (mais avec encore un Hugo et un Locus à la clef !).
Lire aussi les avis du blog des bouquins, Culture SF, Blop, les critiques de l’imaginaire, Geek de lecture.
Chronique écrite dans le cadre du challenge ”Les chefs d’oeuvre de la SFFF” de Snow.
Je trouve « Au tréfonds du ciel » meilleur. Ne te prive pas d’essayer.
Puisque tu insistes… 😉
Un jour alors. Mais pas tout de suite.
J’avais eu les mêmes problèmes au démarrage du livre et ensuite j’avais adoré le monde des Dards. Je l’ai relu l’année dernière et j’ai eu du mal à me décider à le chroniquer sur mon blog. Il manque sûrement un peu de fluidité. J’avais aimé au Tréfonds du Ciel mais il faudrait que je le relise. Rainbows End est plein d’idées mais j’ai eu l’impression de louper des choses.
Un manque de fluidité certain oui. L’auteur a plein d’idées, mais a du mal à les raconter de manière captivante (selon moi bien sûr, car je sais qu’il a ses fans).
A voir si ça s’améliore dans d’autres romans, celui-ci ayant déjà plus de vingt ans.
Ok c’est définitivement trop gros pour que j’en tente la lecture cet été je crois. Mais je suis curieuse quand même, je le ferais peut-être un jour ^^
C’est un beau morceau oui. Il faut un peu de temps devant soi.
J’avais été déçu aussi en le lisant… Mais cela remonte à loin, dans une lointaine galaxie… Jamais eu le courage d’en essayer un autre, mais je devrais peut-être suivre aussi la suggestion de gromovar…
Gromovar est souvent de bon conseil, alors je suis prêt à laisser une chance à l’auteur avec « Aux tréfonds du ciel » et « Rainbow’s end » (je suis donc généreux : encore deux pavés, malgré une déception sur le premier roman lu…^^).
J’adore Vinge. J’ai aimé les deux (Un feu sur l’abîme et Aux tréfonds du ciel) avec une préférence pour Un feu au départ. Après les avoir relu tout les deux (oui, je suis un grand fou), j’en suis venu à préférer Aux tréfonds. Toutefois, je n’ai pas réussi à relire Un feu une troisième fois, mais je sens que je vais me laisser retenter un de ces quatre : c’est exactement ce que je recherche dans un space opéra (un gros machin qui m’emmène loin et où à chaque page je tombe sur un truc qui me donne envie d’y être (comme chez Banks)).
Mes deux autres lectures ont été moins convaincantes même si je les ai bien aimées. Rainbow’s End m’a plu pour ces « héros » atypiques (et aussi pour pas mal d’idées sur un futur beaucoup plus proche). La captive du temps perdu est assez sympa pour ses idées (voyage dans le temps et singularité), plus que pour son intrigue « policière ». Ces livres restent toutefois largement fréquentables (en plus, ils sont quand même moins imposants qu’Un feu et Aux tréfonds).
Merci en tout cas pour avoir tenu le coup jusqu’au bout et d’avoir fait cette chronique (ça me redonne envie de les lire :p). Un de mes bons amis n’a pas réussi à le lire à mon grand regret. Je comprends donc que ce ne soit pas la tasse de thé de tout le monde. Et en plus, j’ignorais qu’il existait une suite (il va me falloir me la procurer rapidement !).
Ravi d’avoir pu te donner une information que tu ne connaissais pas ! 😉
J’avais vu aussi le pitch de « La captive du temps perdu », et j’avoue avoir été séduit, même si le fait que ce roman fasse partie d’une série mais que les autres volumes n’aient jamais été traduits m’a un peu refroidi…
Ce qui m’intéresse dans Rainbow’s End c’est en effet la vision de l’auteur sur un futur proche.
On verra bien ce qui me tombera sous la main en premier !
Ha j’avoue que pour moi il brille de la lumière des classiques de la SF, mais oui on peut trouver des défauts à Vernor Vinge, absolument.
Peut-être que ça ira mieux avec un autre roman…
Tiens c’est marrant, je ne me souviens absolument plus de la partie space op’ par contre j’avais super bien aimé le truc avec les chiens télépathes. C’est un des premiers bouquins que j’ai lu en étant consciente de lire de la SF. J’ai dû m’y reprendre à deux fois pour le lire car l’intro était incompréhensible pour moi, j’ai fini par passer au-dessus et quelle chouette lecture. Je le relirais bien.
Mais figure-toi que je pense que la partie « fantasy » convient très bien à un adolescent par exemple. C’est un peu bancal dans le roman lui-même je trouve : une partie space-opera relativement sérieuse avec des adultes, et une partie très fantasy que l’on pourrait qualifier de nos jours de « young adult » avec ses personnages de jeunes ados, et ses créatures étonnantes.
Bref, pas convaincu par celui-ci personnellement.
[…] Eternelle, American Gods, La Guerre des Mondes, Elric des dragons, La forteresse de la perle, Un feu sur l’abîme, Les enfants d’Icare, – Lou : – Lynnae : Ravage, Fondation, 1984, Les voies d’Anubis, […]
[…] Si vous souhaitez avoir un deuxième avis sur ce roman, je vous conseille la lecture des critiques suivantes : celle de Lorhkan […]