Zapping cinéma, épisode 10
Un film adapté d’une pièce de théâtre, et ça se sent (un peu trop ?) puisque l’intégralité du film (hormis le plan d’introduction et de conclusion) se passe dans un seul et même appartement. Deux couples se rencontrent suite à l’altercation qui a eu lieu entre leurs enfants, l’un ayant brisé deux dents de l’autre avec un bâton. S’en suit une discussion qui, entre malentendus, désaccords et situations rocambolesques, va progressivement s’envenimée. Humour noir et cynisme grinçant sont au programme de ce film sympathique mais pas majeur de Polanski. Pour autant, le casting étincelant fait des merveilles (et il le fallait bien puisque le film repose repose entièrement sur les épaules de ce quatuor, même si on sent les acteurs parfois sur la corde raide et à la limite du too-much) : Jodie Foster, Kate Winslet, John C. Reilly, et un admirable Christoph Waltz au terrifiant et drôlissime cynisme. Reste tout de même quelques longueurs malgré sa courte durée d’1h20 (difficile de faire durer cette situation sans ressentir une certaine lassitude), mais les dialogues jubilatoires et la performance des acteurs fait le reste. Un bon moment !
« Zulu » est un thriller âpre, réalisé par le français Jérôme Salle. Dans une Afrique du Sud post-apartheid mais toujours rongée par ses démons intérieurs, deux policiers (campés par un toujours impeccable Forest Whitaker et un Orlando Bloom bien décidé à casser son image de beau gosse bien sous tous rapports) tentent d’élucider une affaire de meurtre qui semble avoir des ramifications plus complexes qu’il n’y parait. Ne s’épargnant pas quelques scènes de violence, le film se révèle plutôt efficace, aussi bien dans les scènes d’action que sur le plan psychologique (même si sur ce dernier point, rien de forcément très original). J’aurais tout de même aimé que la réflexion politique aille un peu plus loin, mais ce n’était sans doute pas le propos de ce film qui aurait alors dû sérieusement rallonger la sauce, au risque de diluer sa force. Car de ce côté là, l’intensité est bien présente. Certes, il y a ici ou là quelques facilité scénaristiques mais une belle scène finale (portée par une superbe musique du lui aussi français Alexandre Desplat) rattrape le tout.
Sam Mendes est un réalisateur que j’apprécie. Beaucoup. Avec des films aussi excellents que « Les sentiers de la perdition », le célèbre « American Beauty » et surtout le prodigieux chef d’oeuvre (que je ne saurais trop vous recommander) « Les noces rebelles », difficile de ne pas suivre sa carrière avec intérêt. Il y a dans sa filmographie un regard acéré sur notre société, il sait la décrypter et en parler sur un ton juste (notamment lorsque certaines scènes font écho à votre vie personnelle comme c’est le cas ici). « Away we go » est pourtant un film très simple, sur un couple qui attend un enfant mais qui ne sait pas vraiment comment se situer. Sans attaches matérielles, ils vont à la rencontre de leur famille et leurs amis dispersés sur le continent américain pour décider d’où s’installer. S’en suit une galerie de portraits parfois cinglés, parfois pathétiques, et parfois juste tristes. Un film court (1h30) mais qui prend son temps, accompagné d’une très jolie B.O. Et pour qu’un film de ce genre fonctionne, il faut que le couple à l’écran fonctionne. Et c’est le cas à la puissance 1000. John Krasinski et Maya Rudolph sont superbes, à la fois extrêmement justes et terriblement sympathiques et attachants. Le genre de film qui, mine de rien, vous fait réfléchir à votre propre vie, et surtout vous fait du bien.
Orphan Black, saison 1, de John Fawcett et Graeme Manson
On en avait parlé sur le forum du Planète-SF, conseillé par Gromovar et surtout Baroona. Voilà donc une série qui met en scène une jeune femme témoin d’un suicide d’une femme qui lui ressemble étrangement. Les choses se compliquent lorsqu’elle s’aperçoit qu’elle n’est pas la seule à lui ressembler, et qu’elles semblent toutes poursuivies par un tueur…
Tout n’est pas foncièrement original dans cette série, la narration notamment (à base de complots/trahisons/retournements de situation) me fait penser à la façon de fonctionner de la série « Alias » sans aller aussi loin d’en l’excès (mais il ne s’agit ici que de la 1ère saison), mais c’est très rythmé, et sur 10 épisodes, difficile de s’arrêter avant le fin mot… qu’on n’aura pas tout de suite bien sûr, cliffhanger oblige !
La très belle prestation de Tatiana Maslany est à souligner, elle qui parvient à jouer un paquet de rôles différents, tous très réussis, et qui ont chacun leur personnalité (sans éviter quelques clichés au passage : la jeune femme issue de la rue et un brin rebelle, la geek, la desperate housewive, etc…).
Il y a par moments des passages et des considérations qui ne dénoteraient pas dans un vrai contexte SF voire cyberpunk (transhumanisme, évolution future de l’humain, éthique de la science, etc…). J’aimerais voir les scénaristes aller vraiment plus avant dans cette réflexion, ce que le dernier épisode laisse entrevoir. La deuxième saison nous donnera peut-être quelques réponses. Je répondrai présent.
« Carnage » semble être un coup d’essai avant le magistrale (et hautement supérieur) « La Vénus à la fourrure ».
J’adore Sam Mendes et « Away We Go » est le film que je préfère de lui. Il a réussi à capter ce qui fait la beauté d’un couple, d’une famille. Ce film m’a émue.
Comme je l’avais dit, j’ai décroché d' »Orphan Black », qui m’a amusée sur les premiers épisodes mais qui devient vite une peu… Difficile de trouver le mot mais cette série m’a déçue, là je me tâte encore pour savoir si je vais tenter la seconde saison, j’avoue ne pas avoir envie, et tant pis pour les réponses…
Alors je note « La Vénus à la fourrure », mais j’avoue totalement méconnaître la filmographie de Polanski (oui c’est une honte, je sais…^^).
Mon préféré de Sam Mendes ça reste incontestablement « Les noces rebelles » parce qu’il sonnait terriblement juste, cruel mais réaliste. Il m’a sérieusement fait réfléchir sur mon cas personnel, bref m’a bien chamboulé. Et ça, ce n’est pas tous les jours, donc ça reste forcément. Et puis Di Caprio et Winslet étaient absolument extraordinaires tous les deux. « Away we go » est aussi un excellent film avec d’excellents acteurs, un film que ne peux que recommander, mais « Les noces rebelles » reste inattaquable pour moi…
Quant à « Orphan Black », c’est parfois limite too-much, ça va vite, très vite, « Alias »-style, mais les thèmes sont intéressants, l’actrice fait une belle performance, et au final j’ai vraiment envie d’avoir des réponses parce que je sens qu’on n’a qu’à peine effleuré le pourquoi du comment…
Ah mais je suis d’accord, « Les noces rebelles » est indétrônable et superbe. Par contre, bizarrement, c’est « Away we go » qui a remué le plus de choses en moi. Il y a cette délicieuse sensation de bien-être ressentie en voyant le film mais autre chose aussi, des trucs plus personnels qui sont ressortis à ce film-là encore plus qu’avec « Les noces rebelles » qui m’avait pourtant remuée.
Je suis loin d’avoir tout vu de Polanski, dont la personnalité me dérange profondément mais dont les films me parlent, je ne sais pas pourquoi. Mais les deux plus notables sont « Le bébé de Rosemary » (une merveille d’angoisse dont on n’arrive pas à déterminer avant la fin si elle est justifiée ou non) et « La neuvième porte » (ça, tout le monde n’aime pas mais c’est un de mes films cultes).
« Away we go » m’a aussi interpellé très personnellement, c’est récurrent chez Sam Mendes de me parler à moi, comme s’il savait ce qui se passe dans ma vie !^^
Les deux films sont excellents, le reste c’est très personnel.
Pour Polanski, je connais « Le bébé de Rosemary » de nom, mais jamais vu. Je ne connais l’homme qu’à travers la presse, donc forcément, ce n’est pas le genre de personne qui donne envie de la fréquenter, mais dans le domaine artistique il faut parfois savoir différencier la personne et l’artiste (quoique ça reste là aussi un choix très personnel, je comprends tout à fait qu’on puisse ne rien vouloir voir de lui). Céline, Simmons, etc… Les exemples sont nombreux.
Je suis bien d’accord sur le côté personnel de ce genre de choix, à plus forte raison que je n’arrive toujours pas à arrêter mon avis à ce sujet. Au début, je pensais que je ne pouvais pas faire la différence entre ces deux côtés d’une même personne. Mais apparemment, j’y suis arrivée et encore maintenant, je me pose la question avec des personnes comme Polanski ou comme Woody Allen.
J’arrive assez à me détacher d’une personne pour m’intéresser à l’oeuvre, donc je n’ai pas trop de problèmes de ce côté-là, mais je comprends tout à fait que ça puisse être difficile pour d’autres.
Et puis il faut dire que certains ont une vie personnelle tellement… douteuse pour dire le moins… Bref, je comprends.
Je note away we go. Orphan black est déjà en wishlist et les autres sont déjà vu.
J’espère que ça te plaira, bons visionnages ! 😉
J’avais beaucoup aimé Away we go, surtout après Les noces rebelles qui était certes magnifique mais quand même passablement déprimant. Faut que je vois American Beauty un jour (je connais que la BO ^^).
Clairement, « Les noces rebelles » n’est pas forcément un film à conseiller à ceux qui ont une tendance à la déprime…^^
Mais pfiouuu, quelle claque !
J’avais lu le roman « Zulu » de Caryl Férey d’où est tiré le film mais j’ai été plutôt déçu – d’ailleurs je ne l’ai pas chroniqué sur mon blog. Je n’ai pas le courage de développer – l’explication de tout le tralala ne m’avait pas emballé plus que ça.
Pas lu le roman.
L’histoire décrite dans le film est pas mal, mais c’est surtout la mise en image qui vaut le coup.
Je ne savais pas que Sam Mendes avait réalisé d’autres films que American Beauty et les Sentiers de la Perdition, merci pour l’info ! Sinon, j’ai bien ri avec Carnage 😉 Certes, ce n’est pas un grand Polanski, mais il est redoutablement efficace.
Ho, comme tu es chanceux, tu va pouvoir découvrir « Away we go » et « Les noces rebelles » ! Je t’envie… 😉
Il a aussi signé « Jarhead » (que je n’ai pas vu) et le dernier James Bond, le fameux « Skyfall » (pas vu non plus).
Ah ben oui ! Idiot que je suis… deux très bons films ! 😀
Je garde un bon souvenir de Zulu, c’était une surprise totale et j’en suis sortie étonnée, bluffée et… mal à l’aise. C’est typiquement le film d’action qui a un scénario et où le spectateur est tenu de penser car personne ne le tient par la main, non ?
Oui il y a une belle ébauche de réflexion, et ce scénario et ses tenants et aboutissants met en effet assez mal à l’aise. J’aurais aimé plus de choses sur l’après Apartheid, sur la commission vérité et réconciliation (à travers le personnage de Forest Whitaker qui a vécu cette période de plein fouet), mais ça débordait sans doute un peu trop du cadre de ce film.
Mais ça reste un bon thriller, efficace, et à l’ambiance réussie.