Le profanateur, de Philip K. Dick
Un Dick en entraîne un autre… Plutôt convaincu par « Les chaînes de l’avenir », j’enchaîne avec son roman suivant, « Le profanateur ». Toujours court mais efficace ?
Quatrième de couverture (tirée de l’édition J’ai Lu) :
Le profanateur Allen Purcell ne se reconnaît plus. Lui qui incarnait jusqu’à un passé récent le parfait modèle de la réussite sociale – un job en or dans une agence de communication aux ordres du pouvoir en place, un mariage heureux, un appartement dans l’un des plus prestigieux conapts de la ville… – se voit commettre, à son corps défendant, des actes de vandalisme qui tournent en dérision les plus hautes institutions du Rémor, ou Réarmement Moral. Simple plaisanterie de son inconscient ou éveil politique tardif à la réalité d’une société malade ?
Coupez-lui la tête !
Je poursuis ma découverte des romans de jeunesse de Philip K. Dick avec son troisième roman. Cette fois l’auteur abandonne les fils d’intrigues différents pour se concentrer sur un seul et unique (d’où la taille restreinte du roman).
Ce qui n’empêche pas le romancier de reprendre certaines idées utilisées précédemment : guerre nucléaire, société totalitaire (basée sur le « Rémor », c’est-à-dire le Réarmement Moral, fondation d’une société extrêmement puritaine « éduquée » notamment par la télévision qui ne diffuse que des programmes soigneusement mis au point pour être politiquement corrects et conformes à la morale gouvernementale, et où la surveillance est constante), un homme qui se dresse face à cette société.
Sauf qu’ici, cet homme, Alan Purcell, ce grain de sable qui va faire gripper la machine, le fait à son insu alors qu’il est sur le point de devenir le patron de TéléMédia, l’unique chaîne de télévision, outil de propagande gouvernementale. Il se retrouve un jour, sans savoir ni pourquoi ni comment, à avoir profané la statue à l’effigie du fondateur du Rémor. Pire, il ramène la tête de la statue chez lui ! Dès lors, c’est son statut (avec un « t »^^) qui se retrouve en danger, et le risque de perdre son logement lors d’un procès à l’assemblée des résidents de son quartier n’est pas négligeable, sans compter sur son nouvel emploi qui se retrouve sur la sellette. Alan Purcell va donc chercher à comprendre ce qui se passe dans son esprit, et le lecteur avec lui.
Un roman court donc, mais pas sans défaut, notamment lors du premier tiers dans lequel Dick peine à présenter clairement la société dans laquelle vivent ses personnages, un défaut finalement récurrent dans ses premiers romans. L’écriture est parfois brouillonne (Dick n’a rien d’un esthète, c’est un fait), ce qui ne facilite pas la lecture.
En revanche, en se concentrant sur ce seul fil narratif, l’auteur parvient à faire monter la pression petit à petit, en mettant le personnage de Purcell dans des situations délicates (notamment lors d’une scène très dickienne ou le personnage se réveille dans ce qui ressemble à une autre réalité…), jusqu’à un final très bien amené et assez palpitant. De plus, la fin ouverte laisse place à toutes les spéculations. Sans doute pas le meilleur roman de Philip K. Dick, certes, mais il est souvent dit qu’un Dick mineur reste une lecture tout à fait satisfaisante, la preuve en est faite avec ce « Profanateur ».
Lire aussi les avis de Cachou, Jimmy Morneau, Iluze, Life4Book, Maestro.
C’est une belle idée que de chroniquer ces romans moins connus de Dick… encore merci 😉
Alors, là, je ne me souviens de rien de ce roman. J’ai relu mon billet, apparemment je suis d’accord avec toi, j’ai un ressenti positif quand j’y pense mais je serais bien incapable de dire ce qui se passe à la fin, même si ma vie en dépendait. Est-ce à cause des 4 ans qui me séparent de sa lecture? Est-ce dû au livre-même?
Par contre, même si les livres dans lesquels il ne prête pas attention au style son nombreux, je trouve que Dick peut avoir une belle écriture.
Pour l’écriture, j’avoue que son style me paraît un peu passe-partout.
C’est peut-être aussi ce qui le rend abordable par tout le monde ?
Ce n’est peut-être pas le plus marquant de ses romans, si d’autres sont passés depuis c’est ce qui peut expliquer ton trou de mémoire.
oui, Dick n’a pas écrit que « Ubik », « Blade Runner » et « Le maître du haut-château »… 😉