Zapping cinéma, épisode 6
Une toute fin d’année 2013 et un début 2014 plutôt calmes, mais les affaires reprennent depuis fin janvier, sans oublier un petit bonus en VOD.
Le vent se lève, de Hayao Miyazaki
Le nouveau (et dernier ?) film de Miyazaki, très attendu, comme toujours. Un film très surprenant, car très personnel et très inhabituel. Loin des « classiques » Miyazaki, souvent empreints de fantastique, c’est à un biopic que nous avons affaire ici. Une film sur la vie de Jiro Horikoshi, le concepteur des célèbres avions chasseurs japonais « Zéro ». Certains des thèmes fétiches de Miyazaki restent présents, parfois en filigrane (comme la guerre, qui n’est évidemment pas loin), ou de manière plus franche, comme le vol, le ciel. « Porco Rosso » vient évidemment à l’esprit, tout comme « Le château dans le ciel » par exemple. Un film pour adultes (contrairement à ce que veulent faire croire distributeurs et cinémas), un film sérieux, un film émouvant, un film qui laisse filtrer une certaine amertume aussi, ce qui ne laissera pas les amateurs du réalisateur se poser des questions, tant les parallèles entre le designer d’avions et le réalisateur de films sont nombreux…
Le loup de Wall Street, de Martin Scorsese
Une plongée hallucinante et hallucinée dans le monde de Wall Street de la fin des années 80/début des années 90. Sexe, drogue et billets verts règnent en maître dans cet incroyable film de Martin Scorsese qui donne encore un rôle à or à Leonardo DiCaprio (mais quand finira-t-il par avoir un Oscar ?). Avec une réalisation ultra-nerveuse (Scorsese qui dépasse les 70 ans nous montre une modernité dans la réalisation que n’ont pas nombre de ses comparses deux fois moins âgés que lui…), et une histoire flamboyante maniant un bel humour pour mettre en exergue la folie et l’avidité de ces traders obnubilés par le fric, « Le loup de Wall Street » étire ses trois bonnes heures sans qu’on s’en aperçoive ! Un film parfois incompris (pour preuve la polémique qualifiant le film de « dangereux », j’avoue d’ailleurs m’être posé quelques questions en voyant apparaître le vrai Jordan Belfort), et qui finit pas faire froid dans le dos avec cette fin nous montrant à quel point ces personnages déconnectés de la réalité continuent de fasciner les foules et d’inspirer les jeunes traders…
12 years a slave, de Steve McQueen
Chef d’oeuvre annoncé un peu partout… Que dire ? Chef d’oeuvre je ne sais pas, mais film marquant, ça oui ! Ceci dit, un film sur l’esclavage l’est bien souvent, notamment lorsqu’il montre frontalement au spectateur quelques uns des sévices subis pas ces hommes et ces femmes. Alors que faut-il retenir de particulier sur ce film ? Quelques défauts, comme une réalisation trop timide, donnant l’impression que la gravité du sujet a un peu paralysé le réalisateur (ou bien qu’il pêche par trop d’application), ou bien une musique signée Hans Zimmer qui parvient toujours d’une manière ou d’une autre à entrer dans la tête sauf qu’ici on est clairement dans l’auto-plagiat d’un thème d’Inception… Pour le reste, le film atteint son but : devoir de mémoire, choquer le spectateur, acteurs irréprochables, scènes terribles par leur cruauté (le savon, la semi-pendaison), etc… Sa vraie valeur ajoutée se situe sans doute dans le fait que ce film est issue d’une histoire vraie (tout comme « Amistad » par exemple, sur le même thème), écrite par la victime elle-même. Un film à voir sans aucun doute, un film essentiel certainement, mais attention aux âmes sensibles, certains passages sont très durs.
L’histoire d’un homme noir, de son enfance en pleine ségrégation raciale jusqu’à la fin de sa vie peu après l’élection de Barrack Obama, un homme qui deviendra majordome à la Maison Blanche, au service de sept Présidents (une vie librement inspirée de celle, bien réelle celle-là d’Eugene Allen). A travers lui, c’est toute l’histoire récente des Etats-Unis qui se déroule sous nos yeux, un pays en pleine mutation avec la fin de la ségrégation et l’obtention de nouvelles libertés pour les gens de couleur. Un casting quatre étoiles (j’ai rarement vu autant de noms célèbres à l’affiche), des acteurs qui font du bon boulot, un contexte évidemment important, des images d’archives utilisées à bon escient, on obtient un cocktail plutôt bon, malgré une réalisation un peu paresseuse. Et des émotions curieusement un peu en sourdine alors que le sujet avait tout pour enflammer le spectateur. Un bon film malgré tout.
« Le vent se lève » est loin des classiques de Miyazaki et j’ai trouvé que c’est en même temps typiquement un Miyazaki. Magnifique en tout cas.
Oui, c’est à la fois un Miyazaki et à la fois très différent d’un Miyazaki. C’est ce que tu viens de dire quoi.^^
Un beau testament, s’il s’agit vraiment de son dernier film.
Je n’ai vu que Le vent se lève dans ton bilan, mais je te rejoins sur ton avis, c’est un Miyazaki surprenant mais très intéressant (et puis chaque plan est juste magnifique quoi *-*).
Ah ça, c’est sûr que c’est plutôt joli !
J’ai tout vu dans ton bilan (bigre faudrait que je me calme sur le cinoche) et ce sont tous les 4 de bons films selon moi.
Oui, à des degrés divers.
Mais aucun n’est déplaisant, au minimum bon (« Le majordome » par exemple, un peu en-dessous des autres).
Gros coup de coeur pour Le vent se lève, que de sacrifices accomplis par Jiro Horikoshi ! J’ai aussi adoré le Loup de Wall Street, qui effectivement fait froid dans le dos. La violence de 12 years a slave m’a anesthésié, contrairement au Majordome qui m’a beaucoup touché. Mais je trouve que 12 years a slave est quand même un sacré film…
12 years a slave est parfois difficile à regarder, ça c’est certain. Mais son thème parle pour lui bien sûr. De même pour « Le majordome » (sans violence ici), mais j’ai trouvé ce dernier un peu plus convenu.
J’espère toujours que « Le vent se lève » ne sera pas le dernier Miyazaki…
J’avais noté ces films. Même si tu soulignes quelques défauts, tu as passé dans l’ensemble, de bons moments. Pour l’instant, je n’en ai vus aucun 😛
Ouaip, c’était une plutôt bonne (voire très bonne) série de films ! 😉