Déraison et sentiments, de Joe Abercrombie
Il y a des livres qui peuvent avoir laissé un goût étrange, un goût de trop peu, un goût différend de ce que l’on attendait, et qui pourtant ont laissé une marque. C’est le cas de « Premier sang », le premier tome de la trilogie « La Première Loi » de Joe Abercrombie. Alors malgré ces sentiments mitigés, je me suis assez vite plongé dans le volume suivant. Avec délectation…
Quatrième de couverture :
Le tocsin de la guerre résonne aux portes de l’Union. L’armée du monde libre, inexpérimentée, semble inconsciente du danger qui la guette. Face à elle, sur le front du Nord, les barbares de Bethod se chauffent d’un tout autre bois… Au sud, les forces du Gorkhul se massent au pied de la cité de Dagoska. Alors que la ville bouillonne des préparatifs de la bataille, Glotka découvre une conspiration visant à livrer la ville à l’ennemi sans combat. Menacé à chaque instant, l’Inquisiteur a besoin de réponses, et vite. Pendant ce temps, la poignée de héros réunie par Bayaz progresse vers le bord du Monde. Le Mage espère y trouver la Graine, une relique jadis responsable de la destruction d’un empire et, peut-être aujourd’hui, l’unique voie de salut pour l’Union…
La trilogie prend son envol !
Car oui, cette fois, c’est parti ! En repartant sur les nouvelles bases posées à la fin du premier tome, les choses prennent une toute autre tournure ! Certes, le premier tiers du présent volume se garde bien d’enclencher la surmultipliée, en gardant un rythme un peu indolent mais pas inintéressant (oui, on pourra arguer qu’on appelle aussi cela des longueurs, et d’ailleurs je pense qu’Abercrombie avait sans doute la possibilité en resserrant un peu son intrigue de passer à deux tomes au lieu de trois…).
Mais une fois que ça s’accélère, impossible de lâcher le roman ! Car s’il y a bien une chose que l’auteur a tout particulièrement travaillé, ce sont ses personnages. J’en avais déjà parlé dans ma critique de « Premier sang », mais ici c’est encore renforcé. Joe Abercrombie, tout en s’appuyant sur les caractères développés auparavant, se permet de faire bouger les lignes de belle manière : le barbare se fait philosophe, le jeune escrimeur arrogant fait face à de grosses difficultés et met de l’eau dans son vin, la rebelle indépendante n’est pas si froide que cela, le soldat plein de droiture est aussi capable du pire, le mage qui mène sa quête n’est peut-être pas blanc comme neige, etc… Et bien sûr, il y a l’inquisiteur Glotka. Personnage dur, personnage marquant, personnage cynique, mais pourtant personnage finalement très humain et donc diablement intéressant, il faut lire cette trilogie pour découvrir Glotka. Lui aussi va évoluer. Lui aussi va prendre conscience de certaines choses. Ce qui ne sera pas sans danger pour lui, et pour d’autres. Il n’est qu’un pion sur un échiquier, et en a pleinement conscience. Il va donc faire ce qu’il doit faire avec les moyens dont il dispose pour parvenir à ses fins : survivre, un jour de plus…
À travers une alternance de points de vue (essentiellement centrés sur Logen, West et Glotka), c’est un vrai plaisir de suivre tout cela, sans oublier les personnages secondaires qui ont aussi leur intérêt (je pense notamment à la troupe de Renifleur, les guerriers du Nord).
L’univers prend lui aussi une certaine consistance, à travers des bribes d’Histoire racontées ici ou là. Il n’est pas toujours aisé de tout remettre en ordre, mais on parvient finalement à visualiser un canevas qui n’est pas sans intérêt, notamment concernant la mythologie du monde et le passé du mage Bayaz.
Et puis, il y a les sièges, les batailles, les combats, le tout sous la plume toujours aussi cynique d’Abercrombie. Pas d’héroïsme, non, ce n’est pas son genre. Seulement des hommes et des femmes pris dans un tourbillon, et qui tentent tant bien que mal de tirer leur épingle du jeu, quitte à parfois faire quelques « dommages collatéraux »… Il y a du Gemmell dans Abercrombie, mais sans les bons sentiments.
Alors évidemment, après une telle lecture, et une fin de roman qui offre à la fois une petite pirouette scénaristique (et un cliché qui vole en éclat, un !) et son lot de mystères et de moments difficiles, comment ne pas se jeter dans le troisième tome ? En fait, pour tout vous dire, il est déjà lu !^^
Lire aussi les avis de Blackwolf, Nanet, tam-tam.
Ah, la bonne nouvelle !
Je n’étais pas super chaud pour m’y plonger mais, vu ton avis positif, c’est d’accord, je vais m’y mettre. ^^
Oui oui, ça devient franchement très bon, après un démarrage un peu poussif.
Ca me fait pense que je dois lire le troisième tome, alors que ça fait bien longtemps que j’ai lu les deux premiers :s
Ah mais pour moi, c’était juste pas possible de m’arrêter à la fin du deuxième tome, j’ai enchaîné tout de suite (ce qui est très rare chez moi dans le cadre d’une série…).
Je ne sais pas comment tu as fait !^^
J’ai passé un excellent moment avec ce cycle, ce tome est d’ailleurs mon préféré des trois.
Les deuxième et troisième se valent, le cynisme de la fin du troisième est un grand moment ! Chronique pour bientôt.
Mais c’est finalement une très bonne trilogie, pour laquelle il ne faut pas se fier à un premier tome nettement en dessous du reste. 😉