Elric des dragons, de Michael Moorcock
Elric, un nom qui résonne aux oreilles de tout amateur de fantasy. Un personnage connu, incontournable, mythique même. Repris sur de multiples médias (BD, romans, jeux de rôle), il était plus que temps que je me plonge dans le cycle le plus connu de Michael Moorcock, celui du guerrier albinos, dernier empereur de Melniboné. Chose faite avec la lecture commune du mois de décembre du Cercle d’Atuan.
Quatrième de couverture (tiré de l’édition Pocket) :
Melniboné, l’île aux Dragons, régnait jadis sur le monde. Désormais les Dragons dorment et Melniboné dépérit. Sur le trône de Rubis siège Elric, le prince albinos, dernier de sa race, nourri de drogues et d’élixirs qui le maintiennent tout juste en vie. La menace plane ; alors il rend visite au Seigneur du Chaos, Arioch, et conclut un pacte avec lui. Il s’engage ainsi sur le chemin de l’éternelle aventure : le Navire des Terres et des Mers le porte à la cité pestilentielle de Dhozkam, et son destin le pousse à franchir la Porte des Ténèbres ; au-delà, deux épées noires attendent leur maître et leur victime…
Un albinos comme on n’en fait plus
Tout le monde le sait, faute avouée à demi pardonnée… Donc je le confesse, je n’avais jamais lu ni même approché le cycle d’Elric, ce fameux personnage devenu presque un archétype de la dark fantasy, celui qui a inspiré nombre d’auteurs en tous genres, inspiré un tas de jeux de rôles et passionné de nombreux lecteurs.
On entend souvent dire que ce cycle, aussi incontournable soit-il, perd de ses qualités si on s’y intéresse après ses quinze ans… Mais là encore, je ne dois pas faire comme tout le monde, puisque j’ai beaucoup aimé cette introduction dans ce monde dominé par un empire sur le déclin,l’empire de Melniboné, avec à sa tête Elric, bien décidé à apporter un peu d’humanité et de justice dans le règne de sa lignée, quitte à s’éloigner des traditions et à froisser certaines susceptibilités. C’est d’ailleurs ce qui va lui coûter cher…
Ce court roman, publié en 1972, soit une bonne dizaine d’années après les premiers écrits de Michael Moorcock sur le personnage, nous décrit en fait les premiers moments du règne d’Elric sur Melniboné, en présentant également sa bien-aimée Cymoril et tous les enjeux du cycle, notamment en montrant la trahison « fondatrice ». Car ce roman (le cycle entier ? L’avenir me le dira…) a tout d’une véritable tragédie grecque : amour, trahison, vengeance, pacte avec les démons, épée à la fois mythique et maudite, etc… Tous les ingrédients sont réunis pour un drame de haute tenue ! Et s’il faut bien avouer que tout va très vite, et que le romancier s’attarde peu sur les détails de son monde (le world-building est assez pauvre pour le moment), ça fonctionne vraiment bien ! Les descriptions sont plutôt succinctes certes, mais les noms des personnages et des lieux sont pour moi évocateurs des choses qui me faisaient rêver étant jeune, quand j’étais plongé dans les jeux de rôles et autres revues rolistiques (Casus Belli, toujours dans mon coeur !). Le style d’écriture de Moorcock, mi-archaïque mi-précieux, m’a un peu plongé dans ce qui sonne comme les bribes d’un passé lointain et depuis longtemps oublié.
Alors bien sûr, pour ne pas être un roman de fantasy lambda, celui-ci s’appuie sur un personnage fort. Elric, ce guerrier-sorcier albinos chétif qui ne doit sa bonne santé qu’à l’utilisation intensive de drogues, souvent perdu dans de noires pensées (sauf quand il se trouve en présence de son amour Cymoril), a en effet tous les atours du personnage romantique par excellence. C’est bien évidemment lui qui porte le récit, et qui lui donne tout son attrait.
À l’aune de ce qui se fait actuellement en fantasy, ce roman risque bien sûr de paraître peut-être un peu désuet, son originalité d’alors étant maintenant bien éventée, mais l’aura de son personnage principal, son monde mystérieux mais attirant, et un récit titillant ma fibre nostalgique m’ont fait plus qu’accrocher. Plus que je ne le pensais je dois dire. La suite m’attend déjà (je possède l’édition Omnibus, réunissant tous les écrits ou presque de Michael Moorcock sur le personnage), et c’est avec plaisir que je m’y attellerai prochainement.
Lire aussi les avis de Lune, Efelle, A.C. de Haenne, Lanyla, Euphemia, Mina, ClashDoherty, Volcanol, Skritt, Saint Epondyle…
Chronique écrite dans le cadre du challenge ”Les chefs d’oeuvre de la SFFF” de Snow.
La nouvelle édition Pocket me fait envie depuis qu’elle est sortie, je vais sûrement céder à force. 🙂
C’est vrai qu’elle est plutôt intéressante, pour qui n’a pas déjà l’omnibus.
Oh comme ça me rappelle de vieux souvenirs. J’avais adoré ses aventures à l’époque. Elric n’existait pas d’ailleurs….J’étais Elric…en mode ado schizophrène quoi 😉
Nous faisons tous partie du multivers… 😉
J’en profite pour confesser aussi que je ne l’ai jamais lu… mais j’y pense souvent, ça compense un peu ou pas ?
Tu me confirmes en tout cas qu’il faut que je m’y mette ^^
Oui oui, ça se lit encore très bien, même si les romans d’aujourd’hui sont plus « complets », plus développés.
« On entend souvent dire que ce cycle, aussi incontournable soit-il, perd de ses qualités si on s’y intéresse après ses quinze ans… »
C’est que tu as su rester jeune dans ta tête voyons 😀
J’ai commencé le cycle sans jamais le finir, un jour je me rattraperais, mais en tout cas tu l’as parfaitement décrit : un peu désuet (on fait des choses tellement plus complexes maintenant) mais chouette à découvrir quand même. Y’a vraiment un petit côté « tablette d’argile » en plus (genre récit qui a tout inspiré ensuite).
Voilà, c’est ça, je suis encore jeune, alors que je viens aujourd’hui même de prendre un an de plus, alors ton commentaire a encore plus de valeur ! 😀
Je pense continuer à lire le cycle tranquillement, ce sont des romans courts, donc ça ne pose pas de problème.
Bon anniversaire alors 😀
(et n’oublie pas de continuer aussi Le fleuve de l’éternité :P)
Merci ! 🙂
Pour « Le fleuve de l’éternité », j’y compte bien. Le deuxième m’attend tranquillement à la maison, mais l’hiver est souvent pour moi une période plutôt fantasy. Cette année n’y échappe pas.
Une fois revenu dans une séquence plus SF, je m’y colle ! 😉
J’ai tout le cycle en édition Pocket, je suis bien tenté par l’Omnibus, moi ! Et j’avais bien apprécié le premier tome de la BD parue l’année dernière.
Par rapport aux romans à l’unité, l’omnibus est bien pratique. Par contre, c’est du papier bible, mais bon on ne peut pas tout avoir…
Je l’ai lu il y a fort longtemps – j’avais une période Moorcock parce qu’on en trouvait plein à la bibliothèque municipale de St Malo. Ça ne m’a pas laissé un grand souvenir mais je crois que je ne suis pas trop fantasy.
On est en plein dans la dark fantasy, un peu désuète, manquant sans doute de détails, de profondeur, mais ça passe toujours bien je trouve. Après, si on n’aime pas la fantasy, c’est plus compliqué…
« Casus Belli, toujours dans mon coeur ! »
Dans mes bras ! 😀
Heureux que tu aies apprécié ce premier volet des aventures d’Elric, qui prend tout son sens avec les aventures des autres incarnations du Champion Eternel, notamment Hawkmoon (j’ai peut-être, je dis bien peut-être, préféré ces aventures à celles d’Elric).
J’en profite pour te souhaiter un joyeux anniversaire 😉
Hawkmoon est aussi disponible en omnibus, j’ai bien l’intention de l’acheter.
Merci ! 😉
J’ai bouffé l’édition Omnibus y’a quelques années déjà, mais j’en garde pas un gros gros souvenir… Surement du au fait que je l’ai surement marathoné pendant des vacances, sans prendre le temps de lire autre chose entre chaque tome. A relire un jour, quand j’aurais le courage !
Oui, moi je le lis petit à petit, en entrecoupant mes lectures d’autres choses, histoire de varier les univers. J’ai l’habitude de faire comme ça pour tous les cycles que je lis en fait, et je trouve que ça marche bien comme ça, je ne ressens pas de lassitude (sauf si c’est pas bon bien sûr !^^).
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