Au nom du Néant, de Alain Dartevelle
Au moment de l’avalanche de concours lancés par Julien lors des 5 ans de son blog, j’ai eu la chance de gagner un exemplaire de « Au nom du Néant », écrit par Alain Dartevelle, une novella qui sera donc ma première incursion dans l’univers de l’auteur belge.
Quatrième de couverture :
Nous voici sur l’Astre des Délices, où le Vicaire général Omar Wangata a pour mission de prôner la religion de la Grande Béance au peuple des Sylvains – des êtres hybrides, aux sabots de cervidés et à l’anatomie partiellement végétale…
Au fil des observations et anecdotes du prédicateur se succèdent des saynètes tragiques ou cruellement drôles, où ressortent les figures attachantes de Sylvains révoltés ou soumis. Telle Marjo, fille-fleur livrée aux convictions et fantasmes complexes d’Omar, pour une véritable descente aux enfers…
Catéchisme du vide, « Au nom du néant » consacre, sur fond de bonne conscience, les effets mortifères des vérités importées, autant qu’imposées.
Le colonialisme en science-fiction
Dans cette novella d’un peu plus de 80 pages, mettant en scène Omar Wangata, un vicaire noir, chargé d’apporter la Sainte Parole de la Grande Béance aux Sylvains de l’Astre des Délices, Alain Dartevelle ne se gène pas pour revenir sur (et critiquer vertement) le passé colonialiste de nos sociétés occidentales. Le parallèle est transparent tant les allusions avec notre propre histoire sont légion.
Ainsi, avec une fort belle plume et sous les airs légers de son narrateur estimant faire le bien, l’auteur assène au lecteur quelques vérités bien senties. Et les situations décrites n’ont bien souvent, elles, rien de légères. De l’autochtone objet de fantasmes et traitée comme telle au rebelle vaincu et torturé (un passage terrible…), en passant par le vicaire décidant de passer du bon temps ou bien tout simplement par ce qui ressemble fort à un génocide, le côté sombre de la religion est pour le moins frappant, et il est bien difficile de ne pas se rappeler les pires heures de l’évangélisation de l’Afrique ou l’Amérique du Sud…
Sans doute desservi par une couverture pour le moins passe-partout (ou passe nulle-part, c’est selon…), le récit est pourtant joliment rehaussé par les illustrations de Marc Sévrin, auteur de plusieurs BD. Une novella intéressante, qui utilise judicieusement la science-fiction pour pointer du doigt les horreurs par lesquelles nos sociétés ont de tout temps tenter d’imposer leurs vues sur les « ignorants »…
Lire aussi les avis de Cachou, Julien.
Chronique écrite dans le cadre du challenge « JLNN » de Lune et du challenge « Francofou » de Doris.
Oh yeah ! Un compatriote ! C’est tellement rare. Du coup, vu le passé colonialiste de notre plat pays, je serais intéressé d’entendre la voix d’un auteur de SFFF .
Elle n’est pas tendre cette voix, c’est le moins que l’on puisse dire !
Effectivement, la couv’ ne laisse pas présager ce que ce texte peut receler… Fort dommage tant le propos à l’air d’être intéressant !
Ah ça, c’est sûr que ce n’est pas très vendeur…
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