Léviathan, le pouvoir, de Lionel Davoust

Fin de la trilogie « Léviathan » entamée il y a deux ans, c’est une page importante qui se tourne pour Lionel Davoust (mais tout n’est pas aussi simple, nous le verrons). Une série de romans fantastiques/ésotériques, plus profonds que de simples thrillers, et qui avaient su convaincre les lecteurs, moi y compris. Mais la conclusion du cycle est-elle à la hauteur ?

 

Quatrième de couverture :

De nos jours, les progrès scientifiques ont chassé les vieilles superstitions et l’enchantement, cédant la place à une ère de raison où même la religion chancelle. Or, dans les profondeurs de l’inconscient, les traditions antiques, les peurs ancestrales, il subsiste une porte entrouverte sur des prodiges dépassant l’entendement. Ce n’est pas de la magie ; c’est du pouvoir. Rares sont ceux à y accéder. On les a appelés prophètes, sorciers, chamanes au fil des âges. La plupart ont été exterminés sur le bûcher, mais certains ont concrétisé les rêves les plus fous de l’humanité : richesse, domination. Jeunesse éternelle. Et ils se font la guerre – en riant.

Michael Petersen, biologiste marin, fait les frais de cette guerre. Pris dans une machination dont il ignore les enjeux mais dont il est la clef, il a vu presque tout son entourage périr de mort violente ; pire, il est lui-même la cible d’une chasse à l’homme qui le contraint à vivre en paria. Andrew Leon, l’agent du FBI qui a aidé la famille Petersen à fuir les États-Unis, est devenu lui aussi une proie : l’inquiétant Comité compte sur son outil de cartographie de la conscience humaine pour localiser Michael. Une course contre la montre s’engage, afin de détruire le biologiste avant l’éclosion de son pouvoir, capable d’anéantir l’organisation.

De révélations en rebondissements, le héros de « Léviathan » perce les voiles d’illusion qui entourent son existence. Mais il devra d’abord lutter pour sa survie, avec l’aide d’une ombre prédatrice, d’un faux prêtre et d’une vraie mage, jusqu’à l’affrontement décisif.

 

Michael Petersen face à son destin

leviathan-le-pouvoir-DavoustToute fin est un commencement, c’est un peu ce que l’on peut se dire au terme de la lecture de ce troisième et dernier tome de la trilogie « Léviathan ». Car oui, « Léviathan, le pouvoir » marque la fin d’un cycle, mais rien ne se termine ici, ce serait trop facile. Disons que les cartes sont redistribuées, les pièces de l’échiquier se sont déplacées, les forces en présence se sont jaugées et parfois même affrontées (et quels affrontements ! Les mages dévoilent enfin leurs pouvoirs, et ils n’en sont que plus terribles et mystérieux), mais rien dans ce roman ne signe une conclusion définitive, sauf…

Je n’en dirai pas plus, ce serait cruel. Il faut simplement dire que Lionel Davoust fait honneur aux attentes qui étaient placées en lui en ne cédant pas à la facilité, les réponses apportées amenant leur lot de questions. Oui il y aurait encore beaucoup à dire sur cet univers, et je ne doute pas que l’auteur y reviendra un jour.

Mais revenons-en à ce roman. Comment Michael Petersen, sa femme et son fils vont-ils se sortir du piège qui semble inexorablement se refermer sur eux ? Comment Andrew Leon va-t-il pouvoir les aider ? Mais n’est-il pas lui-même menacé ? Quel est le réel but du Comité, et jusqu’où sont-ils prêts à aller ? Toutes ces questions auxquelles les deux précédents tomes nous ont amenés trouveront ici leur conclusion. Mais plus que le but, c’est le cheminement qui est intéressant. Cheminement de Michael Petersen qui effectue un gros travail sur lui-même, cheminement de Megan qui devra trouver sa voie, tiraillée entre ses engagements, cheminement d’Andrew Leon, qui devra tout lâcher. « Léviathan, le pouvoir », encore plus que les deux volumes précédents, impressionne par l’épaisseur donnée à ses personnages. Ce n’est pas parce que le lecteur arrive enfin à les cerner qu’ils en deviennent inintéressants, bien au contraire, ils sont en perpétuel mouvement intérieur et extérieur, à se battre aussi bien avec eux-mêmes qu’avec leurs ennemis. C’est incontestablement le gros point fort du roman, qui en devient un thriller philosophique, posant des questions qui interpellent directement le lecteur. Loin de tout manichéisme, on finit par comprendre ce que l’auteur veut nous dire, comme une révélation, que tout n’est pas simple, que tout n’est pas noir ou blanc, que chaque personnage à ses raisons et ses façons d’arriver à son but, et qu’aucune de ces façons de faire n’est bonne ou mauvaise. Et il y a de nombreuses autres pistes de réflexion…

Mais Lionel Davoust n’en oublie pas pour autant qu’il écrit un thriller, et les scènes d’action méritent aussi un coup de chapeau, notamment les scènes mettant en scène les mages du Comité, qui libèrent enfin leur pouvoir. Et là je dis bravo, car l’auteur breton a réussi à trouver le juste équilibre entre des hommes et des femmes aux pouvoirs surhumains, sans en faire des super-héros et des super-vilains. On sent leur puissance, on sent leur aura (leur ardence !), on sent que le reste de l’humanité n’est que bien peu de choses face à eux, et pourtant on évite le déluge qui aurait été vraiment too-much de super-pouvoirs tape-à-l’oeil. Ces instants sont vraiment puissants, grisants, une vraie réussite de l’auteur. Du même coup, on ressent comme un déséquilibre entre la Main Gauche et la Main Droite, celle-ci paraissant bien maladroite (haha), mais elle garde tout de même pas mal de mystère, nul doute que nous n’avons pas tout vu… Ces scènes d’action sont donc marquantes, mais elles restent rares, car le roman n’est pas un roman d’action, on l’a vu (soulignons d’ailleurs au passage l’excellent travail sur les dialogues). C’est d’ailleurs sans aucun doute aussi cette rareté qui fait leur force.

Un roman sombre donc, réflexif, à l’image de la trilogie dans son ensemble. Une vraie bonne trilogie dans un genre que je ne fréquente pas beaucoup habituellement. Et sans doute un cap pour Lionel Davoust, qui va sérieusement être attendu au tournant pour ses prochaines oeuvres. Un auteur qui monte, qui monte…

 

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