La lance du désert, tome 2 du cycle des démons, de Peter V. Brett
Dans le premier tome de ce Cycle des Démons, « L’Homme Rune », Peter V. Brett avait su, malgré quelques défauts, captiver ses lecteurs grâce notamment à un sens aigu du rythme, et des personnages torturés. Le deuxième tome est-il à sa hauteur ?
Quatrième de couverture :
Qui est le Libérateur dont parlent les légendes ?
Arlen, originaire du petit village de Val Tibbet, a appris à survivre dans un monde où des démons voraces rôdent dans la nuit et où l’humanité s’est enfermée dans la peur. Il a choisi une autre voie : se battre. Il est devenu l’Homme-rune, un héros malgré lui.
Mais l’homme qui se proclame le Libérateur n’est pas Arlen. Surgi du désert, Ahmann fut son ami et son frère d’armes avant de le trahir. Il porte une arme ancienne aux terribles pouvoirs et a lancé son armée dans une conquête impitoyable. Ils sont ennemis, mais pour l’un comme pour l’autre, la guerre contre les démons a commencé.
Sur la lancée du premier
Et donc l’auteur récidive avec ce second volume ! Tout est « boosté » : les personnages prennent de l’ampleur (notamment Ahmann Jardir, qui restait un mystère dans le premier livre), l’intrigue globale se précise, et l’auteur ne se gène pas pour brouiller certaines pistes que l’on pensait courues d’avance… Certains personnages deviennent même peut-être un peu « too much », à tel point que les démons ne font plus autant trembler le lecteur qu’avant (cet effet de peur était pourtant la grande force du roman précédent), en tout cas les démons habituels car on sent bien que Peter Brett ne nous a pas tout dévoilé, et que les grandes puissances ne sont pas encore clairement apparues… Mais gare à la surenchère…
Nous sommes certes ici devant un classique « tome de transition », la découverte de l’univers n’est plus au cœur du roman, on est plutôt dans une mise en place des factions, en vue du sprint final qui s’annonce (même si ce n’est pas pour tout de suite puisque ce cycle devrait se dérouler en cinq tomes) mais Peter Brett capitalise sur ce qui fait sa force, à savoir une histoire qui ne s’essouffle jamais, des personnages à qui il n’hésite pas à faire subir les pires traitements (notamment les femmes dans ce monde médiéval très dur).
Loin de vouloir montrer uniquement quelques gentils hommes « éclairés » tenter de s’opposer aux vilains démons, l’auteur nous montre ainsi que bien qu’allant vers un même but, certaines personnes peuvent prendre des chemins surprenants, voire même discutables. Jardir est ainsi incontestablement le personnage le plus intéressant du roman. Tout n’est pas blanc ou noir, Jardir fait vraiment dans le gris, au grand bénéfice du roman, et donc du lecteur. On en apprend beaucoup sur son passé, et sur son peuple. On délaisse ainsi les héros du premier tome pendant un bon tiers du roman (ce procédé, s’intéressant pendant un long moment à chaque personnage successivement était déjà utilisé dans le premier volume), mais c’est pour mieux y revenir. Jardir n’est pas le seul personnage intéressant, je pense ainsi à Leesha, qui en femme indépendante qu’elle tente d’être dans un monde qui ne fait pas de cadeau aux femmes, nous donne ainsi un fier personnage de femme forte, comme on n’en voit sans doute trop peu en fantasy.
Alors qu’on ne s’y trompe pas, on reste ici dans une frange de fantasy relativement « classique » qui ne plaira pas à tout le monde. Pourtant, ce serait passer à côté d’un roman intéressant, et qui profite d’une conclusion qui fait saliver. Les démons ne sont pas aussi idiots, désorganisés et « bêtement » sanguinaires qu’on veut bien le croire… En tout cas, je lirai la suite avec plaisir. Un roman dans la continuité du premier en somme, qui ne surprendra pas vraiment mais duquel il est bien difficile de décrocher.
Lire aussi les avis de Spocky, Blackwolf, Zina, Fantasyae, Madoka, Serialreader, Ptitetrolle, Marie,
J’ai acheté le premier rencontré en bouquinerie alors que j’avais lu quelque temps auparavant une très bonne critique à son sujet. Mais pas encore entamé. Si la suite en vaut la peine, ça devrait me motiver… J’aime bien le sujet en tout cas, en espérant avoir quelques petits frissons…
Il faut savoir dans quoi tu t’aventures : ce ne sont pas ces romans qui vont changer la face de la fantasy, mais ça se lit simplement, et avec plaisir. Et avec quelques passages marquants, ce qui ne gâche rien.
C’est ce dont j’ai besoin en ce moment, je n’ai pas la concentration nécessaire pour plus (même si je m’essaie à un peu de Priest juste pour voir).
Ce qui m’avait déçu dans ce tome c’est justement l’ampleur que prend le personnage Ahmann Jardir ce qui fait qu’on a l’impression de ne pas avancer vu que l’auteur nous retrace toute son histoire sur quasiment 1/3 du livre. Sinon ce deuxième tome reste sympathique et j’attends la suite avec impatience.
C’est déstabilisant en effet, mais ça permet vraiment de comprendre d’ou vient Jardir et pourquoi et comment il est devenu ce qu’il est. Ça permet de lui donner de la complexité, et pas seulement le rôle du traitre.
Très bon billet, comme souvent. Par contre tu n’as pas mentionné que l’auteur traite plutôt avec finesse du soi-disant choc de civilisations entre Chrétiens et Musulmans, car cette plongée dans la Sparte arabe qu’est Krasia s’avère aussi immersive que passionnante.
En effet, et ta réflexion est intéressante alors que j’ai vu ce livre se faire reprocher d’être trop près de notre réalité, avec des civilisations trop facilement identifiables.
Mais c’est pour moi bien la preuve que la fantasy peut au même titre que la SF parler de notre monde actuel et des problématiques qui se posent à nous. 😉
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