Bifrost 55, spécial Roger Zelazny
Bifrost est un magazine auquel je me suis attaché il y a peu de temps. Après deux numéros chroniqués ici (j’ai d’ailleurs un peu de retard maintenant, puisque je n’ai pas encore acheté les deux derniers numéros), les 67 et 68, me voici tentant de combler mon retard en m’attelant à la lecture du numéro 55, consacré à un écrivain que j’apprécie particulièrement : Roger Zelazny.
Et je dois dire que j’en sûr à la fois satisfait et déçu. Il faut dire que ce numéro souffle à la fois le chaud et le froid sur l’auteur américain, aussi bien avec la nouvelle « Permafrost » (prix Hugo 1987), plutôt moyenne bien qu’assez zelaznienne finalement (l’histoire de deux explorateurs dont l’un cache bien son jeu, sur une planète bien plus vivante qu’on ne l’imagine), qu’à travers le dossier qui lui est consacré, un peu bancal.
Dans ce dossier, on trouve deux textes écrits par Zelazny lui-même. L’un se penche sur les rapports entre fantasy et science-fiction (un thème cher à l’auteur puisqu’il a souvent mélangé les deux genres). L’auteur a un point de vue intéressant, mais le fond du texte n’a rien d’exceptionnel. L’autre texte, beaucoup plus intéressant se penche sur la technique d’écriture de l’auteur, en prenant l’exemple de l’un de ses romans, « L’oeil de chat ». Très instructif sur sa manière de fonctionner. On trouve également un article sur l’univers de son célèbre cycle « Ambre », article que je me suis empressé de ne pas lire puisqu’il est rempli de spoilers et que je n’ai pas encore lu cette saga. Et enfin un dossier critique sur les oeuvres de l’auteur. Mais toutes ne sont pas présentées (uniquement des oeuvres mineures ceci dit), et il manque une bibliographie complète ( mais que l’on trouve dans le volume « Seigneurs de lumière » de la collection Lunes d’Encre), c’est bien dommage. C’est tout de même l’occasion de cocher quelques romans intéressants pour de prochaines lectures. Et cela permet aussi de râler sur le programme qui était prévu chez Denöel en collection Lunes d’Encre concernant l’auteur (ce Bifrost date de mi-2009), mais qui a priori ne verra pas le jour, crise oblige (réédition de « Toi l’immortel », anthologie complète des nouvelles de l’auteur…). Espérons que les choses changent d’ici à 2015, année des vingt ans de la mort de l’auteur américain. Un dossier tout de même en demie-teinte donc.
Dans le reste du magazine, on y trouve une autre nouvelle, « Demain les eidolies », écrite par Lucas Moreno. Une pure nouvelle de science-fiction, qui cache bien son jeu avant de se dévoiler complètement après un double twist final bien trouvé. Une courte nouvelle, mais très réussie.
Le cahier critique, qui n’est évidemment plus de première fraicheur, donne tout de même une petite piqure de rappel sur certaines oeuvres non encore lues/possédées (je pense notamment à « Des choses fragiles » de Neil Gaiman, « Voisins d’ailleurs » de Clifford Simak ou bien la série « La patrouille du temps » de Poul Anderson). Enfin on retrouve entre autres petites choses agréables le traditionnel article « Scientifiction » de Roland Lehoucq sur la téléportation (qui n’est donc pas pour demain, confirmé par un récent article du Traqueur Stellaire), ou bien l’article « Paroles de Nornes » qui analyse le marché de l’édition des genres de l’imaginaire en France à l’aune de l’écrasante domination de Bragelonne et l’arrivée récente de Milady, son pendant au format poche. Un article toujours aussi intéressant, notamment avec quatre ans de recul, et l’évolution qui a eu lieu depuis son écriture…
Un numéro sympathique donc mais sans plus, la faute à un dossier un peu léger sur Zelazny et une partie « nouvelles » un peu courte, deux morceaux qui étaient tout de même le principal intérêt de ce numéro.
Lire aussi l’avis de Tigger Lilly, myowntoshokan.
Chronique écrite dans le cadre du challenge « JLNN » de Lune et du challenge « Summer Star Wars, épisode 1 » de Lhisbei :
La nouvelle de Moreno est republiée dans son excellent recueil « Singulier Pluriel »
Si l’ensemble est de même qualité que la nouvelle ici présente, ça doit être plutôt bon !
J’en avais entendu parler sur plusieurs blogs, mais j’étais passé un peu à travers.
J’avais le même sentiment en lisant ce numéro : assez hétérogène, incomplet et une thématique dont on a l’impression qu’elle a été rédigée à reculons. Sans doute un rendez vous manqué avec l’auteur, même si certains éléments remontent le niveau.
Si tu as l’intention de lire Ambre, alors l’article en question est sans doute à éviter. Dans mon souvenir, ce texte est à l’origine une piqure de rappel pour ceux qui vont jouer au JDR… C’est donc très synthétique.
Concernant Ambre le premier cycle est excellent, le second un peu moins…
Il faut sans doute le lire sans avoir d’attentes pour éviter des déceptions… L’auteur raconte l’histoire d’une famille complexe et pleine d’intrigues, mais celles ci ne sont sans doute pas vraiment exposées…L’essentiel est ailleurs …
Oui, pour faire un bon dossier, il manque une belle approche de l’auteur, comme une sorte de biographie ou bien une analyse thématique de son oeuvre (et il y aurait de quoi dire sur le sujet).
Pour Ambre, oui j’ai bien l’intention de le lire, mais ce n’est pas vraiment dans mes priorités pour le moment (et j’ai encore quelques oeuvres de Zelazny en attente). Et puis j’attends une belle réédition en grand format ! 😉
Un auteur que je connais mal. En fait, j’ai calé il y a quelques années sur le premier tome des Princes d’Ambre et depuis… Je devrais réessayer, les goûts changent.
Moi j’accroche beaucoup à cet écrivain qui mélange allègrement fantasy et science-fiction, et brasse des thèmes qui m’intéressent (divinités, mythologies, etc…). Bien sûr, ça reste assez typé de son époque, mais ça n’empêche que certains romans tiennent toujours du chef d’oeuvre, notamment le splendide « Seigneur de lumière », critiqué ici-même : https://www.lorhkan.com/2012/10/11/seigneur-de-lumiere-de-roger-zelazny/