Superman : Red Son, de Mark Millar, Dave Johnson et Kilian Plunkett
Les uchronies ne sont bien évidemment l’apanage des romans, les comics s’y sont aussi frottés. La preuve avec le pitch génial de « Superman : Red Son » : et si Superman avait atterri sur Terre quelques heures plus tôt, et donc non plus aux Etats-Unis mais en URSS ?
Quatrième de couverture :
« Que se serait-il passé si le jeune Kal-El, unique survivant de la planète Krypton, avait atterri en Union Soviétique plutôt qu’aux États-Unis ? Découvrez l’histoire du ‘camarade Superman ‘ et de son rival de toujours, Lex Luthor ! »
Superman au pays des Soviets
Superman est un personnage délicat à manier. Tellement fort, tellement surhumain, que rien ou presque ne peut lui arriver. Et utiliser la kryptonite à tous les coups pour l’affaiblir reste une solution de facilité, au risque de bien vite tourner en rond. Avec « Superman : Red Son », Mark Millar a décidé de jouer le jeu d’un Superman « parallèle ». Rien de commun avec le Superman classique (même s’il s’est permis un raccord avec le personnage que l’on connait à la toute fin du récit), ici Superman est au service du communisme ! Donc oui, je ne suis pas un grand fan de l’homme d’acier, mais ce pitch m’a fait me pencher sur ce volume.
En effet, voir le Kryptonien adopté par Staline, puis leader communiste à la mort de ce dernier, souhaitant faire le bien de tous, mais s’apercevant que cela n’est pas si simple, voilà qui avait tout pour plaire !
Et je suis à la fois charmé et déçu. Charmé tout d’abord par ce qui saute aux yeux : la réussite visuelle. S’inspirant d’affiches de propagande, certaines planches sont vraiment superbes dans le choix des couleurs, les postures, etc… Jolis travail des dessinateurs Dave Johnson et Kilian Plunkett. Charmé également par la reprise des grands personnages de l’univers DC et l’inventivité de Mark Millar pour leur positionnement : Wonder Woman en alliée puis en ennemie de Superman, un superbe Batman coiffé d’une chapka en anarchiste qui veut tout faire pour faire tomber l’homme d’acier, Lois Lane mariée à Lex Luthor, et sans doute tout un tas d’autres que je n’ai pas relevés.
Ce qui me déçoit un peu, c’est que j’aurais aimé que Mark Millar aille un peu plus loin dans la critique sociétale. Il y a bien quelques pistes de réflexion ici ou là, mais j’ai eu l’impression qu’il avait enclenché le frein à main, comme s’il n’osait pas y aller à fond, aussi bien sur le plan réflexif (le totalitarisme voire le fanatisme incarné par un Superman pourtant pétri de bonnes intentions), que sur le pur plan scénaristique. Peut être que s’attaquer au « mythe » Superman est finalement (en tout cas aux USA) quelque chose de plus délicat qu’on veut bien le croire, surtout quand il s’agit de faire passer le symbole de l’Amérique toute puissante chez l’ennemi historique !
Reste tout de même une uchronie rafraîchissante, une vision originale et décalée qui ne manque pas d’intérêt. Ce n’est donc pas le chef d’oeuvre attendu, mais ce fut tout de même un très bon moment !
Je l’avais lu il y a pas si longtemps (en anglais) et il est évidemment amusant de faire le parallèle entre les deux « Hommes d’acier »: Superman et Staline.
Par contre, j’avais trouvé que l’uchronie frisait tout de même le grotesque, par moments.
Je ne dirais pas grotesque, mais un peu légère oui.
Et même si ça ne va pas aussi loin que je l’aurais souhaité, ça reste un Superman alternatif plutôt intéressant. L’idée de départ est quand même assez fascinante !
Un très bon cru, comme toi je regrette que Millar se soit retenu sur la fin. Peut-être qu’aujourd’hui, il oserait plus.
En attendant, ça reste un Superman original à découvrir.
Tout à fait, j’en garde un bon souvenir même si la retenue de Mark Millar est quand même un peu frustrante.
Oh super, il va atterrir à la médiathèque celui-ci !!
Bonne idée ! Dans cette période où l’homme d’acier est à la mode, ça peut intéresser pas mal de lecteurs.
Par contre il est très difficile à trouver en version Panini Comics, mais il va ressortir chez Urban Comics en octobre. 😉
Ouep j’ai vu qu’il allait ressortir, merci Electre :p
Je l’avais feuilleté plusieurs fois celui-là, faudrait quand même que je l’emprunte un jour pour le lire en entier, c’est un des rares Superman que j’ai envie de lire en fait ^^
Oui, c’est un bon récit sur Superman, qui reprend le mythe de façon originale. Ça vaut le coup, surtout pour ceux qui n’aiment pas le Superman intouchable en fait. 😉
Je ne suis pas vraiment fan de Superman, mais (donc ?) j’adore le pitch de départ, l’idée est géniale. J’essaierai de le trouver et de le lire, si j’ai bien suivi ta chronique, sans en attendre un pur chef d’oeuvre. ^^
Tout à fait, ce n’est pas un chef d’oeuvre mais il place Superman dans une situation particulièrement originale, et rien que pour ça, ça vaut le coup, même (surtout ?) si on n’aime pas vraiment le personnage.
J’ai l’impression que c’est un défaut récurrent chez Millar de se retenir. Il à du mal ou pas envie d’aller au bout de son propos et cède souvent à la facilité alors qu’il démarre super bien.
Ceci-dit, j’avais beaucoup aimé cette histoire de Superman. L’une des première que j’ai lu quand je me suis mis à DC : )
Si tu n’est pas fan de l’homme d’acier je ne peux que te conseiller Allstar Superman qui est un peu la quintessence de ses aventures et qui est très bon ! 😀
Il y a un petit goût de trop peu dans ce Red Son, et pourtant il reste un récit marquant. Comme quoi, il n’est pas si mal !
All Star Superman vient de ressortir chez Urban Comics, il est fort possible, voire même fort probable qu’il tombe dans mon escarcelle… 😉
Je ne suis pas un spécialiste de Superman, mais moi aussi j’avais trouvé l’idée originale, ça permettait de le voir d’un autre angle, même si le tout manque de profondeur.