La machine à explorer le temps, de Herbert George Wells
Comment aborder un roman aussi connu que celui-ci, et bien au-delà du cercle des lecteurs de genre ? « La machine à explorer le temps » va en effet tranquillement sur ses 120 ans, et n’est rien de moins qu’un des (si ce n’est LE) romans fondateurs de la science-fiction moderne. Alors qu’en dire qui n’ait pas déjà été dit ? Sans doute rien, je n’aurais pas cette prétention. En revanche, il peut être intéressant de voir, par exemple, si ce vénérable ancêtre se lit toujours bien…
Quatrième de couverture :
« Je vis des arbres croître et changer comme des bouffées de vapeur ; tantôt roux, tantôt verts ; ils croissaient, s’étendaient, se brisaient et disparaissaient. Je vis d’immenses édifices s’élever, vagues et splendides, et passer comme des rêves. Toute la surface de la terre semblait changée – ondoyant et s’évanouissant sous mes yeux. Les petites aiguilles, sur les cadrans qui enregistraient ma vitesse, couraient de plus en plus vite. Bientôt je remarquai que le cercle lumineux du soleil montait et descendait, d’un solstice à l’autre, en moins d’une minute, et que par conséquent j’allais à une vitesse de plus d’une année par minute ; et de minute en minute la neige blanche apparaissait sur le monde et s’évanouissait pour être suivie par la verdure brillante et courte du printemps. »
The time machine
Revenons d’abord sur ce qui m’a amené à lire ce fameux roman. J’avais dans l’esprit de me mettre à lire un roman d’un auteur que je souhaite aborder depuis longtemps, j’ai nommé Stephen Baxter, tout en commençant par un roman qui ne fasse partie d’une trop longue série. J’ai jeté mon dévolu sur « Le vaisseau du temps ». Or, ce roman est en fait la suite directe du roman écrit par H.G. Wells. Voilà, tout est dit. Et puis, comment refuser de lire un tel classique ?
Mais revenons à nos moutons. « La machine à explorer le temps » est donc un court roman (un peu plus de 150 pages) publié pour la première fois en 1894, mais dont l’origine remonte à 1888, alors que son auteur n’avait que 21 ans ! Nous y découvrons un homme qui a inventé la fameuse machine, et qui au retour de son fabuleux voyage, le décrit à ses hôtes.
Ce fameux voyage, qui reste assez simple, et n’aura lieu que dans le futur, n’est finalement qu’un prétexte à une satire sociale de la société britannique de l’époque. Il faut évidemment replacé le tout dans son contexte historique : l’aspect scientifique et l’aspect social du roman sont en effet fortement marqués par leur époque. L’humanité dans ce futur lointain (en l’an 802 701 !) s’est scindée en deux groupes bien distincts : les Eloïs, descendants de la bourgeoisie et devenus oisifs et insouciants, et les Morlocks, descendants de la caste ouvrière et vivant sous Terre. Mais n’allez pas croire que les ouvriers sont soumis aux habitants de la surface, ces derniers étant devenus le troupeau nourricier des habitants de l’obscurité. Cette réflexion sur une possible évolution de l’humanité due à un capitalisme exacerbé reste toutefois intéressante, quoiqu’un peu exagérée.
Au-delà de cet aspect, il n’en reste pas moins que le roman se lit très bien encore aujourd’hui. On suit avec plaisirs les découvertes de ce voyageur du temps, ses théories quant à ce qu’il a devant les yeux (entre darwinisme et lutte des classes), et certaines scènes sont même particulièrement marquantes : la visite du musée par exemple, mais surtout cette superbe vision, dans un futur encore plus éloigné, d’une Terre mourante sur le point d’être avalée par le Soleil. Une vision de fin du monde particulièrement frappante.
C’est évidemment un roman précurseur du voyage dans le temps, qui deviendra ensuite un aspect très souvent réutilisé en science-fiction. Mais qui dit précurseur dit aussi simplicité. Ne vous attendez pas à de complexes allers-retours avec paradoxes temporels et tutti quanti, ce n’est pas le sujet, de même l’intrigue globale reste très simple et très linéaire. On reste sur un simple voyage dans le futur, agréable à lire même aujourd’hui, et qui peut en plus se targuer d’une fin très réussie, sur laquelle va rebondir bien plus tard Stephen Baxter. Mais ceci est une autre histoire…
Lire aussi chez Guillaume, Ausländer, Bladelor, Orkan Von Deck, If is dead.
Chronique écrite dans le cadre du challenge « Winter Time Travel saison 3 » de Lhisbei et du challenge « Les chefs d’oeuvre de la SFFF » de Snow.
Je garde un bon souvenir de ce classique moi aussi, même si ça manque de timey-wimey comme on en fera par la suite, c’est une belle aventure ! 😀
C’est un précurseur, et à ce titre, c’est une jolie réussite !
Yep, un bon classique.
Yep !
« Capitalisme ». J’ai eu la chance de lire tous ces classiques dans ma jeunesse – la maman d’un copain lui avait fait une bibliothèque pointue. J’en garde un excellent souvenir, avec des scènes étranges et poétiques.
Corrigé, merci ! 😉
J’ai malheureusement un retard irrattrapable, mais je fais quand même ce que je peux pour le combler…^^
Voici un classique que je lirais bien prochainement (enfin j’espère si je trouve le temps). Je te conseille le film qui est pas mal non plus. Enfin, le vieux film.
Ah oui, le vieux film je ne l’ai pas vu. En revanche, j’ai vu la version 2002 (réalisée pas l’arrière petit-fils de Wells) qui est… comment le dire poliment… hum…