Épées et démons, tome 1 du cycle des épées, de Fritz Leiber
Dans la catalogue des cycles emblématiques du genre fantasy, « Le cycle des épées » de Fritz Leiber figure en bonne place. L’auteur a travaillé une bonne partie de sa vie sur ce cycle, les premières nouvelles ayant été écrites en 1934. On touche donc là à un des fondements de l’heroic-fantasy. Mais parfois, les récits fondateurs, c’est comme la beauté (ou les vins, ou les fromages, ou…) : ça vieillit plus ou moins bien… Qu’en est-il ici ?
Quatrième de couverture :
Par-delà les abîmes du temps et les dimensions inconnues rêve le monde antique de Nehwon, avec ses tours, ses crânes et ses joyaux, ses cavaliers, ses sortilèges et ses épées. C’est là que, loin au sud, aux bouches sableuses du fleuve Hlal, entre la Mer Intérieure et le Grand Marais Salé, se dresse la métropole de Lankhmar, aux murs massifs, aux rues sinueuses, pleine de voleurs, de prêtres tondus, de magiciens maigres et de marchands bouffis. La Cité de la Toge Noire était un lieu de rencontre approprié pour Fafhrd et le Souricier Gris, ces deux crapules fantasques. A travers le brouillard, à la lueur des torches lointaines, ils se jetèrent un regard de défi. Fafhrd, un barbare des Déserts Froids, on le voyait bien. Le Souricier, plus mystérieux, mais qui faisait penser à des espaces brûlés de soleil. Deux fragments d’un même héros. Leur amitié serait plus longue que mille quêtes. Mais ils ne le savaient pas encore.
Laurel et Hardy en fantasy ?
Composé de trois longues nouvelles (ou peut-être sont elles des novellas, au moins pour deux d’entre elles…), écrites dans le désordre (1970 pour la première et la troisième, 1962 pour la deuxième), mais remise dans l’ordre chronologique de l’histoire, le recueil débute, après une introduction de l’auteur lui-même revenant sur son oeuvre (permettant de noter que réduite Fritz Leiber à son « Cycle des épées » est vraiment trop réducteur) puis une courte introduction au cycle, par les origines de Fafhrd dans le récit « Les femmes des neiges ».
Au sein d’un peuple dans lequel l’emprise des femmes sur les hommes est particulièrement castrateur, Fafhrd va profiter du passage d’une troupe d’acteurs pour tenter de s’émanciper de cette société rigide et découvrir ce qui le fascine depuis longtemps : la civilisation. Mais cela ne se fera pas sans mal, sa mère ne l’entendant pas de cette oreille… C’est un récit sympathique, mais pas particulièrement passionnant. Il est vrai qu’il est chronologiquement le premier du cycle, et pourtant j’ai eu le sentiment que ne pas connaître le protagoniste principal plus avant à travers ses aventures ultérieures le désavantage. Peut-être une nouvelle qui aurait tout intérêt à être lue comme une préquelle à un cycle déjà bien installé.
La deuxième nouvelle, « Le rituel profané », présente les origines du deuxième personnage principal du cycle : le Souricier Gris. Plus nerveuse, beaucoup plus courte, gardant une certaine part de mystère concernant le héros, j’ai nettement plus accroché à ce récit, même si là encore l’intérêt en serait peut-être décuplé une fois quelques aventures du duo avalées.
Et enfin, point d’orgue de ce premier volume du cycle, la novella « Mauvaise rencontre à Lankhmar » qui a récolté le prix Nebula de la novella en 1970 et le prix Hugo dans la même catégorie en 1971. Fritz Leiber réunit ici les deux héros pour la première fois. Et j’ai adoré cette histoire. Il y a de l’humour à travers ces deux personnages qui vivent de petits larcins, leur rencontre ne manquant pas de piquant. Il y a de l’action bien sûr, de l’aventure, et il y a un contexte que l’on sent déjà saisissant : la cité de Lankhmar. Sombre, glauque, dangereuse, ne faisant pas de cadeaux à ses habitants, on a un peu là l’archétype de la civilisation décrite par Robert E. Howard et dont son personnage Conan a horreur : c’est la décadence à tous les étages. Et c’est justement là qu’on peut pointer une différence fondamentale en Conan et Fafhrd, alors qu’au premier abord ils se ressemblent. Car Fafhrd est fasciné par cette civilisation, il a toujours voulu la découvrir. Et ce malgré les déboires qu’il va vivre. Et c’est un autre point fort du récit : la dichotomie entre le ton léger personnifié par les deux héros, et la noirceur du drame qui va les unir par des liens indéfectibles. Ce drame qui arrive sans prévenir, et qui frappe par sa force et par l’évocation qu’il suscite dans l’esprit du lecteur.
Une lecture prometteuse donc ! Malgré un début sympathique mais parfois un peu poussif, ce premier volume est illuminé par une superbe troisième novella. C’est donc un bon début de cycle, et je n’ai pas l’intention de m’arrêter là !
Lire aussi chez Aphrael, Efelle (4 tomes).
Chronique écrite dans le cadre du challenge « JLNN » de Lune.
Jamais lu !
Moi non plus !
Mais ça, c’était avant ! 😀
J’ai adoré il y a très longtemps.
Guillaume tu y retrouverais un peu de l’ambiance de Wastburg.
Voilà qui va me faire aller voir encore un peu plus du côté de Wastburg… 😉
C’est marrant car j’ai lu ce cycle il y a longtemps (comme celui d’Elric d’ailleurs) et je pensai justement le relire un des ces jours. Il faut juste que j’arrive à le caler dans ma PAL…
Comme d’hab’, je continue de combler le gouffre dans ma culture… Ici, c’est du bon !
Tiens, je les ai à la maison mais encore jamais lu. Tu me donnes envie de le faire une fois le déménagement derrière moi. On pourrait presque faire de la LC pour les suivant?
Ben écoute pourquoi pas !
On avait déjà parler d’une LC pour « Perdido Street Station » également… Pas forcément simple de caser tout ça dans l’immédiat, j’ai un planning chargé pour les semaines qui viennent !
Pour ce cycle, j’ai donc un tome d’avance. Quand tu auras lu le premier tome, fais moi signe pour la suite ! 😉
OK, pas pressé non plus. Mes livres sont déjà rangés dans des caisses pour mon déménagement début février. Cela peut donc se faire plus tard. Je dois déjà te ratrapper.
Pour Perdido Street, cela peut se lancer plus tôt si tu veux? Je l’ai pas rangé exprès. 😉
Une des rares fantasy à laquelle j’accroche. Des persos très sympathiques et un univers pas du tout balisé – un des défauts de la fantasy en général.
Clairement, ça n’accuse pas du tout son âge !
A la base je cherchais à relire des nouvelles plus tardives mais j’avoue qu’à la relecture Mauvaise rencontre… m’a captivé.
Une des pierres fondatrices de la fantasy et contrairement à Howard c’est lisible.
De ce que j’en ai lu, je n’ai pas trouvé Howard illisible, mais quand il faisait dans l’alimentaire, ça se sentait vraiment…
Je te rejoins sur la qualité de « Mauvaise rencontre à Lankhmar », vraiment une excellente novella !
Je l’ai lu il y a bien longtemps (dans la galaxie lointaine très lointaine qu’est le lycée xD). A lire ton avis, je crois bien avoir tout oublié, sinon la 3e nouvelle, qui est vraiment un classique. J’ai jamais continué la série, mais je trouve que c’est comme Conan, c’est sympa d’en avoir lu un bout ou deux parce que ça a influencé beaucoup d’auteurs (y’avait même une référence dans Baldur’s Gate de mémoire ^^)
J’ai tellement apprécié « Mauvaise rencontre à Lankhmar » que je ne peux que continuer la lecture du cycle. Seul problème : pas facile de trouver les livres, plus édités depuis bien longtemps…
Ah oui en effet, j’ai regardé aujourd’hui c’est pas la joie, même les Bragelonne plutôt récents semblent épuisés. Si je les croise à 1 euro chez Boulinier, je penserais bien à toi 😀
Encore un truc que je ne connaissais pas. Ce qui est cool Lorkhan, c’est que tu dis chercher à boucher les trous dans ta culture, et du coup, je profite du même mouvement. Alors merci. Par contre, je te prie de ne pas lire ce commentaire en y cherchant d’éventuelles mais légitimes métaphores sexuelles, tu risquerais de ne plus jamais vouloir venir sur ton blog. ^^
Je suis ravi de boucher ton trou… de cul…ture !
Amis de la poésie, bonjour ! 😀
La référence de la sword & sorcery : et en plus cela a bien vieillit.
On a rarement fait mieux avant, et on a rarement fait mieux après !
Pour ne rien gâcher s’est saupoudré de moult passages érotiques, comme l’histoire de la concubine du vendredi, des 3 prêtres eunuques et de l’esclave de Samos…
En effet, je suis étonné de voir à quel point ça se lit bien encore aujourd’hui ! De la bonne fantasy, incontestablement !
Et puis s’il y a des passages érotiques, je ne peux que lire la suite ! 😉
Les Salauds Gentilshommes de Scott Lynch s’inspirent assez clairement du Cycle des Épées même si ce dernier trouve bien sa propre voie. Certains s’obstinent à ne pas voir de liens entre les 2 oeuvres, pourtant l’auteur les revendique.
Concernant l’érotisme, une simple nouvelle comme les Bijoux dans la Forêt peut rapidement partir en couilles sans mauvais jeu de mots…
Les descriptions étant assez explicites, la lecture faire sourire !
Ça tombe bien, j’ai aussi adoré les Salauds Gentilshommes ! Comme quoi, je dois être fait pour apprécier ce type de fantasy !
Pour l’érotisme, si évidemment le récit n’est centré que sur ça, ça ne va peut être pas être palpitant (quoique…), mais si c’est bien intégré dans un récit intéressant… Je verrai bien en le lisant !
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