Le canal Ophite, de John Varley
Après avoir eu une bien jolie première expérience avec John Varley, et sur les conseils de Gromovar, me voici lancé sur le premier roman de l’auteur, « Le canal Ophite », écrit en 1977, et précurseur de la série des « Huit Mondes » dans laquelle Varley insérera par la suite la majorité de ses textes (notamment de nombreuses nouvelles).
Quatrième de couverture :
Depuis quatre siècles, le Canal Ophite — un rayon laser dont nul ne connaît la source — déverse à travers l’espace un flot d’informations de haute technologie. Et depuis quatre siècles, la communication se déroule à sens unique : que pourraient en effet donner en échange des Terriens appauvris, chassés de leur planète par de mystérieux envahisseurs et dispersés aux quatre coins du système solaire ? Un jour, cependant, le Canal Ophite lance un mystérieux avertissement : il frappera l’humanité de terribles sanctions s’il ne reçoit pas le « prix » de ses services.
Sur Aquarius 14, le message atteint Lilo, une jeune biologiste sur le point d’être exécutée pour avoir procédé à des expériences interdites. Elle mourra mais, par clonage, renaîtra encore et encore, et ses incarnations multiples convergeront toutes, intrépides, vers l’énigme du Canal Ophite…
La guerre des clones
Déroutant ! Voilà un terme qui correspond bien à ce roman ! En effet, à plusieurs reprises durant ma lecture, je me suis quelque peu trouvé largué. Largué car John Varley met du temps à installer une intrigue. Elle se met en place petit à petit, tout au long du roman, soit au travers des actes et des révélations des personnages, soit au travers de quelques digressions qui permettent de mieux expliquer l’univers dans lequel se situe « Le canal Ophite ». Pas toujours facile à suivre !
L’univers est pourtant fort intéressant : les humains se sont vus en grande partie exterminés lors d’une invasion de la Terre par de mystérieux extra-terrestres (que d’ailleurs personne n’a vraiment vu !) qui ont détruit toutes les infrastructures terriennes, causant la mort de milliards d’individus. Le reste de l’espèce humaine se retrouve dispersé dans le système solaire : sur la Lune, différentes planètes (Mars, Pluton), des satellites de ces planètes, ou bien même des astéroïdes ou des stations spatiales. Pourtant, leur technologie continue d’évoluer grâce à des données provenant d’une lointaine étoile (Ophucius 70) via un puissant laser extraterrestre, le fameux canal Ophite.
C’est dans ce contexte que Lilo, une scientifique, se retrouve condamnée à mort pour avoir voulu un peu trop jouer avec la génétique humaine. Mais Tweed, un milliardaire désireux de reconquérir la Terre par tout les moyens, va « l’embaucher » (ou plutôt la contraindre à travailler pour lui) en envoyant un clone se faire exécuter à sa place. Lilo ne souhaite qu’une chose : retrouver la liberté. Ses tentatives d’évasion ne se passeront pas comme prévu, mais Tweed est un homme prévoyant, car à chaque échec mortel de Lilo, un clone reprendra sa place…
On le voit, il y a vraiment de la matière avec un univers riche et cohérent (je suis de vous avoir tout dévoilé…) mais aussi coloré par de nombreux éléments assez loufoques (on peut acheter des trous noirs au marché de Pluton par exemple). Et même si le ton de John Varley est toujours plein d’humour, nous ne sommes tout de même pas en présence d’un roman parodique. C’est plutôt du genre « sérieux pince-sans-rire ». Et c’est plutôt efficace !
En revanche, comme je le dis plus haut, j’ai été perdu plus d’une fois, la faute à cette intrigue dont on a du mal à saisir le sens, et une narration parfois trop brouillonne. Pour autant, les nombreux thèmes traités par Varley, aussi bien en terme de réflexion (comme les manipulations génétiques, ou les transformations esthétiques) qu’en terme de traitement narratif (le traitement des différents clones des personnages est tout ce qu’il y a de plus exemplaire, les personnages sont ainsi démultipliés au gré de leurs différents clonages, et leurs relations s’en trouvent parfois bouleversées) tout comme l’univers mis en place rendent ce roman intéressant à plus d’un titre. Sans compter que la fin du roman, bien qu’un peu rapide, offre de superbes perspectives.
Oeuvre de jeunesse, « Le canal Ophite » n’est donc pas le chef d’oeuvre que j’attendais, plombé par quelques défauts parfois gênants. Néanmoins, le « ton » Varley que j’avais beaucoup apprécié dans « Persistance de la vision » (et dont trois des quatre nouvelles font partie du même univers que ce roman) est déjà bien présent, et je crois que cet auteur à tout pour me plaire. Malheureusement trop peu traduit en France, je compte tout de même découvrir d’autres romans de l’auteur, comme « Les gens de la Lune » ou « Le système Valentine », toujours situés dans ce même univers des « Huit Mondes ».
Lire les avis de Guillaume, Anudar.
Chronique écrite dans le cadre du challenge « Summer Star Wars, épisode VI » de Lhisbei.
Un premier roman écrit d’une traite par un auteur heinleinien. Un grand plaisir de lecture pour ma part !
Et ta critique le reflète bien !
Quitte à faire mon gros pisse-vinaigre, j’avais vraiment eu du mal avec le fait que le roman partait dans tous les sens. J’avais bien aimé, j’avais trouvé l’univers excellent, mais au-delà de ça, je ne me souviens plus de grand-chose. Me souviens même plus de la fin. Bref, il m’avait pas laissé un souvenir impérissable.
C’est sûr, ça part dans tous les sens, mais c’est aussi le style Varley. J’avoue que j’aime bien malgré tout, mais il faut parfois s’accrocher pour ne pas être largué…