Rendez-vous avec Rama, de Arthur C. Clarke
Mon premier Arthur C. Clarke ! Voilà qui en fera frémir certains (ils se reconnaîtront ! 😀 ) ! Ceci dit, ce n’est pas tout à fait ma première lecture de l’auteur, puisque j’ai déjà lu ce roman il y a pas mal d’années de cela, durant l’adolescence. Il m’avait fait forte impression à l’époque, mais je dois dire que les détails se sont fortement estompés. Je ne me souvenais plus que de l’histoire générale, sans parvenir à me souvenir de la fin. Il s’agit donc d’une relecture, qui me titillait depuis un moment, et que le challenge de Lhisbei a fini par concrétiser. Le charme opère-t-il toujours ?
Quatrième de couverture :
2130. Un objet spatial non identifié est localisé dans le système solaire : c’est un cylindre aux proportions extraordinaires – 30 km de long -, et qui se déplace au tiers de la vitesse de la lumière – 100 000 km/h. Il sera baptisé Rama. La curiosité cède cependant le pas à l’effarement quand l’équipage du vaisseau spatial « Endeavour » parvient à pénétrer dans son habitacle. Car cet « Artefact », qui semble n’avoir jamais subi la moindre altération du temps, contient en son sein un véritable monde miniature. Son exploration minutieuse révèle en effet une mer, des reliefs, des routes, des villes… Un univers de silence et de non-vie, où tout semble d’une haute technologie et pourtant vieux de millions d’années ! Qui peut bien être aux commandes de Rama ?
Mystère spatial
Au 22ème siècle, l’humanité découvre un artefact vraisemblablement d’origine extraterrestre qui traverse le système solaire. L’occasion est trop belle pour ne pas l’explorer, et qui sait, tenter d’entrer en contact avec ses créateurs. Arthur C. Clarke ne s’embarrasse pas d’une trop longue introduction, alors que le lecteur n’attend qu’un chose : découvrir ce qu’est Rama, quel est son but, et qui sont ses habitants. Notons tout de même que le système mis en place dans le roman pour détecter les astéroïdes a effectivement été mis en place bien des années plus tard par la NASA. Ça situe le niveau d’exactitude scientifique de l’auteur…
Et puis vient l’exploration. Et la finesse de l’écriture de Clarke fonctionne à merveille. Ses descriptions précises de la configuration et des étranges paysages de Rama font naître des images dans l’esprit du lecteur qui, désirant tellement en savoir plus sur cet objet, ne peut plus lâcher le roman avant la fin ! En tout cas, c’est ce qui m’est arrivé, signe d’une incroyable et passionnante plongée en apnée dans cet étrange cylindre. Je ne vous dirai bien sûr rien de ce que les explorateurs découvrent à l’intérieur, puisque tout l’intérêt de ce roman se situe là, dans cette exploration méthodique mais aussi rapide, avant que l’objet ne poursuive sa route, à moins que… Et malgré un propos assez scientifique, Arthur C. Clarke arrive à donner une dimension contemplative au roman, de par l’immensité incompréhensible de Rama. Il y a également quelques passages un peu plus tendus, pour rythmer le récit.
Alors certes, l’écriture d’Arthur C. Clarke n’est pas sans défaut non plus, le premier d’entre eux étant commun à des bien des auteurs de hard-SF : le style est assez sec, froid, et la psychologie des personnages n’est pas la préoccupation première de l’auteur. Il faut dire que le personnage principal du roman, c’est bel et bien Rama lui-même, objet si mystérieux, objet de fantasme, de convoitise, de crainte également, objet vieux de plusieurs dizaines, voire centaines de milliers d’années, et qui semble revenir à la vie, mais dans quel but ? Il aurait été tellement facile pour l’écrivain de pondre une histoire où le mystère cède sa place à une explication détaillée, où tous les tenants et les aboutissants sont explorés. Mais c’est tout ce mystère que Clarke a su maintenir tout au long du récit qui fait la force de « Rendez-vous avec Rama ». Comme au cinéma, moins on en dévoile, mieux ça fonctionne. C’est pleinement le cas ici, et on referme le roman, convaincu d’avoir vécu un grand moment, émerveillé par tant de mystères, réflechissant à la place de l’homme dans l’univers, voire à la petitesse de l’homme face à ce qui le dépasse complètement (le rapprochant en cela de « Stalker » des frères Strougatski).
Ce roman, qui a obtenu de nombreux prix (entre autres : Locus 1973, Hugo et Nebula 1974, soit les plus prestigieux) a connu plusieurs suites qui ont, elles, bien moins bonne presse. Sans doute est-il préférable de rester sur mon excellente impression. Superbe !
Lire les critiques de Guillaume, Ryû.
Chronique écrite dans le cadre du challenge « Summer Star Wars, épisode VI » de Lhisbei.
Pareil que toi, je l’ai lu il y a très longtemps sans en garder un souvenir très précis, à part de l’avoir apprécié.
A remettre dans ma PAL à l’occasion 😉
Complètement, il est toujours aussi passionnant !
C’est l’un des premiers romans SF que j’ai lu, relu récemment. Je crois que chez Clarke, il vaut mieux lire les premiers de série, c’est souvent le meilleur.
J’en resterai aussi à 2001 alors, pas après ! 😉
J’ai longtemps pensé que ce livre était inabordable, trop « Hard Science », mais ta critique a réussi à éviller ma curiosité 😉
Je note sur ma LAL !
Ah non, juste un peu hard-science, mais pas de concepts scientifiques complètement obscurs.
Ça reste très abordable, et pour peu qu’on ne soit pas totalement fermé au genre, je le recommande chaudement. Il y a un vrai « sense of wonder », non pas dû à des situations qui retournent l’esprit (quoique… on ne rencontre pas tous les jours un artefact extraterrestre !), mais le « mystère Rama » fait naître fait naître tant de questions dans l’esprit du lecteur que le roman devient par essence véritablement vertigineux.
Je me souviens avoir bien apprécié le roman, sans non plus d’enthousiasme débordant. Je crois que c’est dû à ce phénomène Hard Sf que tu décris si bien, dans lequel on retrouve des narrations froides et des personnages peu attachants, alors que le sujet est passionnant.
C’est sûr que si tu le lis en espérant t’attacher aux personnages, tu ne peux qu’être déçue… Il n’y a qu’un seul personnage dans ce roman : Rama. Tous les autres ne sont que des archétypes faits pour faire avancer l’intrigue.
En revanche, tout le reste du roman est fabuleux.
J’ai lu pas mal de A.C. Clarke quand j’étais au lycée (dont toute la série de 2001 à 3001), mais j’avoue avoir un peu peur de replonger dans son oeuvre, même si je n’ai jamais lu Rama.
Là encore, c’est le seul Clarke que j’ai lu, mais vraiment, quelle aventure !
Je n’ai jamais lu de Clarke, mais chaque fois que je me dis qu’il faudrait quand même que le découvre cet auteur, je pense à Rama. Déjà parce que 2001 me fait peur, après avoir vu le film, et Rendez-vous avec Rama est probablement le plus connu avec 2001. Ensuite parce que j’ai joué à un jeu qui s’appelait Rama, basé sur le livre, et que déjà à l’époque je m’étais dit qu’il faudrait que je lise le livre. Par contre ta comparaison à Stalker m’inquiète un peu, parce que j’ai moyennement apprécié Stalker. Mais bon il faudra que je m’y mette quand même un jour 😀
Pour Stalker, ne t’inquiète pas, je n’ai pas vraiment apprécié non plus. J’y ai fait mention dans cette chronique uniquement pour le thème qui au final peut y faire penser. Le traitement n’a par contre rien à voir ! 😉
Ça me rassure, merci 🙂
Halàlà quel génie ce Clarke !! Je viens de finir ce Rama et c’était vraiment merveilleux.
Tu n’as jamais lu les suites depuis ce billet? Je ne suis pas tout à fait persuadée de le faire, moi non plus (rapport à ce que tu dis à la fin de ton billet). Il était en collaboration avec quelqu’un d’autre, ça fait moins envie…
Ha cool, je suis content, j’adore ce roman, ce sense of wonder typiquement clarkien ! 🙂
Non je n’ai toujours pas lu les suites, et à vrai dire je préfère continuer à lire l’oeuvre (plutôt vaste !) de Clarke seul plutôt que ses collaborations peut-être lucratives mais moins excitantes (quoique celles avec Stephen Baxter semblent être intéressantes)…
Et en plus, je préfère que le mystère, élément fondamental de ce roman, reste présent dans mon esprit plutôt que de tout savoir dans les suites et de diluer ce qui en fait son intérêt.
Ce matin je n’ai pas résisté, j’ai regardé le résumé de Rama II sur Wiki, puis celui de The Gardens of Rama car Rama II ne m’enthousiasmait pas; et bien ça a l’air de partir (littéralement et métaphoriquement) à des années-lumière, je vais clairement m’abstenir. 😀
Ça confirme ce que je pensais, je m’abstiens donc également. 😉
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