Un monde d’azur, de Jack Vance

Posted on 24 août 2012

Dans la catégorie auteur culte de science-fiction, Jack Vance, du haut de ses 96 ans, s’impose comme l’un des poids lourds. Il était donc temps que je me penche sur ses écrits. Et pour commencer « léger » (c’est à dire avant de m’engager dans un cycle, ou bien également léger financièrement parlant), je me suis donc lancé dans ce court roman. Court certes, mais tout de même considéré comme l’un de ses meilleurs.

 

Quatrième de couverture :

Il y a treize générations, un astronef-prison s’est écrasé sur un monde d’azur. Un vrai paradis. Du soleil, la mer à perte de vue, des îles flottantes, des nourritures marines à profusion, Les castes des Détourneurs, des Voyous, des Canailles et des Publicistes se sont adaptées sans peine à cet environnement enchanteur. Mais tout paradis a ses démons. Les Kragens sont des monstres marins semi-intelligents qui dévorent volontiers les réserves des humains. Le plus redoutable d’entre eux est le Roi Kragen qui protège les humains s’ils le nourrissent. Un protecteur de plus en plus avide à mesure qu’il grossit. Mais comment s’en débarrasser sans armes et sur un monde liquide où le métal est introuvable ?

 

Un monde exotique

Jack Vance est bien connu pour ses descriptions de planètes lointaines et de sociétés exotiques. C’est tout à fait le cas ici où, sans autre introduction, l’auteur nous décrit les rouages de cette société issue du naufrage d’un vaisseau spatial, il y a plus d’une dizaine de générations. C’est planète est très largement couverte d’eau, parsemée de quelques îles constituées de grandes plantes aquatiques sur lesquelles les naufragés se sont installés. Pas de terre, de sable ou de métal sur cette planète, les hommes ont dû s’adapter et tirer leur ressources des éléments naturels à leur portée : poissons, plantes, etc… Divisés en castes, les nouveaux habitants de cette planète vivent en paix, jusqu’à ce que l’un d’entre eux, lassé de voir le Roi Kragen, énorme monstre marin, ravager les récoltes, se soulève. Le hic, c’est que le Roi Kragen est une quasi-divinité dans cette société, nourri par les hommes en échange de sa protection contre les autres kragens. Lorsque Sklar Hast, l’élément perturbateur du roman, décide donc de tuer le Roi Kragen, les intercesseurs (membres de la caste chargés de communiquer avec le monstre) ne peuvent rester sans rien faire…

Sous une intrigue simple, Jack Vance met donc en scène un homme épris de liberté qui se soulève face à ce qui ressemble bien à de l’obscurantisme religieux, et les manipulations qui en découlent. Sklar Hast sera celui par qui la rupture arrive dans cette société en apparence idyllique, le leader d’une rébellion qui la scindera en deux. Posant de bonnes questions (jusqu’où est-on prêt à aller, quid de ceux qui sont dans l’autre camp, réflexions sur ceux qui s’accrochent à leurs privilèges, etc…), ce roman reste fondamentalement un grand roman d’aventure. La société imaginée par l’auteur est intéressante, de même que tout l’écosystème de la planète (et tout y passe : faune, flore, architecture, technologie, etc…). Les images créés par Jack Vance sont très fortes et rendent le roman dépaysant, exotique et surtout passionnant. La redécouverte de certains éléments technologiques et l’étude des écrits des « anciens », c’est à dire les naufragés d’origine (ces deux éléments faisant d’ailleurs penser au « Vol du dragon » de Anne McCaffrey) ajoute un peu de mystère au tout.

Il en résulte un roman court, trépidant, intelligent, rythmé, dépaysant. Et c’est un bien belle performance que d’avoir réussi à rassembler tout cela dans ce roman. Alors oui, c’est un début franchement positif, un excellent planet-opera, et il y aura sans aucun doutes d’autres écrits de Jack Vance sur ce blog !

Lire les avis de Sylvain, Vicklay, et Efelle.

Chronique écrite dans le cadre du challenge « Summer Star Wars, épisode VI » de Lhisbei.

  
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