Un monde d’azur, de Jack Vance
Dans la catégorie auteur culte de science-fiction, Jack Vance, du haut de ses 96 ans, s’impose comme l’un des poids lourds. Il était donc temps que je me penche sur ses écrits. Et pour commencer « léger » (c’est à dire avant de m’engager dans un cycle, ou bien également léger financièrement parlant), je me suis donc lancé dans ce court roman. Court certes, mais tout de même considéré comme l’un de ses meilleurs.
Quatrième de couverture :
Il y a treize générations, un astronef-prison s’est écrasé sur un monde d’azur. Un vrai paradis. Du soleil, la mer à perte de vue, des îles flottantes, des nourritures marines à profusion, Les castes des Détourneurs, des Voyous, des Canailles et des Publicistes se sont adaptées sans peine à cet environnement enchanteur. Mais tout paradis a ses démons. Les Kragens sont des monstres marins semi-intelligents qui dévorent volontiers les réserves des humains. Le plus redoutable d’entre eux est le Roi Kragen qui protège les humains s’ils le nourrissent. Un protecteur de plus en plus avide à mesure qu’il grossit. Mais comment s’en débarrasser sans armes et sur un monde liquide où le métal est introuvable ?
Un monde exotique
Jack Vance est bien connu pour ses descriptions de planètes lointaines et de sociétés exotiques. C’est tout à fait le cas ici où, sans autre introduction, l’auteur nous décrit les rouages de cette société issue du naufrage d’un vaisseau spatial, il y a plus d’une dizaine de générations. C’est planète est très largement couverte d’eau, parsemée de quelques îles constituées de grandes plantes aquatiques sur lesquelles les naufragés se sont installés. Pas de terre, de sable ou de métal sur cette planète, les hommes ont dû s’adapter et tirer leur ressources des éléments naturels à leur portée : poissons, plantes, etc… Divisés en castes, les nouveaux habitants de cette planète vivent en paix, jusqu’à ce que l’un d’entre eux, lassé de voir le Roi Kragen, énorme monstre marin, ravager les récoltes, se soulève. Le hic, c’est que le Roi Kragen est une quasi-divinité dans cette société, nourri par les hommes en échange de sa protection contre les autres kragens. Lorsque Sklar Hast, l’élément perturbateur du roman, décide donc de tuer le Roi Kragen, les intercesseurs (membres de la caste chargés de communiquer avec le monstre) ne peuvent rester sans rien faire…
Sous une intrigue simple, Jack Vance met donc en scène un homme épris de liberté qui se soulève face à ce qui ressemble bien à de l’obscurantisme religieux, et les manipulations qui en découlent. Sklar Hast sera celui par qui la rupture arrive dans cette société en apparence idyllique, le leader d’une rébellion qui la scindera en deux. Posant de bonnes questions (jusqu’où est-on prêt à aller, quid de ceux qui sont dans l’autre camp, réflexions sur ceux qui s’accrochent à leurs privilèges, etc…), ce roman reste fondamentalement un grand roman d’aventure. La société imaginée par l’auteur est intéressante, de même que tout l’écosystème de la planète (et tout y passe : faune, flore, architecture, technologie, etc…). Les images créés par Jack Vance sont très fortes et rendent le roman dépaysant, exotique et surtout passionnant. La redécouverte de certains éléments technologiques et l’étude des écrits des « anciens », c’est à dire les naufragés d’origine (ces deux éléments faisant d’ailleurs penser au « Vol du dragon » de Anne McCaffrey) ajoute un peu de mystère au tout.
Il en résulte un roman court, trépidant, intelligent, rythmé, dépaysant. Et c’est un bien belle performance que d’avoir réussi à rassembler tout cela dans ce roman. Alors oui, c’est un début franchement positif, un excellent planet-opera, et il y aura sans aucun doutes d’autres écrits de Jack Vance sur ce blog !
Lire les avis de Sylvain, Vicklay, et Efelle.
Chronique écrite dans le cadre du challenge « Summer Star Wars, épisode VI » de Lhisbei.
Vu que j’ai dû tout lire de ce que je pouvais de Jack Vance – en français – j’avoue que je suis un peu songeur 🙂 Ça fait étrange de croiser un lecteur de SF qui en est à son premier Vance. Je ne commenterai pas le bouquin – ça fait très longtemps que je l’ai lu. Je dirai juste que la couv – de Paternoster ? – est très … euh…
La thématique est en tous les cas assez courante dans les romans/nouvelles de Vance (l’individu qui s’oppose à une société étouffante).
En fait, sur ce blog, il y a beaucoup de « mon premier… » tout simplement parce que j’ai lu essentiellement de la fantasy quand j’étais au collège (voire avant), puis que j’ai laissé tomber la lecture. Je ne m’y suis remis sérieusement qu’il y a deux-trois ans. D’où mon inculture générale sur de très nombreux illustres auteurs de SF… Si tu veux en savoir un peu plus sur moi, j’en raconte un peu par ici : http://quoideneufsurmapile.blogspot.fr/2012/03/les-blogueurs-parlent-aux-blogueurs.html
La couverture est bien signée Paternoster, et euh… oui elle est spéciale. Elle aurait pu fonctionner aussi bien pour un manga hentaï…^^
« Elle aurait pu fonctionner aussi bien pour un manga hentaï…^^ »
Mouarf, c’est plus ou moins ce que je me suis dit en débarquant sur le blog tout à l’heure. ^^
Tu es aussi vicieux que moi en fait ! 😀
Comme la SF est une littérature qu’il vaut mieux croiser à l’adolescence, ce doit être une drôle d’initiation.
Il n’est jamais trop tard… 😉
C’est vrai que pour ce roman en particulier, ça doit très bien passer pour un adolescent.
Maintenant, je le prends pour ce qu’il est : un « simple » grand roman d’aventure, SF et exotique. Une bonne lecture divertissante et intelligente.
Oh, et je ne sais pas s’il vaut « mieux » croiser cette littérature à l’adolescence… C’est trop l’assimiler à un plaisir régressif, ce qu’il est parfois, mais pas toujours, loin de là…
En bon néophyte, je découvre encore un truc qui aiguise mon appétit. Merci Lorhkan.
Par ailleurs, je suis curieux de voir ce que tu vas nous écrire sur « la Guerre Eternelle » puisque je vois que tu es dessus. Car oui, contre toute attente, je l’ai lu celui-là.
Mais de rien ! 😉
Je suis bien sur « La guerre éternelle » en ce moment… Chronique la semaine prochaine si tout va bien !
Je pense qu’il vaut mieux aborder la SF à l’adolescence parce que c’est une littérature qui stimule l’imagination et qu’on peut lire avec un immense plaisir des choses qui passent moins bien avec l’âge. Et c’est aussi une lecture qui aide à se construire, qui aide à avancer. Certains romans SF se lisent très bien une fois adulte mais perdent l’impact de la découverte.
Et moi ?
http://efelle.canalblog.com/archives/2007/10/06/6445243.html
Un bon petit Vance en effet. Son passage en fantasy tant avec Cugel que Lyonesse est mémorable.
Emphyrio vaut le détour, très différent du Vance habituel.
Sinon il y a aussi la Geste des Princes Démons, une traque vengeresse à travers l’univers, les deux derniers tomes sont excellents, tout simplement.
Oups, je te linke tout de suite ! 😉
Pour les autres Vance, je n’ai pas encore fait mon choix, mais il y en aura, c’est sûr !
Je n’ai lu que des romans de fantasy de Jack Vance, faut vraiment que je m’intéresse à sa SF un jour ^^
Oui, surtout qu’il a écrit plus de SF que de fantasy. Mais bon, je ne suis vraiment en situation de donner des conseils, vu comme je suis à la bourre sur les auteurs « classiques »…^^