Hunger Games, le film, de Gary Ross
Habituellement, s’agissant d’un film adapté d’un roman, je préfère toujours lire le roman avant de voir le film. En effet, bien souvent le livre est plus « complet », alors que le film (même si l’adaptation se révèle de très bonne qualité) peut se révéler quelque peu tronqué pour tout faire tenir en deux heures. Or, concernant « Hunger Games », je suis passé totalement à côté du buzz sur le roman de Suzanne Collins, et n’ai donc pas eu le temps de le lire avant la sortie cinéma du film. Cela a aussi un avantage : voir l’adaptation avec des yeux vierges de tout parti pris personnel sur les personnages, les lieux, les situations, etc…
Et donc me voilà dans une salle obscure, pour voir ce fameux « Hunger Games ». Dans une Amérique du futur, dominée par un gouvernement totalitaire, chacun des douze districts qui se sont rebellés contre le pouvoir central des années plus tôt se voient obliger de désigner un garçon et une fille pour participer aux « Hunger Games », ces jeux télévisuels dans lesquels ils sont lâchés dans une arène naturelle et dans laquelle ils vont devoir s’entretuer pour qu’un seul d’entre eux en sorte vainqueur.
Ce pitch fait inévitablement penser au film (et au roman là encore) Battle Royale, qui avait grand bruit à l’époque de sa sortie. Sauf que là où « Battle Royale » (d’après mes souvenirs lointains en tout cas) allait droit au but, « Hunger Games » met tout un enrobage autour du jeu en question : il y a une vraie mise en situation sociale et politique, une présentation détaillée des personnages principaux. De plus on est ici dans un film pour adolescents/jeunes adultes, donc il y a une inévitable pointe de romance pour pimenter le tout. La dénonciation des dérives liées à la télé-réalité font également penser au film « Running-Man » avec Arnold Schwarzenegger (lui aussi basé sur un roman, décidément !).
La mise en scène est plutôt efficace, avec des images parfois marquantes qui rappellent des heures sombres de notre histoire : lorsque les habitants des districts se rassemblent pour la « Moisson » (c’est à dire le jour de la nomination des candidats), habillés et coiffés à la mode des années 40, difficile de ne pas penser aux rafles des juifs…
Les « jeux » en eux-même (comment ne pas penser aux jeux du cirque romains, mis en place pour garder le peuple sous contrôle, « du pain et des jeux ». Notons d’ailleurs que pain se traduit en latin par « panem », nom donné au pays dans lequel se passe le film) donnent lieu à un déchaînement de violence, certes voilée pour ne pas limiter le film à une frange trop étroite de spectateurs, mais cela reste parfois assez explicite. Les participants sont livrés à eux-mêmes, et certains d’entre-eux tuent sans état d’âme, même quand leur « ennemi » est encore un enfant (l’âge des candidats va de douze à dix-huit ans). Les alliances de circonstance font leur apparition, sachant bien qu’elles ne peuvent être que provisoires…
Les candidats bénéficient tout de même parfois d’une aide providentielle, arrivant en parachute, leur permettant de se soigner par exemple. Mais pour cela, il faut des sponsors, et pour avoir des sponsors, il faut plaire : plaire au peuple, faire de l’audience… L’héroïne du film, Katniss, va donc devoir se plier au règles du jeu pour s’en sortir, voire même plier les règles à son bénéfice quand elle prendra conscience de la façon dont marchent les choses dans ce jeu, comme le lui avait expliqué son mentor, un ancien vainqueur des « Hunger Games », lors de l’entraînement d’avant jeux…
On sent tout de même que l’adaptation passe un peu vite sur certaines choses : le mentor de Katniss est montré comme un alcoolique fini dans sa scène de présentation, puis passe bien trop rapidement vers son rôle de vrai mentor qui tient à ses « élèves », la société de Panem (de même que celle des districts) mériterait d’être un peu plus développée, mais les romans formant une trilogie (et les films aussi), nul doute que nous en apprendront plus dans le futur.
La réussite du film tient aussi à la bonne prestation des acteurs. Outre Woody Harrelson et Lenny Kravitz, Jennifer Lawrence est excellente dans son rôle de jeune fille indépendante, forte et courageuse. Elle est très charismatique, et sa présence très forte face à la caméra lui promet sans doute une belle carrière. Dommage que certains autres participants aux « Hunger Games » soient un peu caricaturaux (cela va du gros balèze bodybuildé sûr de lui, au gentil garçon un peu niais).
Dénonciation d’une société du plaisir, du divertissement avant tout, du voyeurisme malsain, du contrôle des masses par un spectacle répugnant, « Hunger Games » est une belle réussite, qui a le bon goût de ne pas sacrifier son propos sur l’autel du spectacle et de la rentabilité à tout prix (ce qui aurait été un comble vu le thème du film !). À voir ! Et du coup, prochaine lecture : « Hunger Games » ! J’avoue, j’ai envie d’en savoir plus, et cette fois je lirai les romans suivants avant la sortie en salle.
Chronique réalisée dans le cadre du challenge « Adapte-moi si tu peux », des Murmures d’A.C. de Haenne.
Mon avis rejoint le tien (même si j’avoue avoir trouvé les acteurs peu remarquables, même si pas mauvais), même si j’avais lu le roman avant (mais en général je fais abstraction pendant la séance, faire la chasse aux différences est un combat perdu d’avance et qui n’a que peu d’intérêt ^^).
On se recroisera sur les suites alors, j’ai réservé le tome 2 à la bibliothèque de mon côté 😀
Oh oui, on se recroisera ! 😉
Vraiment un bon film, pas sans défauts (sur lesquels je n’ai pas insisté, mais ils existent : caméra un peu trop « à l’épaule », musique vraiment pas marquante et surtout les moments d’émotion qui tombent un peu à plat), mais enthousiasmant quand même !
Alors quand je vois les lecteurs qui indiquent que le roman est encore plus prenant, je dis chouette !
Tiens, tu viens de partiellement répondre à une question que je me posais: est-ce que c’est compréhensible pour une personne n’ayant pas lu le livre. Parce que le film zappe tellement d’éléments que j’ai eu l’impression que plein de sous-entendus ne pourraient pas être compris (un peu comme pour les « Harry Potter »).
Par exemple, cette dénonciation de cette société de plaisir, ce n’est pas du tout ça dans le livre. Les Hunger Games sont des jeux télévisuels, oui, mais les gens hors Capitol n’ont d’autre choix que de les regarder, on les oblige à le faire, comme rappel constant du fait qu’ils ne doivent pas se rebeller, et peut-être un peu aussi comme forme de torture mentale. En dehors des riches, point de voyeurisme donc, que du contraire. Mais j’ai trouvé que ce n’était pas du tout bien montré ici, surtout avec Gale qui râle contre le fait que les gens regardent la chose (alors qu’à la base, ils n’ont pas le choix).
Le triangle amoureux également, est-ce qu’il est perceptible? Je n’en étais pas sûr. Il est sous-entendu, mais le film fait moins ressentir tout le côté « mise en scène » de l’amour entre Katniss et Peeta.
Plein de trucs comme ça qui font que ce divertissement honnête me semble un peu bâclé du côté de la lisibilité par des non-lecteurs. Bref, c’est encore tout frais dans mon esprit, j’en parlerai plus clairement demain sur le blog à mon avis ^_^.
Attention, ce message va contenir son lot de SPOILERS !!
J’enchaîne ma vision du film avec le roman justement (j’en suis à peu près à la moitié), pour voir les différences, et peut être constater que certaines insuffisances du film sont colmatées (même si les ne sont pas les mêmes entre livre et film).
Quand je parle de dénonciation de la société du plaisir, je pense bien évidemment aux gens du Capitole, pas aux habitants des districts.
Concernant le triangle amoureux, enfin surtout la relation Katniss-Peeta, là oui il y a clairement un problème dans le film, car il n’y a qu’un seul élément permettant de comprendre ce qui motive la décision de Katniss (simuler une histoire d’amour pour plaire au public, et donc « plier » les règles du jeu en leur faveur) de se rapprocher de Peeta (le mot de Haymitch dans le parachute à propos du baiser). Si on loupe ça, on peut penser que Katniss est amoureuse de Peeta, mais à ce moment là, c’est sans transition, et donc incompréhensible (compte tenu de leur relation avant cet évènement). Alors j’attends vraiment de découvrir comment le bouquin fait passer tout ça.
En fait, j’ai écrit ma chronique le lendemain de ma vision (chose que j’évite de faire en général, pour laisser « décanter » un peu, mais c’était le dernier jour du challenge donc j’en ai profité). Avec un peu de recul, même si je persiste (j’ai pris beaucoup de plaisir), certains défauts commencent à remonter à la surface, enfouis qu’ils étaient sous une grosse couche d’enthousiasme post-vision. 😉
Mais ça reste pour moi un bon film. Sans doute (très) perfectible, mais un bon film quand même.
Par contre, il y a autre chose qui me gène à la lecture du roman, plus que dans le film d’ailleurs, mais j’en parlerai sur l’article idoine… 😉
Tu m’intrigues, j’ai hâte de savoir ce qui te chiffonne!
Idem pour moi tu sais. Je le critique, mais je suis encore un peu dedans, et au final, j’ai bien aimé ce film, pour plein de petits trucs qui lui donnent vie et qui en font un peu plus que le divertissement lambda d’adolescent. Je suis juste déçue de voir qu’il n’est pas aussi porté que le livre sur la critique sociétale, bien présente dans la première partie, mais assez occultée dans la seconde, au profit de l’action pure.
Oups, je m’aperçois seulement maintenant que ton commentaire était dans la liste des spams…
Erreur corrigée !
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