Hunger Games, le film, de Gary Ross

Posted on 31 mars 2012

Habituellement, s’agissant d’un film adapté d’un roman, je préfère toujours lire le roman avant de voir le film. En effet, bien souvent le livre est plus « complet », alors que le film (même si l’adaptation se révèle de très bonne qualité) peut se révéler quelque peu tronqué pour tout faire tenir en deux heures. Or, concernant « Hunger Games », je suis passé totalement à côté du buzz sur le roman de Suzanne Collins, et n’ai donc pas eu le temps de le lire avant la sortie cinéma du film. Cela a aussi un avantage : voir l’adaptation avec des yeux vierges de tout parti pris personnel sur les personnages, les lieux, les situations, etc…

Et donc me voilà dans une salle obscure, pour voir ce fameux « Hunger Games ». Dans une Amérique du futur, dominée par un gouvernement totalitaire, chacun des douze districts qui se sont rebellés contre le pouvoir central des années plus tôt se voient obliger de désigner un garçon et une fille pour participer aux « Hunger Games », ces jeux télévisuels dans lesquels ils sont lâchés dans une arène naturelle et dans laquelle ils vont devoir s’entretuer pour qu’un seul d’entre eux en sorte vainqueur.

Ce pitch fait inévitablement penser au film (et au roman là encore) Battle Royale, qui avait grand bruit à l’époque de sa sortie. Sauf que là où « Battle Royale » (d’après mes souvenirs lointains en tout cas) allait droit au but, « Hunger Games » met tout un enrobage autour du jeu en question : il y a une vraie mise en situation sociale et politique, une présentation détaillée des personnages principaux. De plus on est ici dans un film pour adolescents/jeunes adultes, donc il y a une inévitable pointe de romance pour pimenter le tout. La dénonciation des dérives liées à la télé-réalité font également penser au film « Running-Man » avec Arnold Schwarzenegger (lui aussi basé sur un roman, décidément !).

La mise en scène est plutôt efficace, avec des images parfois marquantes qui rappellent des heures sombres de notre histoire : lorsque les habitants des districts se rassemblent pour la « Moisson » (c’est à dire le jour de la nomination des candidats), habillés et coiffés à la mode des années 40, difficile de ne pas penser aux rafles des juifs…

Les « jeux » en eux-même (comment ne pas penser aux jeux du cirque romains, mis en place pour garder le peuple sous contrôle, « du pain et des jeux ». Notons d’ailleurs que pain se traduit en latin par « panem », nom donné au pays dans lequel se passe le film) donnent lieu à un déchaînement de violence, certes voilée pour ne pas limiter le film à une frange trop étroite de spectateurs, mais cela reste parfois assez explicite. Les participants sont livrés à eux-mêmes, et certains d’entre-eux tuent sans état d’âme, même quand leur « ennemi » est encore un enfant (l’âge des candidats va de douze à dix-huit ans). Les alliances de circonstance font leur apparition, sachant bien qu’elles ne peuvent être que provisoires…

Les candidats bénéficient tout de même parfois d’une aide providentielle, arrivant en parachute, leur permettant de se soigner par exemple. Mais pour cela, il faut des sponsors, et pour avoir des sponsors, il faut plaire : plaire au peuple, faire de l’audience… L’héroïne du film, Katniss, va donc devoir se plier au règles du jeu pour s’en sortir, voire même plier les règles à son bénéfice quand elle prendra conscience de la façon dont marchent les choses dans ce jeu, comme le lui avait expliqué son mentor, un ancien vainqueur des « Hunger Games », lors de l’entraînement d’avant jeux…

On sent tout de même que l’adaptation passe un peu vite sur certaines choses : le mentor de Katniss est montré comme un alcoolique fini dans sa scène de présentation, puis passe bien trop rapidement vers son rôle de vrai mentor qui tient à ses « élèves », la société de Panem (de même que celle des districts) mériterait d’être un peu plus développée, mais les romans formant une trilogie (et les films aussi), nul doute que nous en apprendront plus dans le futur.

La réussite du film tient aussi à la bonne prestation des acteurs. Outre Woody Harrelson et Lenny Kravitz, Jennifer Lawrence est excellente dans son rôle de jeune fille indépendante, forte et courageuse. Elle est très charismatique, et sa présence très forte face à la caméra lui promet sans doute une belle carrière. Dommage que certains autres participants aux « Hunger Games » soient un peu caricaturaux (cela va du gros balèze bodybuildé sûr de lui, au gentil garçon un peu niais).

Dénonciation d’une société du plaisir, du divertissement avant tout, du voyeurisme malsain, du contrôle des masses par un spectacle répugnant, « Hunger Games » est une belle réussite, qui a le bon goût de ne pas sacrifier son propos sur l’autel du spectacle et de la rentabilité à tout prix (ce qui aurait été un comble vu le thème du film !). À voir ! Et du coup, prochaine lecture : « Hunger Games » ! J’avoue, j’ai envie d’en savoir plus, et cette fois je lirai les romans suivants avant la sortie en salle.

 

Chronique réalisée dans le cadre du challenge « Adapte-moi si tu peux », des Murmures d’A.C. de Haenne.

  
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