Le Château Noir, tome 2 de la Compagnie Noire, de Glen Cook
Suite de ma chronique de la première partie de la première intégrale de « La Compagnie Noire », voici donc le deuxième tiers : « Le Château Noir ». Après une introduction difficile d’accès mais finalement enthousiasmante, qu’en est-il de cette suite, confirmation ou déception ?
Quatrième de couverture :
D’étranges disparitions se succèdent dans la ville de Génépi : cadavres et vivants se volatilisent, proies d’un mystérieux commerce nocturne. Y aurait-il un rapport avec le château noir, cette sombre éminence qui domine la ville, cette verrue monstrueuse qui semble croître de jour en jour ? Possible… La Dame, elle, semble prendre la menace très au sérieux et dépêche la Compagnie sur place pour voir de quoi il retourne. Coincée entre l’horreur qui grandit aux abords du château et sa peur de la Dame, la légendaire Compagnie Noire pourrait bien envisager pour la première fois de son histoire de rompre son contrat et de sérieusement redéfinir ses allégeances…
Dark is dark
Changement de ton avec ce deuxième tome des aventures de la Compagnie Noire. Le premier se faisait épique, celui-ci est beaucoup plus statique puisque toute l’action ou presque se passe dans la ville de Génépi. Le récit est plus dans la veine du roman d’espionnage. Je n’en dirai pas plus pour ne pas déflorer l’intrigue, mais sachez qu’après les événements de la fin du premier volume, la situation qui paraissait tant bien que mal stabilisée devient de nouveau tendue puisqu’une sombre menace semble sur le point de se réveiller et de semer la destruction sur le monde si cela vient à se produire, la ville de Génépi étant l’épicentre de ces événements. Changement également dans l’ambiance. Le premier tome tirait son étiquette « dark-fantasy » de son absence de manichéisme, de ses personnages mercenaires pour qui la bonne morale importe peu, et pour le fait que ces mercenaires « héros » du roman luttait pour le camp du mal. Si ces éléments sont toujours présents, l’aspect « dark-fantasy » est ici exacerbé par l’ambiance très sombre qui règne dans la ville de Génépi : disparitions mystérieuses, château noir inquiétant, etc… Les actes parfois répugnants de certains personnages vont également montrer toute la noirceur de l’âme humaine. Jamais l’étiquette dark-fantasy n’aura été aussi bien porté…
Enfin, un autre changement se fait dans la narration. Toubib n’est plus le seul narrateur, grâce à une habile pirouette qui trouve son explication vers la moitié du roman. Les annales restent les annales, mais cette astuce permet de varier le récit, de complexifier les situations, pour le plus grand bonheur du lecteur. Le personnage de Shed, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est même le personnage pivot de l’histoire : un homme lâche, misérable, qui ne vaut pas la peine que l’on s’intéresse à lui, et qui pourtant, au gré des événements, tentera de trouver la rédemption, de belle manière. Pas forcément attachant au début, le personnage suit une évolution très subtile, sans doute la plus belle réussite de ce roman.
Les autres personnages, maintenant qu’on les connaît un peu mieux, deviennent plus « attachants » (si tant est que l’on puisse attribuer ce terme à des mercenaires dont les actions ne sont pas toujours reluisantes…). Et comment ne pas sourire devant les multiples prises de bec entre Gobelin et Qu’un Œil ?
Malgré cela, l’effet de surprise du premier tome n’est plus là, et j’avoue avoir une préférence pour les événements du premier tome, appréciation purement personnelle, mais qui ne signifie pas que ce roman n’est pas de qualité, puisque comme le premier je l’ai dévoré en peu de temps, aidé en cela par une dernière partie de roman palpitante. Glen Cook sait incontestablement faire monter la sauce pour ses fins de récit, celui-ci étant à ce sujet assez exemplaire, en bouleversant totalement la situation de la la compagnie. Difficile dans ces conditions de ne pas poursuivre l’expérience…
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