Palimpseste, de Charles Stross

Posted on 2 novembre 2011

Ah, de la hard-SF… Je crois avoir déjà dit ici ou là que ce genre de SF n’est pas vraiment ma tasse de thé. J’ai pourtant tenté le coup, pour plusieurs raisons : le pitch m’intéresse (c’est quand même un peu la condition sine qua non…), ce roman est court (160 pages), et le côté hard-SF semble centré sur la cosmologie, sujet qui m’intéresse particulièrement et pour lequel les termes scientifiques ne m’effraient pas (même si le côté « manipulation des trames de la réalité » risque de me perdre). Et donc ?…

 

Quatrième de couverture :

Drame écologique, guerre nucléaire, catastrophe naturelle. A plus ou moins long terme, toute civilisation est vouée à disparaître. Cela s’est d’ailleurs produit des millions de fois depuis la formation de notre planète. Pour préserver l’humanité de ces inévitables apocalypses, des agents venus d’un lointain futur voyagent tout au long de l’histoire de la Terre : à chaque fin du monde, ils sauvent ce qui peut l’être, et permettent ainsi à notre espèce de renaître de ses cendres. Mais toute intervention sur l’histoire a des conséquences, parfois tragiques… Pierce est l’un de ces agents, un patrouilleur du temps promis à une brillante carrière. Pourtant, sa vie bascule le jour où sa famille et l’époque qui l’abritait sont « effacées » par une nouvelle version de l’histoire, tel un palimpseste. Son seul espoir réside à la fin des temps, où sont archivés tous les pans disparus de l’histoire. Dans l’infini des possibles, retrouvera-t-il celle qu’il aime ?

 

Alors, Stase-t’a plu ?

Difficile de chroniquer ce court roman. Difficile car à trop en dire, on risque vite de déflorer l’intrigue, et difficile car je ne suis pas sûr d’avoir tout compris (à vrai dire, je suis même sûr d’être passé à côté de pas mal de subtilités). Je l’ai déjà dit plus haut, et je le redis une dernière fois : la hard-SF c’est pas mon truc. Et ce bouquin entre en plein dans cette catégorie. Mais ici point de hard-SF basée sur la physique quantique ou autres concepts totalement tordus compréhensibles uniquement par des scientifiques (Greg Bear, avec ta trilogie Éon-Éternité-Héritage, si tu me lis…).

Ici, cet aspect hard-SF est plutôt centré sur la cosmologie (matière que j’apprécie beaucoup, ce qui aide sans doute à faire passer la pilule), mais n’est pas au coeur du roman. C’est simplement une illustration de l’univers des possibles, des éventuels futurs de l’humanité, avec ou sans l’intervention de la Stase, cette « caste » de voyageurs temporels, chargée de préserver l’humanité. Et cette préservation doit se faire à tout prix, pour l’éternité. Or, notre système solaire n’est pas éternel. Il faut donc agir au niveau stellaire. C’est là que la cosmologie intervient. Mais même si la cosmologie nous est totalement étrangère, elle n’est là qu’à but illustratif, les passages cosmologiques pouvant fort bien se lire de manière distanciée, cette trame narrative s’étendant sur des milliards d’années. C’est très intelligent de la part de Charles Stross, cela permet de ne pas noyer le lecteur, de garder une certaine distance avec l’aspect scientifique.

En revanche, il y a également beaucoup de voyages dans le temps. Et bien évidemment, qui dit voyages dans le temps dit paradoxes temporels, histoire modifiée, passé ou futur vécu puis inexistant, histoire devenant non-histoire (d’où la notion de palimpseste : on efface, et réécrit l’histoire), plusieurs versions des « moi » des personnages, etc… Ajoutez à cela conspiration, révolte, et vous obtenez un cocktail qui vous dérouillera les neurones ! Je reste volontairement obscur (ou bien peut-être n’ai-je pas le choix, car toute la complexité du roman se situe là !) pour ne pas gâcher l’intrigue. Sachez simplement que malgré certains passages assez délicats à appréhender, le fameux « sense of wonder » reste toujours présent. On lit ce roman d’une traite, émerveillé d’autant d’inventivité, stupéfié par l’ampleur du roman malgré sa taille, soufflé par les implications de chaque révélation. Certains passages sont absolument sublimes car ils représentent ce que la SF « merveilleuse » (à l’opposé de l’anticipation ou de la spéculation qui reste plausible à plus ou moins long terme) a de meilleur à proposer, le passage sur la bibliothèque de la fin des temps en étant le meilleur exemple.

Court mais bon, très bon !

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