Les Enfants de Húrin, de J.R.R. Tolkien
Il était de parler du maître sur ce blog. Je ne parlerai pas du « Seigneur des Anneaux », de « Bilbo le hobbit » ou du « Silmarillion », à moins de les relire une nouvelle fois. Parlons donc plutôt d’une de ses dernières oeuvres parues en France il y a peu (2008).
Quatrième de couverture :
Des milliers d’années avant « Le Seigneur des Anneaux », la Terre du Milieu est en proie aux luttes entre Morgoth, le premier Seigneur Ténébreux, et les Elfes, alliés aux Hommes. C’est contre Túrin et Niënor, les enfants de Húrin, que Morgoth va lancer une terrible malédiction, les contraignant à une vie malheureuse et errante, pour se venger du héros qui a osé le défier. « Les Enfants de Húrin », œuvre entreprise par Tolkien au cours de la Première Guerre mondiale, s’adresse aux lecteurs du « Seigneur des Anneaux », qui retrouveront le souffle de ce roman dans l’histoire de Túrin, héros humain qui cherche sa place parmi les Elfes et les Hommes dans un monde en guerre trompé par le destin, il lutte de manière spectaculaire et tragique contre Morgoth, nous faisant découvrir un passé méconnu de la Terre du Milieu.
Noir, très noir…
Relatant une histoire déjà connue des lecteurs du « Silmarillion » et des « Contes et Légendes Inachevés », « Les Enfants de Húrin » n’en reste pas moins un très grand conte du Professeur Tolkien. Ce récit a été reconstitué par son fils, à partir des ecrits éparts racontant cette partie de l’histoire de la Terre du Milieu. Rendons d’ailleurs honneur à Christopher Tolkien qui, bien que capitalisant sur l’oeuvre de son père, n’a jamais pris le relais pour la compléter avec d’autres récits. L’oeuvre de Tolkien restera donc à tout jamais celle de J.R.R. et c’est aussi bien ainsi.
Écrit dans un style caractéristique de l’auteur anglais, plus proche de l’aspect « historique » du « Silmarillion » que du romanesque de « Bilbo le hobbit » ou du « Seigneur des Anneaux », et qui a donc ses détracteurs, ce livre raconte la vie de Túrin Turambar, frappé par une malédiction lancée par Morgoth sur son père, Húrin, et qui poursuit sa descendance.
Il n’est pas toujours facile à lire (rapport à son style encore une fois, qui ressemble parfois aux contes épiques moyenâgeux), mais il a le mérite de rester accessible même aux non-initiés au monde de la Terre du Milieu. En effet, l’introduction, écrite par Christopher Tolkien, permet de le replacer dans son contexte. Il peut alors tout à fait être pris comme une histoire « simple », un one-shot d’un univers de fantasy.
C’est un récit très (mais vraiment, hein !) noir, dur, plein de gravité, bien loin de la légèreté d’un Bilbo. Ici, la malédiction est source de nombreux maux, de terribles catastrophes, d’évènements déchirants. Le final notamment ne peut vous laisser de marbre, tant l’émotion et la tristesse sont palpables, une véritable tragédie grecque. Ceux qui pensent que trop souvent les œuvres de fantasy se terminent en happy-end prévisible en seront pour leurs frais… Une lecture à éviter si on broie du noir,sans doute…
Excellente adaptation plus romancée et plus détaillée d’un récit du « Silmarillion », ce livre peut tout à fait faire office de premier pas vers la lecture du livre sus-nommé qui fait parfois peur à ses lecteurs potentiels (alors que pour moi, disons-le, le « Silmarillion », c’est le grand livre de Tolkien, son chef d’oeuvre ultime). L’auteur m’impressionne toujours autant par le souffle qui caractérise ses oeuvres, son imagination, son érudition. C’est une figure emblématique de la fantasy, et ce n’est pas avec ce roman que cela va changer.
Pour moi, c’est un très grand récit, indispensable à tous amateurs des écrits du Professeur, mais pas seulement. Du grand Tolkien, assurément.
Chroniques à lire également chez Cachou, Nanet, Café du Web, l’Antre du voyageur onirique, Yozone.
Ah, Tolkien, LE must !
Sinon pour Tolkien j’avais fait un billet général (Bilbo, SdA, CEI, Silmarillion) qui retraçait mes impressions de lecture et faisait office de témoignage et d’hommage. C’est une formule qui passe bien, cela évite de paraphraser tout ce qui a été déjà dit ou écrit en effet 🙂
J’y penserai pour d’autres oeuvres ou groupes d’oeuvres très connues. C’est une bonne idée.
C’est un des derniers Tolkien qui me reste à lire pour mon Challenge Middle Earth, ça me rassure de voir des avis positifs, j’espère juste que ça ne fera pas trop doublon avec les 40 versions données dans l’Histoire de la Terre du Milieu…
C’est peut être le problème avec tous ces livres qui racontent plus ou moins la même histoire en différentes versions… Les livres « L’histoire de la Terre du Milieu » s’adressent à mon avis plus aux historiens spécialistes de Tolkien qu’aux simples amateurs de sa littérature. En tout cas, il ne faut pas les lire pour y chercher la découverte d’un nouveau récit sur la Terre du Milieu… C’est vraiment du décortiquage de son oeuvre, l’étude de sa génèse et de son évolution.
Je préfère lire le produit quasi-fini, c’est à dire le Silmarillion, qui représente pour moi la quintessence de l’oeuvre de Tolkien.
Je n’avais pas du tout accroché à celui-là, j’ai beaucoup bloqué sur l’écriture je dois dire, qui m’avait semblé très aride, surtout à cause des répétitions de « or » et cie.
Il ne faut pas être allergique au style assez « ancien temps » (style totalement volontaire bien sûr, Tolkien s’étant beaucoup inspiré des contes anciens) du Professeur, c’est sûr…