Demain, une oasis, de Ayerdhal
A la recherche d’un roman court, avant d’attaquer de gros pavés, je suis tombé sur celui-ci. Premier roman d’Ayerdhal que je lis (et premier roman de l’auteur), ce ne sera sans doute pas le dernier…
Quatrième de couverture :
Il était moitié médecin moitié technocrate, à Genève. Il avait un nom. Il n’en a plus : on le lui a retiré un soir, avec le reste de son existence. Une limousine devant, une derrière, un coup de freins, des portières qui claquent, un pistolet-mitrailleur, deux baffes bien assénées, une cagoule, des jours dans une cave sous perfusion et somnifères… Normal pour un kidnapping ! C’est au réveil que ça
commence à clocher, quelque part dans un désert africain, à côté d’un vieillard gravement gangrené, quand un commando humanitaire lui confie la responsabilité médicale du village dans lequel il l’abandonne…
Roman coup de poing !
… Et c’est peu de le dire ! Ayerdhal nous plonge dans un pur roman d’anticipation. Mais pas seulement. Car il le fait en nous mettant, nous autres occidentaux, face à nos actes, en nous mettant sous les yeux ce que nous connaissons tous mais que nous faisons semblant de ne pas voir.
Les nations occidentales, aidées par les pays en voie de développement, se sont lancées dans un programme spatial couteux, mais présenté par les politiques et les médias comme étant la locomotive du monde. A côté de cela, l’Afrique se meurt, dans l’indifférence générale. Ou disons plutôt que cela arrange tout le monde, dans ce monde gouverné par l’argent et la recherche du profit à tout prix, ce monde dans lequel les valeurs humaines ont disparu, et l’individualisme est devenu roi.
Cette anticipation est assez bluffante, car elle sonne particulièrement juste, notamment en regard de la crise financière actuelle dans laquelle on sauve nombre d’entreprises et d’établissements bancaires qui ont fait des erreurs à coups de milliards de dollars/euros, alors qu’une fraction de cette somme suffirait déjà à sauver des millions d’âmes africaines…
Le ton est juste, direct, acéré, sans concession. La critique est lucide sur la situation actuelle, et rend l’anticipation encore plus terrible et réaliste. Mais Ayerdhal n’oublie pas de faire la critique de la « solution » proposée dans son roman. La fin justifie-t-elle les moyens ? Le terrorisme humanitaire est-il une solution ? Autant de questions auxquelles il appartient au lecteur, en son âme et conscience, de répondre.
N’oublions pas les personnages qui, malgré leurs actes parfois contestables, restent intéressants et attachants, preuve que l’auteur a su les travailler de belle manière. Rien n’est tout blanc ou tout noir, tout est en nuances de gris. Comme dans dans notre réalité en somme.
Roman engagé politiquement, socialement, humainement tout simplement, récompensé par un Grand Prix de l’Imaginaire en 1993, ce roman reste plus que jamais d’actualité. Lisez le.
Il est où le bouton j’aime ?
y’en a pas ? ah bon … ben j’aime quand même 😉
chouette billet
Merci !
Pas de bouton j’aime (j’aime pas les boutons « j’aime »…), et puis le dire c’est quand même mieux ! 😉
Un roman qui a l’air intéressant… et puis des livres courts çà change un peu 😉
Court mais percutant ! À lire, vraiment ! 😉
Je viens de le lire, j’ai beaucoup aimé. J’ai quand même trouvé ça un peu « facile » dans la prise de position politique, parce qu’on ne peut qu’y adhérer, on n’a pas vraiment le choix (comment ne pas être d’accord avec l’auteur?), mais tout de même très réussi dans la conscientisation (et la culpabilisation, il faut le dire ^_^). Un roman très intéressant en somme.
Mmmmh, je ne trouve pas forcément ça si « facile » que ça, la problématique du terrorisme humanitaire est bien exposée, à chacun d’adhérer ou pas à ces pratiques.
Assurément, un très bon roman en tout cas !
Un roman qui secoue, qui oblige à ouvrir les yeux.
Ah ça on peut le dire oui ! Il m’en reste encore des traces quelques années après, ce qui n’est pas un mince exploit pour moi et ma mémoire de poisson rouge. 😉