La Horde du Contrevent, de Alain Damasio

Posted on 16 août 2011

Voici donc ma chronique de ce livre qui a tant fait parler de lui ces dernières années sur le web francophone. Chef d’œuvre pour les uns, roman totalement surestimé pour les autres, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne laisse pas indifférent. Et pour moi, ça donne quoi ?

 

Quatrième de couverture :

Un groupe d’élite, formé dès l’enfance à faire face, part des confins d’une terre féroce, saignée de rafales, pour aller chercher l’origine du vent. Ils sont vingt-trois, un bloc, un nœud de courage : la Horde. Ils sont pilier, ailier, traceur, aéromaître et géomaître, feuleuse et sourcière, troubadour et scribe. Ils traversent leur monde debout, à pied, en quête d’un Extrême-Amont qui fuit devant eux comme un horizon fou.

 

Réponse : chef d’oeuvre !

Oui, je tue le suspense tout de suite, mais à quoi bon tergiverser alors que si j’avais utilisé des notes sur ce blog, je lui aurais mis immédiatement la note maximale ? Car comment mettre autre chose que la note maximale ?

Impossible tant ce livre tient du génie. Rarement j’ai été plongé de cette manière dans une lecture, ce qui, au delà de toutes considérations purement qualitatives, veut tout dire. Tout ou presque est réussi, et de quelle manière !
L’auteur nous démontre que la littérature de l’imaginaire n’est pas incompatible avec une vraie recherche stylistique : champ lexical basé sur le vent, néologismes et détournements de noms communs foisonnants et bien trouvés, description du vent par des signes de ponctuation, identification des personnages par des signes distinctifs au début de chaque paragraphe (procédé dénommé polyphonie), style littéraire différent en fonction des personnages, etc… Ça c’est pour la forme. C’est d’ailleurs ce qui lui a valu une bonne partie des critiques négatives, l’auteur étant tombé pour certains dans le piège de « celui qui se regarde écrire ». C’est le cas dans son roman précédent (« La Zone du Dehors », chronique à venir), mais pas dans le cas présent. Pour moi, Damasio fait incontestablement partie des « belles plumes » de la littérature de imaginaire francophone, avec entre autres Jaworski, Kloetzer, Niogret ou Beauverger (et j’en oublie bien sûr !).

Quant au fond, il n’est pas en reste. Les personnages de la Horde, par exemple. Composée de 23 éléments tous différents, certains attachants, d’autres plus radicaux comme Golgoth le traceur, « chef » de la Horde qui ne vit que pour une chose : trouver l’Extrême Amont, l’origine du vent,  c’est pour elle que vivent ces hommes et femmes. On pourra éventuellement reprocher à l’auteur d’avoir privilégier certains personnages au détriment d’autres, mais finalement c’est le propre d’un groupe d’avoir des personnages qui prennent l’ascendant sur les plus discrets. Le cheminement de la Horde nous est donc  décrit de manière polyphonique, c’est à dire à la première personne, mais avec des changements de narrateur très régulier, identifié comme dit plus haut par un idéogramme le représentant au début de chaque paragraphe. Déroutant, mais au final tellement prenant !

Le début du roman peut paraître un peu brutal, en effet il nous met tout de suite dans le bain de la Horde, sans introduction, avec une lutte acharnée contre un vent d’une puissance inouïe, le fameux « furvent ». Le vent, le vent, toujours le vent ! Il est vraiment le personnage principal du roman, tout tourne autour de lui. Il y a même toute une cosmogonie basée sur le vent : l’air par exemple n’est qu’un vent immobile, ou bien l’eau est un air plus dense, ralenti. Riche idée !

Tour à tour quête initiatique, puis carrément roman philosophique (sans toutefois en avoir la lourdeur, pour quelqu’un comme moi qui ne suis pas adepte de ce genre), il devient impossible de lâcher ce livre, tant l’envie de suivre la Horde jusqu’au bout est plus forte que tout. Et même si la fin se laisse deviner bien avant d’être arrivé à la conclusion (illustration parfaite d’un des thèmes du roman : l’important n’est pas le but, mais le cheminement), c’est avec tristesse qu’on referme le livre.

Bardée de scènes d’une beauté à couper le souffle (que je ne rapporterai pas ici, par égard aux heureux futurs lecteurs, mais repenser à certaines d’entre elles me donne encore des frissons !), véritable ode au mouvement et au lien unissant les êtres (ceux qui ont la chance de vivre une amitié forte ou bien l’amour n’en seront que plus touchés, peut être même jusqu’aux larmes, certains passages à ce sujet sont tout simplement sublimes…), La Horde du Contrevent mérite sa place dans n’importe quelle bibliothèque.

Car oui, je l’ai déjà dit, mais pour moi, ce roman est un chef d’œuvre.

 

Chronique réalisée dans le cadre du challenge « Summer Star Wars Episode V » de Lhisbei, et du challenge « Les chefs d’œuvre de la SFFF » de Snow.

  
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