Bankgreen, de Thierry Di Rollo
En attendant que je me mette sérieusement à mes critiques « space opera » des livres lus dans le cadre du challenge Summer Star Wars de Lhisbei, voici une critique d’un livre qui restera certainement comme un coup de cœur de l’année 2011. Il est d’ailleurs nominé dans la catégorie du meilleur roman français du prix Elbakin.net 2011.
Quatrième de couverture :
Mordred est le dernier des varaniers, l’ultime représentant de sa race. Personne n’a jamais vu son visage derrière le heaume gris qu’il ne quitte jamais, pas plus que la couleur de sa peau par-delà l’armure qui l’habille — à moins que l’armure elle-même ne soit précisément cette peau, et son heaume son visage… Mordred est celui qui annonce, et nul n’échappe à son épouvantable prédiction : il connaît la fin de chacun, l’instant précis et les circonstances de la mort de quiconque croise sa route. Mordred est le plus redoutable des mercenaires. Aussi vieux que Bankgreen, la mauve et noire, Mordred est immortel. A moins que… Car après tout, sur Bankgreen, la mort elle-même ne pourrait-elle pas mourir ?
Car sur Bankgreen, tout a une raison
Cette sentence, répétée à l’envi tout au long du roman, en est en fait son cœur, son leitmotiv. Car il faut savoir s’abandonner, accepter de ne pas comprendre tout ce qui se passe devant nos yeux, pour en saisir la quintessence. Celle de Bankgreen, cette planète mauve et noire, véritable personnage principal du roman de Thierry Di Rollo, celle sans qui rien ne serait.
L’auteur nous présente au gré du roman les différents êtres qui la peuplent : des Digtères aux Arfans, des Shores aux Emules, en passant par les immortelles Runes ou bien par un Hunum obsédé par le temps qui passe, à tel point qu’il en oublie de vivre, jusqu’à Mordred le dernier varanier, chevaucheur de varan quasi immortel, qui voit la mort de ceux qu’il croise. Certains se débattent pour survivre, d’autres pour être libres, d’autres enfin n’hésitent pas à manipuler les peuples pour nourrir leurs desseins (réflexion ô combien pertinente en ces temps troublés…). Mais au final, seule Bankgreen compte, car elle a été et sera, bien après la disparition de tous.
Thierry Di Rollo parvient à installer des ambiances renversantes, faites de mauve, de noir et de neige. Tour à tour étincelante de noirceur, onirique, ténébreuse, poétique, la plume de l’auteur est ciselée, pensée jusque dans les moindres détails, jusqu’à certaines sublimes fulgurances, à l’image de ce superbe prologue.
Roman totalement atypique sur la mort, le temps qui passe, la violence, la nature humaine, on est bien loin de la fantasy classique. L’histoire elle-même passe au second plan, symbole d’une œuvre impressionniste, magnifique autant sur le fond que sur la forme. Oubliez tout ce que vous avez lu jusque là. Et laissez vous porter. Jusqu’à Bankgreen, la mauve et noire. Vous en ressortirez changés.
Car sur Bankgreen, tout a une raison.
Pas vu où il voulait en venir, je me suis ennuyé alors que l’écriture est belle.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est assez déroutant par rapport à ce que l’on voit d’habitude, c’est sûr… Mais j’ai beaucoup apprécié, sous réserve d’arriver à faire passer l’histoire après l’univers du livre.
Vivement la suite !
Peu importe de voir où Di Rollo veut nous emmener ; en réalité, je m’en fiche complètement et j’adhère tout à fait à ta critique, Lorkhan. Bankgreen est un grand livre – je trouve le terme roman réducteur – de fantasy, et un fabuleux voyage. Ses ambiances, son ton, le phrasé, les images tenaces et inoubliables qui restent en tête longtemps après lecture et qui s’ancrent jusque dans nos rêves, les réflexions qu’il apporte, tout concourt à faire de ce Bankgreen une lecture indispensable. Même si j’ai moins aimé la deuxième partie, voici de la grande littérature, tout court.
Ravi de te voir par ici Thomas !
Je vois que nous sommes d’accord sur ce livre, un grand moment, et qui n’a sans doute pas fini de rafler des prix (j’espère…) ! 😉
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