Les meurtres de Molly Southbourne, de Tade Thompson
Quatrième de couverture :
Molly est frappée par la pire des malédictions. Aussi les règles sont-elles simples, et ses parents les lui assènent depuis son plus jeune âge.
Si tu vois une fille qui te ressemble, cours et bas-toi.
Ne saigne pas.
Si tu saignes, une compresse, le feu, du détergent.
Si tu trouves un trou, va chercher tes parents.
Molly se les récite souvent. Quand elle s’ennuie, elle se surprend à les répéter sans l’avoir voulu… Et si elle ignore d’où lui vient cette terrible affliction, elle n’en connaît en revanche que trop le prix. Celui du sang.
Né à Londres mais ayant grandi au Nigeria, Tade Thompson vit désormais dans le sud de l’Angleterre, où il exerce la profession de psychiatre. Âgé d’une quarantaine d’années, il est l’auteur de plusieurs dizaines de nouvelles et d’une poignée de romans, dont Rosewater, qui inaugure la trilogie « Wormwood », tout juste traduit chez J’ai lu. Les Meurtres de Molly Southbourne est en cours d’adaptation cinématographique.
Ne saigne pas.
Si tu vois une fille qui te ressemble, cours et bas-toi.
Ne saigne pas.
Si tu saignes, une compresse, le feu, du détergent.
Si tu trouves un trou, va chercher tes parents.
C’est le mantra de Molly. Car Molly a un problème, issu de son sang. Et pour contrer ce problème, elle tue. Il en va de sa vie. « Les meurtres de Molly Southbourne », après une introduction volontairement non explicite, va donc nous narrer l’histoire de Molly Southbourne, son enfance dans une ferme isolée, son quotidien rythmé par un apprentissage axé sur le self-défense par une mère qui semble être bien plus qu’elle ne le prétend, sa nécessité de s’éloigner de tout danger pouvant la faire saigner, puis son passage à l’âge adulte avec les affres de cet âge délicat (amours, études, etc…). Et au milieu de tout ça, les meurtres. Nombreux, sanglants, mais nécessaires à sa survie. Et cette litanie contre la peur qu’elle ne cesse de se répéter, qui rythme sa vie. Molly va donc endurer, découvrir, se découvrir elle-même, jusqu’à un niveau insoupçonné.
Bien sûr, l’utilisation que Tade Thompson fait du sang de Molly est une immanquable métaphore sur la femme en général, le passage des jeunes filles à l’âge adulte, la honte de soi même, la découverte de son corps, jusqu’à bien sûr la maternité et la mise au monde, littéralement. En plus de tout ce que la féminité a pu avoir comme notion de déviance ou d’impureté au cours de l’Histoire. Molly comme métaphore de la femme, au sens large donc. Les thématiques sont riches, immédiatement identifiables, sans être exposées trop lourdement. Bien au contraire, l’auteur a su en faire un récit haletant, basé sur de courts paragraphes, ne s’attardant pas outre mesure sur des éléments qu’il aurait pourtant été facile de faire durer. On obtient donc un récit plutôt frappant, difficile à lâcher avant d’en avoir vu la fin, et auquel le format « novella » convient à merveille.
On pourra tout de même regretter une justification scientifique qui peine à convaincre et n’apporte rien au récit (au contraire même, il aurait mieux valu s’en tenir au mystère…). Car oui, le roman prend sur la fin une tournure SF qui lui sied nettement moins bien que s’il était resté, « Stephen King-style », sur un pur plan fantastique-horreur. Ces justifications scientifiques étaient par ailleurs nettement plus développées avant que l’éditeur ne demande à Tade Thompson de couper dans le gras. J’aurais été lui, je serais carrément allé au bout de la démarche… Mais peu importe, il s’agit d’un défaut relativement mineur.
Car au fond, « Les meurtres de Molly Southbourne » est une novella captivante, qui sait se faire tout à tour poignante, émouvante et horrifiante sur une jeune fille qui cherche avant tout à vivre sa vie comme n’importe quelle autre jeune fille de son âge. Pas de doutes, sans que j’aille jusqu’à le porter aux nues comme d’autres l’ont fait, on tient là un récit très efficace (avec une belle traduction de Jean-Daniel Brèque). Une nouvelle belle sortie dans cette collection qui n’en finit pas d’aligner les réussites.
Lire aussi les avis de Gromovar, Boudicca, Feyd Rautha, Aelinel, Célindanaé, Artemus Dada, Nicolas, Angua, Le chien critique, Blackwolf, Apophis, Touchez mon blog Monseigneur, François Schnebelen, Un bouquin sinon rien, Yuyine, Le Corbac, Bad Tachyon…
Critique écrite dans le cadre du challenge « Summer Short Stories of SFFF, saison 5 » par Lutin82.
Yep, en y repensant, c’est vrai que la justification scientifique fait un peu « couille dans le potage ». Pour te dire, j’avais même oublié cet élément, et ce malgré l’interview qui conclue le volume et qui revient précisément sur ce sujet. Cela dit, j’admets que ce texte m’a collé une sacrée gifle, surtout à cause du style de l’auteur qui n’alourdit jamais son histoire. Mais ce n’est là que mon humble avis. Enfin, je précise que l’auteur est bien Tade Thompson et non pas Tad Williams, comme certains blogeurs roux avec une image ridicule d’écureuil dépravé ont pu chercher à le faire croire à un moment. Non mais.
A mon sens, cette justification scientifique fait tache. C’est dommage surtout qu’elle n’avait rien de nécessaire.
Ça n’enlève rien aux qualités du texte, c’est juste un élément qu’on peut tout à fait oublier. Ce que tu as fait d’ailleurs, et tu as bien fait. 😉
J’ai vu ton erreur, c’est ça les écureuils bourrés, ça ne fait attention à rien. 😀
Il faut que j’arrête de lire les chroniques, à chaque fois je me retrouve face un dilemme : ca ne me tente pas mais comme tout le monde en dit du bien, ça serait con de passer à côté !
Ah oui ça vaut le coup quand même. Surtout que ce récit à un vrai côté addictif, il est très difficile d’arrêter la lecture avant d’être arrivé au bout.
Dis-toi que le risque est faible : l’investissement financier est limité (surtout en numérique), l’investissement en temps également. 😉
Cet homme est la voix (mais aussi la voie) de la raison.
Je cherche mais je n’arrive pas à te donner tort. 😀
Acheté, lu et apprécié…
Merci
Tu vois : investissement limité, largement contrebalancé par le plaisir procuré par la lecture. 😉
Content que tu aies apprécié ! 😉
Dans ma PàL, faut que je m’en occupe, surtout que j’ai reçu Waldo aussi ^^
Ah oui, Waldo… Bon ben voilà, je ne suis plus à jour ! 😀
Il est dans ma wish-list celui-là !
Fais chauffer la carte bleue ! 😀
Bon alors je ne l’ai toujours pas en ma possession hein mais c’est prévu Monsieur ^^
Si c’est prévu, c’est que le premier pas a été franchi. Ne reste plus qu’à sortir le portefeuille. Et bonne lecture. 😉
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