Les nuages de Magellan, de Estelle Faye
Quatrième de couverture :
Sur Ankou, Damian Sabre, le leader des pilotes, veut renouer avec les rêves d’aventure jadis offerts par l’espace ; il exige des Compagnies qu’elles redonnent aux spatiaux la liberté de mouvement qui leur est désormais refusée.
Aux confins de la Voie lactée, Dan, une jeune serveuse, chanteuse de blues à ses heures, rêve de partir vers les étoiles. En attendant, elle travaille au « Frontier », un rade miteux.
L’espace, la mystérieuse Mary Reed en vient. Habituée du bar de Dan, elle semble se cacher sur ce planétoïde oublié de tous. De qui, et pourquoi ? Dan aimerait lui poser la question…
Un roman de piraterie spatiale
On le pressentait déjà dans la nouvelle « Hoorn » (qui se déroule dans le même univers que le roman ici présent), mais il semble qu’Estelle Faye soit une amoureuse des romans maritimes, et notamment de piraterie (on peut en avoir confirmation également avec la nouvelle « La Suriedad » qui est sur ma liseuse mais que je n’ai pas encore lue). Évidemment, avec un roman portant un titre aussi explicite que « Les nuages de Magellan », quand bien même fait-il également référence à une formation astronomique bien réelle, ce sentiment ne peut être que confirmé. Et si on considère des noms (personnages, vaisseaux, lieux…) comme Mary Reed, Carthagène ou Carabe, le doute n’est plus permis, la confirmation ferme et définitive arrivant avec un début d’intrigue qui aurait fort bien pu se dérouler en mer aussi bien que dans l’espace profond.
« Les nuages de Magellan » débute en effet avec Mary Reed (Mary Read, ça vous dit quelque chose ? 😉 ), une femme mystérieuse qui a atterri on ne sait trop pourquoi ni comment (du moins au commencement du roman) sur une petite planète paumée sur laquelle vit Dan, une jeune serveuse dans un bouge local, qui rêve de gloire et de grands espaces. Dans le même temps, une manifestation pour rendre l’espace aux voyageurs alors que la grandes Compagnies ont la mainmise sur les voyages spatiaux est réprimée dans le sang. C’est alors que des hommes de main sont envoyés sur le planétoïde de Dan et Mary Reed. Sentant venir les problèmes, Reed s’enfuit, emportant sans le savoir Dan qui croyait elle aussi être la cible des envoyés des Compagnies.
On le voit, ça fleure bon le roman d’initiation avec la femme pirate mystérieuse au lourd passé qui s’est installée sur une petite île planète paumée, puis qui fuit en précipitation les autorités légales en brisant un blocus maritime spatial, accompagnée d’une jeune fille innocente qui rêve de prendre la mer d’aller dans l’espace, alors qu’une sorte d’idéal, si ce n’est de pirate au moins de marin spatial, lutte face aux grandes compagnies maritimes commerciales de l’espace. Un idéal pirate qui par ailleurs a un nom, Carabe, une planète dont la localisation semble être perdue mais qui est censée représenter une sorte d’utopie pirate, lieu de regroupement de personnes ayant le même positionnement politique. Tortuga n’est pas bien loin…
Bref, je vous raconte ça de manière un peu foutraque, mais le fait est que « Les nuages de Magellan » est un roman de piraterie spatiale, ni plus ni moins. Un roman d’aventure avec un grand A, que liront avec grand plaisir les fans de space-opera (à condition de ne pas s’attendre à un space-opera tendance « hard-SF ») tout comme les amateurs de « L’île au trésor ». Car c’est l’aventure qui prime, de celle qui ne s’embarrasse pas de considérations scientifiques pour explorer l’espace. Les vaisseaux par exemple semblent se déplacer d’un bout à l’autre de la galaxie, en utilisant la matière noire apparemment, mais on n’en saura guère plus. Et vous savez quoi ? On s’en fiche un peu. Après tout, est-il important de savoir comment fonctionne l’hyperdrive dans « Star Wars » ? Pas vraiment… Et ici c’est pareil, « Les nuages de Magellan », c’est « Star Wars » mélangé aux romans de piraterie, c’est l’aventure spatiale couplée à l’utopie pirate, c’est un roman d’initiation « classique » mené à cent à l’heure par deux héroïnes qui font plus que tenir tête à la gent masculine.
Rythme élevé, constamment relancé par des chapitres courts, personnages fiers et bien campés, épris de liberté et d’indépendance mais aussi torturés par quelques fractures personnelles voire mémorielles, tels sont les ingrédients d’un roman entraînant qui n’oublie pas au passage de densifier son univers à travers quelques allusions à d’importants événements « historiques » (référence à la nouvelle « Hoorn », mention des lois de bioéthique restreignant les modifications homme-machine (et qui donne furieusement envie d’en savoir plus sur ces vaisseaux « sapiens », c’est à dire vivants et intelligents, communiquant avec leur capitaine via un implant biotechnologique), etc…), tout en gardant laaaaaargement de quoi y revenir dans d’éventuels futurs récits.
On a donc un joli cocktail fait d’aventures trépidantes (parfois un peu trop mais Estelle Faye a judicieusement inclus quelques moments de pause lui permettant de développer ses personnages) mais aussi de quelques réflexions bien amenées sur la mémoire, la prise en main de son destin, la responsabilité, mais aussi sur le transhumanisme, ses possibilités et ses problématiques afférentes, illustré magnifiquement par la couverture de Benjamin Carré. Un roman qui n’aurait pas dépareillé dans la bibliographie d’un Laurent Genefort par exemple. Tout juste peut-on lui reprocher une révélation sur le mystère reliant Carabe et les deux personnages que sont Mary Reed et Sol Saint-Clair qui arrive de manière un peu brutale, à l’issue d’un événement « qui tombe à pic ». Ceci dit, la fin, ouverte et relevant autant d’une fin de cycle que d’une ouverture vers une nouvelle ère ne manque pas d’intérêt même si elle ne surprend pas dans le cadre d’un roman initiatique. Bref, c’est fun ET intelligent, engagé ET subtil, c’est du Estelle Faye sans aucun doute.
Lire aussi l’avis de Dup, Mylène.
J’ai hésité à le faire entrer dans ma PAL lors des dernières Utopiales, le livre étant situé dans le coin jeunesse de la librairie j’avais un peu peur de ne pas être obligatoirement le public cible. Finalement ton avis me rassure et je vais sûrement me laisser tenter et le découvrir.
En fait c’est tout Scrinéo qui s’est retrouvé dans le coin jeunesse, sans distinction, non ?
Ceci dit, ce roman pourrait aussi être classé en young adult, ça ne me choquerait pas plus que ça. Et pourtant, je ne suis pas vraiment lecteur de cette catégorie, mais là ça passe vraiment très bien.
Woh. Si j’étais déjà bien convaincu à la seule mention d’Estelle Faye, là je suis plus que convaincu. Fun et intelligent avec une belle plume, que peut-on désirer de plus ? À l’abordage !
Allez space-moussaillon, larguez les amarres ! 😉
Je n’ai jamais lu Estelle Faye, j’avais noté ce livre dans ma wish-list de la rentrée, je vais peut être me laisser tenter.
Ça se lit très vite, ce n’est pas bien long, pourquoi se priver ? 😉
Le prix du fichier numérique m’a ralenti d’un coup ! 14€ ça me semble un poil excessif pour un roman très court. Il suffit d’attendre une promo et je l’aurais probablement pour la moitié du prix… :-/
Un peu cher en effet. 66% du prix du papier. Mais il finira bien par y avoir une promo oui. 😉
Eh bien tu le vends bien ! Je pense que ce sera mon prochain Estelle Faye !
Bonne lecture alors ! 😉
J’avais beaucoup aimé Porcelaine de l’autrice et l’annonce d’une sortie space-op m’avait enchanté. Je pense que ce devrait être mon prochain Estelle Faye. D’autant plus que le vend très bien 🙂
Merci. 😉
Estelle Faye semble avoir ses lecteurs fidèles, il y a des chances pour que j’en fasse dorénavant partie. 😀
Oui Mary Read ça me dit quelque chose, une femme pirate si ma mémoire est bonne ^^
Rien que pour ça, je dois le lire, de toute façon je l’ai mis dans ma 2° sélection du PLIB
Une femme pirate en effet (j’ai mis le lien wikipédia dans l’article), et pas n’importe laquelle !
C’est à lire en effet ! 😉
J’ai très envie de le lire, ayant déjà apprécié la plume d’Estelle Faye !
Alors celui-ci devrait faire son petit effet. Bonne lecture par avance ! 😉
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