L’appel de Cthulhu, de H.P. Lovecraft, illustré par François Baranger

Posted on 12 mars 2018
Sans doute le récit le plus connu de Lovecraft, « L’appel de Cthulhu » nous arrive sous une version illustrée par François Baranger. L’occasion de le relire une nouvelle fois (après deux précédents), avec un éclairage particulier. Et en espérant que ce texte ne restera pas isolé et que l’illustrateur poursuivra ce qu’il a commencé ici (j’ai ouï dire que c’est bien parti…).

 

Quatrième de couverture :

Boston, 1926. À la suite du décès, dans des circonstances étranges, de son grand-oncle, Francis Thurston découvre dans les documents dont il hérite l’existence d’une secte vouant un culte à une créature innommable, endormie depuis des millions d’années. Sacrifices indicibles pratiqués dans les bayous de Louisiane meurtres mystérieux perpétrés en divers endroits du globe, artistes sombrant dans la démence après des visions nocturnes terrifiantes, renaissance de cultes ancestraux et surtout, une cité cyclopéenne surgissant de l’océan lors d’une tempête… Thurston va comprendre peu à peu que les recherches de son grand-oncle concernant le culte de Cthulhu étaient bien trop proches de la vérité et que, dans l’ombre, des adeptes oeuvrent au réveil de leur dieu païen, prêts à faire déferler la folie et la destruction sur le monde. Les astres sont alignés. La fin est-elle proche ?

Avec cette nouvelle, Lovecraft écrit dans les années 1920 l ’une des plus fameuses histoires de la littérature fantastique américaine. Cthulhu, le Grand Ancien qui rêve et attend au fond des noirs abysses océaniques, deviendra à lui seul le symbole de tout l’univers créé par l’auteur de Providence.

Fasciné depuis toujours par cette oeuvre peuplée de créatures tapies dans les recoins les plus sombres et d’Anciens titanesques dont la seule vue suffit à vous faire sombrer dans la folie, François Baranger, illustrateur reconnu dans le monde pour ses talents de concept artist pour le cinéma et le jeu vidéo, s’est attelé à la tâche « cyclopéenne » de mettre en images les principaux récits de H.P. Lovecraft.

 

Une oeuvre culte illustrée de superbe manière

Faut-il a nouveau revenir sur « L’appel de Cthulhu » ? Sans doute pas. J’en ai déjà parlé deux fois (ici et un peu ). Contentons-nous simplement de dire que c’est un grand texte (ici dans la traduction de Maxime Le Dain, déjà parue dans le recueil « Cthulhu, le mythe, tome 1 »). Le plus connu de Lovecraft, et ce n’est sans doute pas pour rien.

Ce qui nous amène à cet article, ce sont les illustrations de François Baranger. Ce livre est le premier d’une, on l’espère longue, série de textes de Lovecraft illustrés par l’artiste français. Et quand on voit le résultat, on ne peut que s’incliner et admettre que si la suite est du même niveau, ça nous promet quelques volumes de toute beauté.

Et quelques grands volumes, qui plus est. Non pas en épaisseur mais en taille : presque 27x35cm, ça c’est du grand format ! Relié sous jaquette, qui plus est à un prix relativement serré (24.90€, pour certes seulement 64 pages, mais 64 grandes et belles pages), on ne se sent pas floué.

Saluons tout d’abord la maquette, qui nous propose le texte de manière relativement aérée, se plaçant là où il faut, sur fond clair ou foncé en fonction de ce qu’il faut illustrer, en laissant une grande place aux images de Baranger. Et donc, les illustrations. Splendides ! En pleine page, parfois en double page (et vu la taille du livre, je vous laisse imaginer ce qu’ont vécu mes mirettes !), c’est somptueux. Alors bien sûr, on vient pour voir Cthulhu, et Cthulhu est là, indicible, cyclopéen, terrifiant, titanesque. Son apparition en chair et en os (mais est-il fait de chair et d’os ?) en fin de récit est un climax textuel mais aussi illustratif. La mer est déchaînée, verdâtre, sale, le ton des images est froid, tout est fait pour que l’apparition du Grand Ancien marque les esprits. Je pourrais juste faire un petit reproche sur R’lyeh, certes titanesque elle aussi, mais la géométrie « non euclidienne » de la cité, faite d’angles étranges et incompréhensibles était sans doute difficile à mettre en image. Les angles de vue adoptés par François Baranger essaient certes de donner le vertige, mais l’architecture paraît tout de même un peu trop sage.

Menu défaut tout de même par rapport à la splendeur du reste, qui propose des couleurs chaudes dès lors que l’action du récit se situe du côté de l’humanité « saine et normale », puis froides quand on se rapproche de la folie, qu’elle soit interne (l’asile), ou bien réelle (les policiers dans le bayou). Seule exception notable : la cérémonie sacrificielle, complètement folle, illuminée par des flammes chaudes, forcément. Signalons également un bel exemple de mise en page appliquée au récit, avec cet article de journal illustrant joliment l’enchâssement des récits dans ce texte.

Magnifique écrin donc (à condition de ne pas être insensible à l’illustration numérique), pour un texte qui le mérite bien. J’en redemande. Ça tombe bien, François Baranger est en train de relire « Les montagnes hallucinées »… En attendant, place à quelques images, prises « à la sauvette » durant ma pause du midi dans un bureau mal éclairé, les couleurs ont donc un rendu un peu différent du vrai livre. Mais ça donne déjà une idée de la chose.

 

Lire aussi les avis de Xapur, Nebal, Gromovar, Célindanaé, Alicia, Panzerodin.

 

    

    

  

 

  
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