Des Milliards de Tapis de Cheveux, de Andreas Eschbach

Encore un classique. Dans la série des livres que tout amateur de science-fiction se doit d’avoir lu, voici donc un roman couronné de plusieurs prix, écrit par un auteur allemand qui s’est affirmé comme étant le fer de lance de la SF allemande. Bon, en même temps, des allemands qui écrivent de la SF, il y en a peut être beaucoup, mais traduits en français beaucoup moins… Bref, voyons ce que vaut ce petit livre d’à peine 300 pages.

Quatrième de couverture :

Quelque part aux confins de l’Empire, sur un monde oublié de tous… une petite planète apparemment anodine. Sauf que, depuis des temps immémoriaux, les hommes s’y livrent à une étrange occupation : tisseurs de père en fils, ils fabriquent des tapis de cheveux destinés à orner le Palais des Étoiles de l’Empereur. Pourtant, une étrange rumeur circule. On raconte çà et là que l’Empereur n’est plus. Qu’il serait mort, abattu par des rebelles. Mais dans ce cas, à quoi peuvent donc servir ces tapis ? Et qui est cet homme si étrange qui prétend venir d’une lointaine planète ? Lui aussi affirme que l’Empereur est mort…

 

Une fable cosmique

On commence par être intrigué. Ce roman que l’on dit de science-fiction ressemble plutôt, à la lecture du premier chapitre, à un roman de fantasy. Premier chapitre assez classique : exposition de quelques enjeux, des us et coutumes de ce monde que l’auteur nous propose, à travers un père et son fils qui a soif d’aventures et de connaissance. Et puis paf ! La fin du chapitre nous retourne, et on finit par être curieux de lire la suite.

Et puis on est dérouté. Car chaque chapitre suit un personnage différent. Ce roman se veut presque un recueil de nouvelles. Mais chaque nouvelle est liée aux autres, soit par les personnages, soit par les évènements, etc… On pourrait reprocher à ce procédé de rendre impossible l’implication émotionnelle, l’attachement aux personnages. Ce serait sans compter sur la maîtrise de l’écriture de l’auteur : certaines nouvelles sont touchantes, émouvantes, d’autres tristes, bouleversantes, glaçantes ou bien surprenantes par leur chute ou leurs révélations. Les amateurs de nouvelles (dont je fais partie) seront aux anges. Cela permet par ailleurs de brosser le portrait d’un univers bien plus efficacement qu’en ne suivant qu’un seul personnage. Et par ce procédé, l’auteur parvient à brouiller les pistes. Il tisse (je n’ai pas pu m’en empêcher, désolé !) son intrigue patiemment, le tout est remarquablement cohérent. L’aspect science-fiction se montre enfin. On sent bien que quelque chose se trame, que sous ces tapis de cheveux se cache un secret bien gardé. Et on est captivé.

Arrive enfin la révélation finale. Bien sûr je n’en dirai pas plus à ce sujet, sachez simplement qu’elle est parfaitement dans le ton du livre, terrible d’absurdité, tragique même. L’homme n’en sort pas grandi. Sublime conclusion, couronnée par un dernier chapitre d’une tristesse absolue. Et on finit totalement convaincu.

Ce roman est également une excellente porte d’entrée dans le monde de la science-fiction, accessible à tous. Remarquablement cohérent, riche d’une construction originale, au contenu poétique et tragique, difficile de contester les prix qu’il a reçu. Et difficile d’y rester insensible.

Chronique réalisée dans le cadre du challenge « Summer Star Wars Episode V » de Lhisbei, et du challenge « Les chefs d’œuvre de la SFFF » de Snow.

  
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